Metro Express : le méga chantier avance sous les critiques

Metro Express

On n’arrête pas un train en marche. Les détracteurs des travaux du métro devront le comprendre et prendre leur mal en patience. Le chantier est lancé et à certains endroits, l’évolution des travaux laisse sans voix. Pourtant, certains s’élèvent, car leur gagne-pain prend… la poudre d’escampette.

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En face du marché de Rose-Hill, c’est le raffut des pelleteuses, la poussière et les ouvriers qui s’activent pour compléter les travaux au plus vite qui dérange. À la mi-journée, les âmes qui passent se comptent sur les doigts d’une main. Les gens évitent la zone à cause des travaux. Assis à l’ombre, deux ouvriers évoquent discrètement leurs besognes. L’ancien parking du marché abritera des pilotis qui s’enfoncent à plus de 25 mètres sous terre. Ils soutiendront les rails et les wagons.

Les machines s’arrêtent et le bruit cesse. Debout du côté du marché, Nawaz Muslun ne peut cacher sa colère. « Ene client pena », lance-t-il en notre direction. « Les gens ne viennent plus », affirme ce boucher. « C’est très pénible pour les personnes âgées et ceux qui viennent en voiture. Il leur faut trouver un espace pour se garer, marcher plus de 300 mètres et refaire ce parcours avec des sacs pesants, ce qui n’est pas agréable. Zott prefere pa vini zott al lott plas ».

Nous le suivons jusqu’à la section boucherie. Une douzaine de bouchers et deux poissonniers sont à leurs tables, ils se parlent entre eux. Il n’y a que deux clients dans les allées et les bouchers estiment que les ventes ont baissé par 50%. Debout dans un coin, un client affirme avoir écopé d’une contravention en se garant près du marché. « Je n’y peux rien, je suis âgé et je dois parcourir 400 mètres avec mes sacs pour rejoindre ma voiture. »

Dehors, la voix d’une femme en colère attire l’attention. C’est Meghana, une commerçante du marché. Elle vend de la nourriture et avec la poussière, c’est très compliqué pour elle. De plus, elle subit une baisse des ventes. Ravi Nundo, marchand de légumes, la rejoint. « Le problème de parking repousse les clients, mon chiffre d’affaires a chuté. J’ai perdu la moitié de mes clients », souligne-t-il.

Pas de parking

De retour sur le chantier, nous apercevons Sajan Jughroo, chauffeur de taxi depuis plus de 30 ans. Sa base de stationnement est en chantier. La nouvelle base que les autorités lui ont attribuée est éloignée du marché. Il y a des jours où il n’y va que pour dormir, avant de rentrer chez lui bredouille.

« Je dépends des clients qui viennent au marché. Ces derniers ne parcourront jamais 500 mètres avec de gros sacs pour trouver un taxi. Je ne suis pas contre le développement, mais il faudrait que le gouvernement libère une partie du parking. »

Nous reprenons la route vers rue Vandeermech. Les ronds-points de la gare de Rose-Hill ont été rasés pour faire place aux rails. La Promenade Roland Armand commence à abriter les barrages qui cacheront sa défiguration prochaine. Aucun chantier à l’horizon, jusqu’à ce que nous parvenons à un fossé large 20 mètres et aussi profond qu’un bâtiment d’un étage. Il s’agit d’un chantier de grande envergure, avec des pelleteuses et camions géants. Ce fossé bordé par des machines sorties tout droit des films de science-fiction, s’étend de la Résidence Barkly, dans les champs de canne, jusqu’à Richelieu où se trouvera le dépôt des wagons. Une partie du fossé est comblée avec des rochers, explique-t-on. Les rails y seront placés. En aval, le dépôt déjà clôturé abrite des techniciens du constructeur.

En 2019, des wagons passeront sur ce qui sont aujourd’hui des amas de terres, de rochers et de poussière. En attendant, les gens peinent à se retrouver dans ces amas de métaux et de bétons. Le maire des villes sœurs, Ken Fong, reste injoignable pour nous donner des explications sur l’aménagement des espaces parking.

 Un fossé large de 20 m et profond d’un étage.
Les marchands pleurent l’absence de la clientèle.

 

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