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Natasha : «Linn bat mwa, mord mwa ek tir enn bout laser» 

Les traces de blessures causées à Natasha par son conjoint, le 4 janvier.

Admise du 4 au 12 janvier à l’hôpital Jeetoo à la suite des coups infligés par le père de ses enfants, une trentenaire se retrouve face à une accusation provisoire de violence domestique envers son compagnon de 42 ans. 

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Âgée de 37 ans, Natasha (prénom d’emprunt) est la mère de deux enfants de 20 et 18 ans. Elle a passé 15 ans de sa vie à suivre des traitements à l’hôpital Brown Séquard à cause de la violence qu’elle subissait entre les mains de son conjoint, Kersley J. Elle revient sur la journée du mercredi 4 janvier, où elle a failli être ébouillantée et perdre la vie.

« Depuis le 31 décembre 2022, Kersley me menaçait. Li ti pe dir li pou defigir mwa ek touy mwa. Li dir mo bann zanfan ki zot mama pa pou kapav get li dan laglas », raconte la jeune femme. Mercredi, Natasha a quitté la maison vers 10 heures pour régler ses factures. « Avan mo ale mem li ti fini koumans bwar », dit-elle. 

Vers 14 heures, lorsque Natasha est rentrée, Kersley était complètement ivre. Il avait la tête baissée sur la table. « Mon fils est alors venu me dire, ‘ma, papa pe bwar depi gramatin, li pe extra fatig dimoun’. Je n’ai rien répondu et j’ai allumé le ventilateur. Étonnamment, il s’est réveillé et a commencé à m’injurier. Il s’est dirigé vers moi et m’a lancé plusieurs coups de poing au visage jusqu’à ce que j’aie le nez cassé. Je me suis effondrée au sol. Lorsque mon fils est venu à ma rescousse, so papa inn trangle li alor ki li kone zanfan-la epileptik. Fode zanfan la dir ‘pa mo pe mank ler’, lerla linn larg li », affirme Natasha.

« Il avait mis de l’eau à bouillir pour m’ébouillanter »

Bien que son conjoint ait libéré son fils, son cauchemar était loin d’être terminé. « Linn fransi lor mwa, linn bat mwa, mord mwa ek tir enn bout laser dan mo lebra », poursuit-elle. Alors que Natasha criait de douleur, son fils l’a secourue. « Mon fils m’a enfermée dans une chambre et a cherché du secours auprès de la police et d’un ami de la famille. Quant à Kersley, il s’est dirigé dans la cuisine et a mis de l’eau à bouillir afin de m’ébouillanter », relate la femme, toujours sous le choc. C’est l’ami de famille qui est arrivé en premier. « So misie inn zet delo bwi lor li ek inn bat li. Li ti pe kriye ‘zordi mo touy li zordi’. »

« Kan monn admet lopital, linn al met depozision ek dir monn bat li »

Le même jour, la trentenaire a été conduite à l’hôpital Dr A. G. Jeetoo, où elle a été admise à la suite de ses multiples blessures. Ce n’est qu’après neuf jours, soit le jeudi 12 janvier, qu’elle a été autorisée à rentrer chez elle. Dès son retour chez sa mère, à Cassis, Natasha a été priée de se présenter devant la cour de Bambous, le vendredi 13 janvier, à 14 heures, sous une accusation provisoire de violence domestique. 

« Kan monn admet lopital, linn al met depozision ek dir monn bat li. So lame ti koupe kan linn kraz vit. Linn al dir lapolis mwa kinn bat li. » La trentenaire dit ne pas comprendre comment fonctionne la loi. 

« Mo enn viktim, me mo finn bizin pey enn kosion Rs 4 500 komkwa mo finn bat mo misie. Be pena oken lalwa pou fam. Mo finn pas devan mazistra avek enn ble lor mo lizie », proteste Natacha, découragée par la situation.

Dès le lendemain, la jeune femme a fait une plainte pour violence domestique contre son compagnon au poste de police de Pointe-aux-Sables. Une enquête est en cours.

C’est à l’âge de 14 ans que Natasha a fait la connaissance du père de ses enfants, qui sera aussi son bourreau. Kersley J., actuellement âgé de 42 ans, avait 19 ans à l’époque. Alors que les deux jeunes se fréquentaient régulièrement, la violence au sein de leur couple était fréquente. 
« Li ti pe bat mwa boukou ek bien souvan ziska ki mo tomb dan enn depresion », soupire Natasha, avec un pincement au cœur.

« Kan mo finn akouse, mo ti perdi latet ek monn koumans swiv tretman mantal »

Avec une voix remplie de tristesse, la jeune femme raconte son vécu. Après être tombée enceinte accidentellement, c’est à l’âge de 17 ans qu’elle met au monde son premier enfant, une fille. « mo finn tomb dan enn gro depresion. Kan mo finn akouse, mo ti perdi latet ek mo ti koumans swiv tretman mantal », lâche-t-elle. Et de poursuivre : « c’est ma mère et mes sœurs qui se sont occupées de moi. J’avais pris un coup dur, car j’étais tombée enceinte trop jeune et j’étais victime de violences de la part de mon conjoint. » Depuis, Natasha vivait chez sa mère.

« Zot ti pe dir mwa pa bon papa enn kote ek mama enn kote, zanfan pou perdi »

À l’âge de 19 ans, alors qu’elle suivait toujours des traitements à l’hôpital Brown Séquard, le père de sa fille refait son apparition dans sa vie. « Kersley et sa famille sont venus demander ma main. Ils ont réussi à me convaincre. Zot ti pe dir mwa linn sanze ek li pa pou bate. Zot ti pe dir mwa pa bon papa enn kote ek mama enn kote, zanfan pou perdi. Je les ai crus. Mais ma mère s’était opposée au mariage, car elle n’avait pas confiance en Kersley », poursuit Natasha. 

Cependant, à peine cinq mois après avoir emménagé avec Kersley, « monn rekoumans gagn bate ek mo al apran monn retomb ansint, e mo mama revinn sers mwa ». Quelque temps après, Natasha accouche d’un garçon. Et une fois de plus, c’est sa mère et ses sœurs qui s’occupent d’elle et de ses enfants, car « mo ti ankor pe swiv tretman mantal e mo ti regagn depresion ankor ».

C’est lorsque sa fille a atteint l’âge de 15 ans que son médecin lui a annoncé qu’elle était enfin guérie et qu’elle pourrait prendre un emploi. « J’étais contente et je me sentais bien. J’ai commencé à travailler comme agent d’entretien chez plusieurs personnes », indique-t-elle. 

Deux ans après, soit en 2018, Natasha confie qu’elle s’est laissé avoir une fois de plus par les promesses du père de ses enfants. « Il m’a convaincue qu’il avait changé et nous avons emménagé dans une maison en location. » Mais au fil du temps, la trentenaire s’aperçoit que l’attitude de celui-ci n’a guère changé. 

« C’était toujours un homme violent. Il buvait beaucoup et devenait agressif. Je ne pouvais pas refaire marche arrière, car j’avais été avertie par bann gran dimoun pou pa retourne, me mo pann finn ekoute. »

 

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