Faits Divers

Mort d’Arvind Hurreechurn en cellule : le policier dit ne pas connaître le cerveau

Le constable Arvind Hureechurn a connu un triste sort en se donnant la mort au centre de détention de Moka, après avoir été arrêté par la brigade des stups avec deux kilos d’héroïne, d’une valeur marchande de Rs 30 millions, à sa descente d’avion à l’aéroport de Plaisance.

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Cet agent de police, qui exerçait au poste de Piton, avait maintenu toutefois qu’il ne connaissait pas l’identité du cerveau présumé. Le constable Hurreechurn avait précisé que c’était son ami Shashikant Jayepall, alias Black, qui effectuait les liaisons avec le parrain. D’ailleurs, lors d’un exercice de parade d’identification, Arvind Hurreechurn avait positivement identifié Black comme celui qui l’avait introduit au sein du réseau.

« J’ai transporté de la drogue en trois occasions auparavant. » Peu avant sa mort, le constable Arvind Hurreechurn, présumé passeur de drogue, avait expliqué aux limiers de l’Anti-Drug and Anti-Smuggling Unit (Adsu) ses agissements au sein de ce trafic sur l’axe Madagascar-Maurice.

Mais la question est maintenant de savoir si les « confessions » de l’agent de l’ordre auraient suffi pour remonter jusqu’au cerveau ? Malheureusement, le défunt est parti avec ses secrets.

À ses premières dénonciations, Arvind Hurreechurn révèle qu’en trois occasions, il a mis le cap sur Dubayy pour récupérer de la drogue. Au cours de chaque mission, il devrait empocher un cachet de Rs 400 000. Mais ce deal n’avait pas été respecté à chaque reprise. Si une fois, il a obtenu Rs 400 000, le présumé dealer, aurait par la suite reçu Rs 200 000 car un des protagonistes du réseau aurait, selon lui « marday mwa. »

Si le constable Arvind Hurreechurn a pu traverser, par le passé, les comptoirs de l’immigration sans encombre avec dans ses valises de l’héroïne, une question persiste : à qui remettait-il de la drogue une fois à Maurice ? Sa réponse allait surprendre les enquêteurs. « Monn zet sa dan le nor. » Sommé de s’expliquer, le policier raconte qu’en trois occasions, il s’est débarrassé des substances illicites en plusieurs endroits après avoir reçu des instructions.

Un fantôme

À ce stade de l’enquête, il nous revient que les enquêteurs sont en présence d’un numéro de téléphone qui serait celui du cerveau présumé de ce trafic de drogue sur l’axe Madagascar-Maurice. Après la disparition brutale d’Arvind Hurreechurn, habitant Temple Road, à Rivière-du-Rempart, les enquêteurs de la brigade des stups interrogent deux autres présumés trafiquants interpellés dans cette sombre affaire. Il s’agit du policier Gary Bruno Gopaul, qui était affecté au poste de Pamplemousses et de Shashikant Jayepall, alias Black. Inculpé de trafic d’héroïne, ils sont toujours en détention policière.

Quelle suite donnée à l’enquête ?

La mort d’Arvind Hurreechurn soulève une question. Quelle suite donnée à l’enquête ? D’autant plus que c’est le policier défunt qui a incriminé les deux autres suspects, nommément les constables Gary Bruno Gopaul et Shashikant Jayepall. Du côté de l’Adsu, l’enquête se poursuit. L’avocat Samad Golamaully, qui avait défendu le star witness Ashish Dayal dans l’affaire Gro Derek, est d’avis que l’enquête risque d’être compromise à la suite de la mort d’Arvind Hurreechurn.

« Seule une dying declaration est prise en considération en cas du décès d’un témoin. Au cas contraire, un témoin doit être en mesure de déposer à la cour, tout en participant à un exercice de cross-examination (contre-interrogatoire) de la part des avocats de la partie adverse. Mais quand un témoin rend l’âme, sa déposition risque de ne pas être tenue en ligne de compte. Mais même après le décès d’un témoin, la police doit poursuivre son enquête, afin de recueillir des preuves contre les autres suspects », fait comprendre Me Samad Golamaully.

La mort au tournant

Personne ne pouvait présager la tournure qu’a prise cette affaire de drogue. C’est le mardi 25 octobre que le sort s’abat sur le constable Arvind Hurreechurn, 30 ans, affecté au poste de Piton. En provenance de Madagascar après trois jours de vacances, il est loin de se douter qu’à son arrivée à Maurice, l’Adsu l’attendait de pied ferme à l’aéroport. Les limiers ont eu un tuyau que leur collègue pourrait transporter de la drogue. La fouille s’avère positive. Deux kilos d’héroïne d’une valeur marchande de Rs 35 millions sont saisis dans le double fond de sa valise. C’est le début de ses malheurs. Au cours de son interrogatoire, Arvind Hurreechurn incrimine les autres membres du réseau. Placé au Moka Detention Centre, il est retrouvé pendu à un robinet dans la salle de bains de la cellule numéro 14 dans la nuit du samedi 29 au dimanche 30 octobre. C’est avec une serviette qu’il avait commis l’irréparable.

Après la découverte du cadavre d’Arvind Hurreechurn, le CCID et la MCIT ont ouvert une enquête. Les images de vidéo surveillance ont été passées à la loupe. Mais celles de la cellule numéro 14, où le présumé passeur de drogue était détenu, n’ont pas été d’un grand secours aux enquêteurs, elles sont de mauvaise qualité. Toutefois, la caméra de surveillance placée dans un couloir n’a indiqué la présence d’aucune tierce personne, les heures précédent le drame. Quatre policiers de service affirment que lors de la ronde d’inspection avant la découverte du cadavre d’Arvind Hurreechurn, celui-ci se portait bien. Du côté des détenus, si l’un d’eux soutient que le policier avait l’air désespéré, d’autres soutiennent avoir entendu qu’il fredonnait quelques chansons bollywoodiennes. Nous apprenons que les Casernes centrales ont déjà transmis le dossier au bureau du Directeur des poursuites publiques, afin de décider de la voie à suivre. 

Bhagwantee Hurreechurn : «Mo pa ti kone li dan trafic la drog»

Assise à même le sol, drapée d’un sari, c’est le vide autour de Bhagwantee Hurreechurn. En compagnie d’un neveu, elle se mure dans un silence tombal. Pour cette mère de famille de 63 ans, son fils ne s’était pas donné la mort par pendaison. Ce serait un meurtre maquillé en suicide. « Mo leker pe dir mwa li panm mett pandi, zot inn touy li. » Bhagwantee Hurreechurn laisse parler son cœur, car « mo zanfan sa, mo kone li pliss ki zot tou. » Bhagwantee Hurreechurn concède ne pas connaître les activités de son fils. « Kouma mo pou konn sa », s’interroge-t-elle ? Tout ce qu’elle dit savoir : « Kamarad inn gat li, kan li finn gayn loan pou aranz lakaz kamarad ti fer mouss avek li. » Depuis, le comportement de son fils a changé. « Mo ti tande li ti pe fim gandia. Me mo pa ti kone li dan trafic la drog. » D’ailleurs, Bhagwantee Hurreechurn dit avoir déjà rappelé à l’ordre les amis de son fils. Mais malgré tout, elle garde une image positive de son fils. « Li ti enn extra bon fanfan », lâche-t-elle d’une voix empreinte de tristesse. « Zot finn fini touy mo zanfan. Nou ti ape al ansam partout. Aster-la li pa pou retourne. »  Bhagwantee Hurreechurn souhaite que le cerveau de ce réseau de drogue soit identifié. « Zordi li mo zanfan, dimin li kapav enn lot. Bizin kone kisanla ki latet. »

Mario Nobin : «Il ne faut pas porter attention aux palabres»

Pour le commissaire de police, Mario Nobin, “ la police n’a rien à avoir avec la mort d’Arvind Hurreechurn. Il faut pas porter attention aux palabres. Le dossier a déjà été envoyé au bureau du Directeur des poursuites publiques”. En ce qui concerne la surveillance dans les centres de détentions, le patron de la police soutient que tout va bien. “ Il n’y a rien à remettre en question. Nous ne pouvons savoir ce qu’il y a dans la tête d’une personne.”

 

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