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Meetings de mobilisation : le 1er-Mai politique en perte de vitesse

Faizal Jeeroobarkhan, Rajiv Servansingh et Ram Seegobin. Faizal Jeeroobarkhan, Rajiv Servansingh et Ram Seegobin.

Principaux événements politiques de l’année durant des décennies, les meetings du 1er-Mai perdent de leur superbe. Cette année, seule l’alliance gouvernementale ose se lancer dans l’exercice. La guerre des foules du 1er-Mai est chose révolue.

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1er Mai 1950.  La fête du Travail est célébrée pour la première fois par un parti politique. Une foule de 15 000 personnes, rapportent les journaux de l’époque, s’est massée au Champ-de-Mars pour écouter les orateurs du Parti travailliste (Ptr). C’est grâce à une motion présentée par Guy Rozemont,  l’un de ses dirigeants, au Conseil législatif, le 29 avril 1949, que le 1er-Mai sera décrété congé public. À partir de là, cette date restera étroitement associée à la vie politique mauricienne et sera, pendant des décennies, l’événement politique majeur de l’année. Mais voilà, 68 ans plus tard, le 1er-Mai est en nette perte de vitesse. De toutes les grandes formations politiques, seul l’alliance MSM-ML, qui bénéficie de la machinerie gouvernementale, réunit ses partisans pour un meeting.

Comme les précédentes années, le Ptr opte pour des dépôts de gerbes, alors que le MMM reste absent du calendrier des meetings populaires, préférant une assemblée des délégués élargie, tandis que le PMSD tient un congrès annuel en salle.

« Le 1er-Mai était le rendez-vous politique de l’année, mais les grands partis n’arrivent plus à mobiliser leurs troupes sur des thèmes fédérateurs », analyse l’observateur politique Rajiv Servansingh.

La faute aux partis politiques

eux-mêmes qui ont opté pour une politique néolibérale et capitaliste, abandonnant la lutte des classes. « Quand on parle des meetings du 1er-Mai, on parle surtout du Ptr et du MMM qui ont fait de la lutte des classes leur cheval de bataille. Au fil du temps, ces formations se sont embourgeoisées et ont abandonné cette lutte. Quand on mène une politique néolibérale, c’est compliqué de mobiliser les travailleurs », explique Rajiv Servansingh.

Un point de vue que partage Ram Seegobin de Lalit. « Je suppose que les partis politiques en général perdent beaucoup en adhésion. Cette année, il n’y a que le gouvernement qui dispose d’assez de ressources humaines et financières pour continuer. Les autres partis ont compris que cela n’amène plus grand-chose. Il faut aussi comprendre que le gouvernement n’attire pas les gens, mais les amène. »

Bus, biryani, boissons, pique-nique à la mer ou ailleurs, argent sont devenus synonymes d’organisation des meetings. Pour attirer les foules, il faut récompenser. Pour beaucoup, c’est devenu une condition sine qua non.

« Il suffit de voir ce qui s’est passé pour la partielle de décembre au N°18. Il y a eu peu de meetings. Les gens ne se déplacent plus en grand nombre », observe Ram Seegobin.Faizal Jeeroobarkhan, membre de Think Mauritius, souligne que « la perte de confiance des Mauriciens dans les partis politiques explique pourquoi il est devenu difficile d’organiser un grand événement pour le 1er-Mai. Une partie de la population est déçue par les politiciens, elle ne se sent plus à l’aise d’aller afficher ses couleurs ». Pour lui, les Ptr, PMSD, MSM et MMM « ont perdu de leur éclat. Leurs dirigeants préfèrent ne pas prendre le risque d’organiser des meetings décevants ». D’autant plus que tenir un meeting nécessite plusieurs millions de roupies.

« Les die-hards sont de moins en moins nombreux, ajoute Faizal Jeeroobarkhan. « Si un grand parti organise demain un meeting et invite les gens à venir par
eux-mêmes, il risque d’être surpris par le nombre de personnes qui sortiront de chez eux pour entendre ce que les politiciens ont à leur dire », conclut-il. « Et puis les radios, Internet et la télévision permettent de suivre les événements politiques en direct et sans sortir de son nid douillet. »

Le 1er-Mai politique a-t-il fait son temps ? Pour les divers observateurs politiques, la réponse est évidente.

 

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