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Micheline Virahsawmy: L’engagement à fleur de peau

Quand Micheline Virahsawmy a eu 64 ans, sa fille Meeraj, née de son union avec Raj Virahsawmy, nous a demandé si nous pouvions lui rendre un hommage. Mieux vaut tard que jamais ! Micheline Virahsawmy est une chanteuse militante. Elle a côtoyé Bam Cuttayen, Yvon Macabé, Menwar et les frères Joganah au sein de Soley Ruz. Sa sœur Rosemay Nelson en faisait également partie. Ce groupe avait été fondé pour « apprendre aux gens à avoir une opinion et à la défendre ». Mais qu’est-ce qui a encouragé la jeune demoiselle dans cette voie ? Flashback. Il y a soixante-quatre ans naissait Micheline Lacariatre à Résidences Malherbes. Elle est l’avant-dernière des six enfants d’élise et Laomé (trois garçons et trois filles). Cinq d’entre eux ont eu une carrière musicale. Seule Chantal n’a pas choisi cette voie. Micheline garde de bons souvenirs de son enfance, même si elle a perdu son père Laomé à l’âge de 12 ans. Pour nourrir la famille, sa mère Élise a travaillé comme bonne chez des familles bourgeoises à Curepipe. Micheline a fréquenté l’école des sœurs à Curepipe, avant de poursuivre ses études secondaires au collège National. Pendant le week-end et les vacances scolaires, la jeune Micheline accompagnait souvent sa maman au travail pour lui donner un coup de main. « Bien qu’elle devait s’occuper seule de six enfants, ma mère était une femme forte et débrouillarde. Elle n’a pas fui ses responsabilités. Nous avons grandi dans une bonne harmonie. Nous avions aussi beaucoup de proches et d’amis autour de nous. Plusieurs proches habitaient d’ailleurs dans la même cour. Je peux sans hésiter dire que j’ai eu une enfance heureuse », raconte-t-elle. Sa mère est décédée en 1990.

Premiers pas

Micheline fait très jeune ses premiers pas dans la chanson. Cela après une rencontre avec Coulouce, l’auteur des morceaux comme Gobelet, Beau-père et Angela. Il habitait Malherbes lui aussi. Encouragée par celui-ci, elle a commencé à chanter avec deux de ses frères qui évoluaient au sein du groupe Features of Life. Le groupe, qui comprenait aussi sa sœur Rosemay et le mari de celle-ci, se produisait souvent à l’hôtel de ville de Curepipe. Était-ce évident pour une jeune femme d’aller chanter le soir en cabaret dans des boîtes de nuit et de rentrer à la maison vers 2 heures du matin ? « D’abord, à cette époque, les gens n’étaient pas méchants comme aujourd’hui. Je ne me sentais pas en danger. J’étais toujours entourée de mes amis musiciens, qui agissaient comme une haie protectrice », explique Micheline.

Chanteuse engagée

Micheline cofonde Soley Ruz au milieu des années 70. Au départ, elle chantait des textes écrits par Dev Virahsawmy. Elle raconte que, quand elle s’est mise à l’écriture, les gens ont pensé que c’était des compositions de Dev. Sa satisfaction, c’était qu’elle aussi pouvait écrire des textes forts. Le mouvement des chanteurs engagés devait voir le jour au début des années 70, les années de braise, dans une île Maurice qui venait d’accéder à l’Indépendance, mais qui connaissait un véritable tourbillon à cause de graves problèmes sociaux (chômage, pauvreté, communalisme, répression). Les chanteurs engagés militaient pour la justice, se faisaient la voix des sans voix, celle des gens pauvres. Ils se produisaient lors des sorties à la plage ou sous la varangue d’une boutique.

L’après-82

L’alliance MMM-PSM accéda au pouvoir en 1982, en balayant son adversaire principal, le PTr. Les chanteurs engagés avaient-ils encore des choses à dire ? « Oui, répond Micheline. Car les chanteurs ne s’intéressaient pas à la politique uniquement. Nous nous intéressions aussi au social (le non-respect de la femme, par exemple). Nous devions continuer à dénoncer les travers qui accablaient la société. L’avènement au pouvoir du MMM-PSM n’a pas grandement changé les choses. La chanson engagée, ce fut une époque. Puis, la société a commencé à changer. » Soley Ruz s’est désagrégé après le départ de plusieurs membres et Micheline a poursuivi une carrière en solo. C’était à la fin des années 80. Elle se produisait souvent à Mauritius By Night. Ses titres phares étaient Linn ne dan la ri (elle dit que c’est le morceau qui l’a le plus marquée) et Garson premie lo. Ce dernier titre était un cri de révolte pour Micheline. Les garçons et les filles naissent égaux, les parents ou les grands-parents ne devraient pas faire de préférence.

Trois albums marquants

Micheline Virahsawmy a enregistré trois albums après l’étape Soley Ruz : Zoue, Ti vilaz (2002) et Noun ne dan zil (2004). « Je suis satisfaite de ma carrière en général. Le public me réservait toujours un bon accueil », dit-elle d’une voix douce. Micheline était très proche de Rosemay, « la fleur malchanceuse, partie trop tôt » (en 1990), sans avoir pu enregistrer d’album. Pour lui rendre hommage, elle a repris dans ses albums quelques morceaux écrits par sa sœur, dont le grand classique La rivière Tanier, sorti en 1975.

The Prophecy et Zulu

Quelle comparaison fait-elle entre la scène musicale d’aujourd’hui et son époque ? « Il y a une grande différence. D’abord, il y a beaucoup plus de possibilités. Cependant, il y a des auteurs-compositeurs qui tombent dans la facilité. Moi, je suis pour des textes profonds, accompagnés d’une bonne musique, qui feront plaisir au public, tout en le poussant à la réflexion », répond-elle. En tant qu’artiste, elle écoute la radio tous les jours pour suivre l’actualité musicale. Parmi les artistes de la présente génération qu’elle apprécie, Micheline cite The Prophecy et Zulu.

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