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VIH/sida : les antirétroviraux pas disponibles dans le privé

VIH/sida Les malades ont le droit de se faire soigner en toute discrétion.

Est-ce que les traitements antirétroviraux doivent être également disponibles dans le service privé ? Les avis sont partagés sur la question. Si, pour certains, cela encouragera les personnes vivant avec le VIH à se faire soigner, pour d’autres, le contrôle risque d’être difficile.

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Sur les quelque 6 000 personnes séropositives à Maurice, seulement la moitié suit des traitements antirétroviraux afin de se maintenir en vie et en « bonne » santé. Les autres préfèrent mourir cachés et en silence en raison de la stigmatisation et de la discrimination envers les personnes vivant avec le VIH sida. Tel est le constat des travailleurs sociaux œuvrant à leurs côtés.

Quelques jours après la Journée mondiale de lutte contre le sida, qui, cette année, avait pour thème Ma santé, mes droits, nous avons posé la question d’accessibilité aux soins pour les personnes vivant avec le VIH/sida. Jusqu’à présent, les traitements antirétroviraux sont disponibles uniquement dans le service public. Cette situation semble être un obstacle pour ceux qui souhaitent être soignés avec une plus grande discrétion et bénéficier du confort d’une clinique privée.

« La non-disponibilité de soins dans le service privé est une problématique pour un grand nombre de nos compatriotes », explique Nicolas Ritter, directeur exécutif de l’Organisation non gouvernementale (ONG) Pils. Pour lui, quand on parle de droits à la santé, il faut aussi penser à cette frange de la population qui préfère payer pour avoir des soins leur offrant une discrétion et qui sont de bonne qualité, comme ceux proposés par les cliniques privées. Selon lui, la santé mauricienne est forte à cause de son système de santé gratuit, mais également parce qu’il y a, en parallèle, un système privé de santé tout aussi efficace. « C’est la complémentarité des deux qui fait l’unicité de notre pays et l’accès à la santé », dit-il.

Si le ministre de la Santé Anwar Husnoo a un avis partagé sur le sujet, le médecin en charge de l’Unité VIH/sida du ministère de tutelle est tout à fait d’accord avec cette perspective, si cela peut encourager les PVVIH à se faire soigner. Cependant, il doit avoir des balises bien établies souligne-t-il, notamment en ce qu’il s’agit de la vente ou non du médicament. « Nous pouvons essayer de trouver une formule pour déterminer s’ils doivent payer leurs traitements antirétroviraux au cas où le service est disponible dans le privé », explique-t-il.

Pour le ministre Husnoo, le problème se situe plutôt au niveau du contrôle du nombre de cas. « Si c’est disponible dans le privé, le problème suivant risque de surgir : qu’on ne soit pas au courant du nombre de patients qui sont affectés par le VIH/sida », fait-il ressortir. Il ajoute également qu’il est conscient qu’à cause de la stigmatisation, certains patients seraient plus enclins à se faire soigner dans le service privé, et ce afin de mieux protéger leur identité. D’un autre côté, il est d’avis que le ministère ne peut prêter le flanc à d’autres problèmes à l’avenir.

Le représentant de l’Organisation mondiale de la santé à Maurice, le Dr Laurent Musango, semble être du même avis. « Nous ne voyons pas pourquoi le traitement devrait aussi être mis à la disposition des patients dans le service privé, surtout que le contrôle et la qualité du traitement peuvent parfois être difficiles s’il n’y a pas un suivi régulier », soutient-il. Mais, d’autre part, il reconnaît le droit aux personnes d’avoir accès aux soins dans l’établissement de santé de leur choix.

« Quand le service public offre le service gratuitement, les gens ont le droit d’aller dans ce service. Toutefois, s’ils veulent aller ailleurs, c’est leur droit le plus absolu » dit-il. Le Dr Musango souligne, cependant, que si le gouvernement envisage l’extension des traitements, il faut d’abord s’assurer de la qualité de contrôle qui sera exercé sur le service privé.

Le président de l’Association des cliniques privées, le Dr Dawood Oaris n’est pas réticent envers l’éventuelle introduction des traitements antirétroviraux dans les cliniques privées. Bien que le sujet n’ait pas été soulevé parmi les membres, il explique que c’est envisageable en cas d’une demande dans ce sens. « Cela offrira alors le choix aux personnes d’aller soit vers le service public ou vers le privé », conclut-il.

 

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