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Naufrage du remorqueur sir Gaëtan : les 7 zones d’ombre au tableau

Quatre rescapés, trois morts et un disparu. Le bilan est affligeant pour le naufrage du remorqueur Sir Gaëtan, appartenant à la Mauritius Ports Authority (MPA), à Roches-Noires. Le drame s'est joué sur le chemin du retour après avoir récupéré une barge à Pointe d’Esny sur le lieu du naufrage du Wakashio. Deux enquêtes ont été initiées. L’une sur base criminelle par la police et l'autre sur une base administrative qui sera lancée par la MPA. La lumière devra être faite sur pas moins de 7 zones d’ombre.

Les enquêteurs – que ce soit du CCID ou du comité présidé par un magistrat – auront du pain sur la planche. Selon nos recoupements auprès de l’administration et des employés de la Mauritius Ports Authority (MPA) et des professionnels de la marine, des zones d’ombre subsistent autour du naufrage et de certaines déclarations faites jusqu’ici.

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1.Urgence

Les proches des victimes souhaitent que les enquêteurs établissent s’il y avait bien « urgence » pour remorquer une barge appartenant à une compagnie privée, ce mardi 1er septembre. « Si oui, il faut savoir si les raisons sont justifiées, car cette barge est à Pointe d’Esny depuis un mois. Est-ce que son propriétaire en avait cruellement besoin ? Au cas contraire, qu’est-ce qui a motivé cette opération périlleuse ? » se demandent quelques-uns d’entre eux. La majorité de nos interlocuteurs estiment que les capitaines Barbeau et Newoor doivent être cuisinés par les enquêteurs pour qu’ils expliquent les raisons qui ont motivé cette opération malgré des conditions météorologiques difficiles.

2. Météo

Aux dires des employés contactés par Le Défi Plus, les conditions climatiques représentent l’élément le plus important dans la prise de la décision de faire sortir les remorqueurs en haute mer. Et cela pour deux raisons évidentes. « D’une part, l’état de nos remorqueurs et, de l’autre, notre personnel a plus d’expérience en eau calme, car ils évoluent plus dans la rade», font-ils ressortir. Vu que c’était connu que la mer était démontée, ils veulent savoir pourquoi cet élément n'a-t-il pas été pris en considération. « À qui a-t-on voulu plaire pour risquer la vie de six personnes ? Y a-t-il eu des pressions sur les capitaines pour exécuter cette opération malgré une météo défavorable ? » s’interrogent-ils.

3. État de marche

Tous nos interlocuteurs s’accordent à évoquer l’état de marche du remorqueur Sir Gaëtan et souhaitent que les enquêteurs s’y attardent. « La conclusion de ces enquêtes doit pouvoir nous éclairer sur ce point important. Est-ce qu’il était en état pour entreprendre une mission dans une mer houleuse ? Pourquoi l’avoir choisi et pas un autre remorqueur, surtout le Sir Edouard qui opère à plein régime ? C’est un mystère ? » évoquent certains d’entre eux.

4. Refus de prendre le large

Les enquêteurs vont devoir, selon nos interlocuteurs, établir si l’équipage du Sir Gaëtan avait refusé d’entreprendre cette mission. « Cet élément doit être la pierre angulaire de l’enquête car il y a eu mort d’homme. Les enquêteurs doivent analyser les raisons avancées pour ce refus et celles pour le rejeter », disent-ils. Certains avancent que la situation est très grave surtout si l'équipage avait formulé des réserves. « Aucun élément ne doit être écarté », lancent-ils. Des employés souhaitent savoir si « des gros mots » auraient été utilisés au moment du refus.

5. Contradiction

Des propos tenus par le président du conseil d’administration de la MPA, Ramalingum Maistry, dans une interview accordée au Défi Quotidien, mercredi, sont considérés comme contradictoires et méritent d’être disséqués. « D’un côté, il affirme que le remorqueur Sir Gaëtan qui ne fonctionne qu’à 50 % de sa capacité ne peut effectuer des travaux intensifs dans le port. De l’autre, il dit qu’il est en parfait état de marche. Which is which ? Plus inquiétant, il considère que l’opération à Pointe d’Esny était un « travail léger. » Les enquêteurs doivent le sommer d’expliquer comment un remorqueur, qui ne peut effectuer des travaux intensifs en eaux calmes, est envoyé en haute mer contre des vagues de 5 mètres. Cela semble ridicule ! » s’indignent des employés.

6. Niveau de la maintenance

Des professionnels de la marine estime que les enquêteurs doivent approfondir leur investigations également sur la maintenance des remorqueurs. « Nous apprenons que la maintenance est certifiée par un organisme. C’est bien. Mais il faut savoir quel est le degré de maintenance. Ne serait-ce que pour opérer dans le port ou aussi pour sortir en haute mer dans des conditions climatiques défavorables ? Ce sera un scandale si la certification ne tient que pour la rade de Port-Louis et que le Sir Gaëtan a été appelé à entreprendre cette mission dangereuse », considèrent-ils.

7. Renouvellement de la flotte

C’est un sujet qui revient sans cesse dans les conversations autour du naufrage du Sir Gaëtan. Plus d’un se demande comment la MPA, qui a annoncé des projets à coup de milliards de roupies, n’a-t-elle pas accordé priorité au renouvellement de sa flotte. « C’est une situation inquiétante, car seul un remorqueur fonctionne à plein régime. Un est en panne et les deux autres opèrent à 50 % de leur capacité. Vu qu’il y a eu mort d’homme, le conseil d’administration doit venir expliquer pourquoi la flotte n’a-t-elle pas été renouvelée à temps. Maintenant que le Sir Gaëtan est également hors-circuit, cela posera un gros problème dans le port », soutiennent-ils. 
 

 

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