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Meghna Raghoobar : «Nous avons une population ‘politically illiterate’» 

Discours politiques et promesses pré-électorales : quelle crédibilité ? C’était le thème abordé ce lundi dans l’émission « Au cœur de l’info », animée par Ruth Rajaysur et Patrick Hilbert. 

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La sociologue Meghna Raghoobar met l’accent sur la nécessité d’éduquer la population à la politique. « Nous avons une population qui est ‘politically illiterate’. Elle ne connaît pas l’histoire et les idéologies. Elle ne sait pas voter. Elle ne connaît que voter ‘bloc’ ou pour tel parti. Elle n’a jamais étudié les bagages et les approches des politiciens. La population n’a pas ce discernement », dit-elle. 

Alain Gordon-Gentil, journaliste, écrivain et observateur, préfère parler de programme que de promesses électorales. Il rappelle aussi qu’en politique tout est possible, avec les élections qui peuvent avoir lieu avant ou après la date butoir. 

Pour lui, la population ne doit pas accepter tout ce qu’on lui dit. « Les citoyens doivent devenir intransigeants. Le programme doit être présenté bien avant et cela doit devenir un contrat de confiance entre la population et le parti politique. Il faut par la suite faire le tour des circonscriptions pour en discuter avec les personnes. » 

Il préconise que les programmes soient prêts au moins six mois avant les élections et que les politiciens défendent leurs programmes respectifs. « C’est à nous citoyens d’exiger cela. Nous devons être difficiles avec les hommes politiques. » 

Alors que les élections peuvent être organisées jusqu’à mai 2025, Alain Gordon-Gentil trouve que c’est un « bon signe » que les partis commencent à faire part de leurs programmes. « Les leaders sont moins omniprésents qu’avant. Il y a un phénomène d’usure. Avant, ils n’avaient pas envie d’avoir des remplaçants mais cela devient pressant avec l’âge », poursuit-il. 
Jean-Luc Mootoosamy, journaliste et directeur de Media Expertise, déplore que les programmes électoraux ne soient généralement diffusés que quelques jours avant les élections et qu’ils ne soient « ni chiffrés, ni détaillés ». 

« C’est normal de proposer un programme mais ce que je trouve dommage, c’est que c’est souvent dans des petites réunions que l’on promet des permis et des terrains à X, Y et Z. Ce qui fausse le jeu. Il y a la parole officielle et ce qui se passe derrière le dos », s’indigne-t-il. 

Selon lui, il est important que le gouvernement fasse son bilan en se basant sur son précédent programme, « pour construire dessus en apportant de nouvelles choses ». Jean-Luc Mootoosamy ajoute toutefois que le programme, malheureusement, est accessoire. « C’est l’homme politique qui est le produit. Ce n’est pas le programme. Ils se vendent. Si la personne est vendable, le programme va passer. Si tel n’est pas le cas, le produit ne va pas se vendre. » 

Pour sa part, Yvan Martial, écrivain et ancien rédacteur en chef, souligne que « les politiciens se croient obligés de faire des promesses électorales surtout s’ils ne sont pas au pouvoir ». « On multiplie les promesses pour survivre et ne pas disparaître. Il y a une surenchère entre l’opposition parlementaire et extraparlementaire. L’opposition est tellement divisée. » 

Il pense aussi que le gouvernement ne doit pas attendre la quatrième année de son mandat pour faire des promesses électorales. « Avant de faire un cadeau, il faut connaître les besoins de quelqu’un. Est-ce que les politiciens se préoccupent des problèmes de la population ? On fabrique des chapelets un an avant les élections. Est-ce que cela repose sur une enquête sérieuse de ce que la population a besoin ? », se demande Yvan Martial, qui rappelle que la réalisation des promesses électorales est payée par les contribuables. 

 

 

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