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Métier à découvrir : le cresson n’a aucun secret pour Sanatun

Métier à découvrir : le cresson n'a aucun secret pour Sanatun 

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Qu'on ne vienne pas lui raconter surtout des salades... Car cela fait 30 ans qu'il passe ses journées entières dans ses champs à travailler la terre nourricière. Sanatun Nowbuth est passé maître dans l'art de cultiver le très populaire cresson. Cet habitant de Lallmatie voue non seulement une passion sans bornes pour la culture de cette herbe crucifère, mais il en a fait son gagne-pain quotidien. 

Malgré sa journée chargée et harassante sous le soleil, il ne se prend pas le chou loin de là. D'un calme olympien, Sanatun Nowbuth, marié et père de quatre enfants, contemple avec passion ses plantations de cressons situées sur les hauteurs de Beau-Bois (à ne pas confondre avec le village de Beau-Bois implanté près La Laura dans le district de Moka). Ce père de famille, âgé de plus de 60 ans, a fait de son premier amour son métier de tous les jours. Très jeune, il a appris les bases rudimentaires de la culture du cresson à l’île Maurice. Un talent agricole qu'il dit avoir hérité de ses parents qui lui ont transmis le flambeau il y a déjà plusieurs décennies. 

Un courant d'air frais circule sur les terrains élevés de Beau-Bois entre Flacq et Lallmatie. Nous sommes au cœur de cette nature exubérante et prolifique. Une montagne domine majestueusement la région bordée de champs de canne où le vert prédomine à outrance. Le roucoulement des oiseaux endémiques nous accueille comme un chant de bienvenue. Les effluves des feuilles de menthe inondent à plein nez les alentours des champs de cressons de Sanatun Nowbuth, nichés au pied d'une cascade. C’est un paysage dont la vue panoramique vous transporte dans un petit paradis verdoyant ! 


Ce village, où l’agriculture est reine, respire la tranquillité d’un lieu intimiste. La famille Nowbuth est connue ici pour son savoir-faire dans la culture du cresson. L’entrée à la cressonnière de Sanatun ressemble à une rampe d’accès pour tutoyer le sommet des plantations. Avec ses bottes, il avance d'un pas lent dans son antre magique où poussent ses amis les cressons. Il possède deux cressonnières auxquelles il donne toute son attention de production. Sanatun Nowbuth répète inlassable ces gestes journaliers pour s’assurer que ses herbes crucifères... grossissent et s’épanouissent.

Pourquoi avoir choisi ce métier ? «J'étais plutôt fasciné par la culture de cresson dès mon jeune âge, car c'est un emploi peu ordinaire», explique-t-il. « Le cresson d'eau a besoin d'un milieu humide pour se sentir bien. En fait, il lui faut une eau qui ne stagne pas. Moi, je le fais pousser dans de grands bassins que j'ai construits moi-même sur le bord des cascades à Beau-Bois et Riche-Fond », confie aussi Sanatun Nowbuth. Selon lui, «le cresson pousse mieux dans une eau de source. Une eau qui circule en permanence dans la cressonnière et qui fournit à la plante les nutriments dont elle a besoin pour sa croissance». 

«Au cours de la récolte, les tiges sont étalées sur les plans d’eau. Pour les boutures, il suffit d’enlever la grande partie des feuilles du bouquet de cresson et les piquer directement dans la terre, submergée d’eau à 15 à 20 centimètres de profondeur. Si les boutures sont grandes, il faut les laisser stagner au moyen de pierres», explique le sexagénaire. 


«La culture du cresson nécessite donc très peu d’entretien», indique également Sanatun Nowbuth. «Il faut s'assurer que l’eau ne croupisse pas au pied de la plante. Le sel et d’autres aliments nourrissent le cresson. La plante bénéficie aussi des traitements d’herbicides moins toxiques afin de la protéger des chenilles et des escargots. Les mauvaises herbes sont, elles, débarrassées à l’aide d’un balai», précise-t-il.


La récolte uniquement nocturne commence au bout de quatre semaines de plantation. «Une fois le cresson d’eau prêt, il faut couper les pousses avec un couteau pour ne pas les arracher. En compagnie de mon épouse et d’un proche, en une nuit, on prépare 700 à 1 000 bouquets de cresson, dépendant des demandes des marchands de légumes. On les coupe rapidement avant de préparer le paquet attaché avec du ‘migué’ (une herbe qui aide à attacher le bouquet). Puis on les livre aux marchands de légumes à travers le pays», détaille le passionné de cressons. 

Pour Sanatun Nowbuth, «c'est un travail qui demande beaucoup de temps, de persévérance et de patience. Et les jeunes d’aujourd’hui, ne sont guère intéressés par ce genre de métier», observe-t-il.

Le changement climatique, l’ennemi du cresson
Les pluies, ainsi que le changement climatique, représentent une menace réelle pour le cresson. «Avec des pluies trop abondantes et soutenues, les feuilles de cresson sont complètement abîmées. C'est un des désavantages auxquels on doit faire face et qui génère de grosses pertes en bout de chaîne. C’est pour cela que j'économise les profits provenant de la vente des cressons afin de pouvoir investir à nouveau dans leur culture dès que les cressons sont durement impactés», souligne Sanatun Nowbuth. 
Il ajoute qu’en ce moment, les feuilles du cresson sont parfois victimes des caprices de la météo. « S'il y a une épidémie dans l’air, les feuilles changent subitement de couleur en passant du vert au jaune», s’inquiète Sanatun Nowbuth. Cependant, il est loin de se laisser abattre si cela se produit. Il continuera d’investir encore et encore pour veiller à la bonne croissance de ses cressons. Il se dit prêt à relever tous les défis du ciel et de la terre pour s’assurer que ses herbes se développent au mieux. En fait selon sa devise, les carottes ne seront jamais cuites ! 

Un trésor de bienfaits pour la santé

Le cresson d'eau est une plante vivace qui forme des pousses rampantes au fond de l'eau. Il se mange en salade, en bouillon ou autre soupe. La plante minérale renforce le métabolisme osseux, elle aide par sa consommation à la prévention de l'hypertension grâce au magnésium présent dans ses feuilles. Le cresson protège aussi contre les maladies cardio-vasculaires à travers les acides gras polyinsaturés qu'il renferme ainsi qu’avec sa teneur en substances anti-cancérigènes. Le cresson avec du miel, va nettoyer le sang de ses impuretés. Il contient également de la vitamine C, élément incontournable pour avoir une belle peau et renforcer son système immunitaire.
Le jus frais de cresson contribue grandement à lutter contre les problèmes gastriques.

Rs10 la botte
Rs 10. C’est le prix d’une botte de cresson durant la saison normale. Néanmoins, il peut grimper jusqu’à Rs 15, voire Rs 25, après de fortes pluies. Post-inondations, le risque de pénurie de cresson sur les étals des marchés est possible. Depuis décembre dernier, c’est le cas.

 

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