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Opérations policières périlleuses : un combat à mains nues

Une opération de l'Adsu à Roche Bois.

Le décès tragique de la Woman Police Constable (WPC), Dimple Raghoo, survenu mardi, remet en question les conditions dans lesquelles opèrent les policiers, en particulier lorsqu’ils sont confrontés à des situations périlleuses. Certains officiers en fonction et à la retraite, issus de diverses unités de la police, ont été sollicités. Ils ont été unanimes à déplorer « l’absence d’équipements » et « un manque de leadership » au sein de la force policière. 

La force policière est, selon des renseignements, « au plus mal ». La disparition de la policière Dimple Raghoo plonge les policiers dans une profonde consternation, à tel point que ces derniers dénoncent ce qui, selon eux, prévaut au sein de la force policière depuis des années. Le danger, disent-ils, est constamment présent au sein de la profession mais « rien » n’aurait été implémenté afin de sécuriser leur vie, tout en donnant de l’espoir à ceux qui sont appelés à mener des opérations sur le terrain. Des éléments de la force policière régulière, qui ont été rencontrés, ne mâchent pas leurs mots par rapport à ce qu’ils sont en train d’endurer au sein de la profession.

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Absence d’effectifs

L’absence d’effectifs au sein de certaines unités, surtout au sein de la brigade anti-drogue, est une fois de plus remise en question. « Une brigade anti-drogue d’une région des Plaines-Wilhems comprend entre 50 et 60 unités pour la division d’Ébène jusqu’au Morne, dans l’Ouest du pays. Comment, selon vous, le combat contre la drogue peut se faire avec un personnel aussi réduit ? Ne croyez-vous pas que la situation sera difficile pour les policiers de cette équipe une fois sur le terrain ? », se demandent nos sources. Nous sommes, ajoutent nos interlocuteurs, contre le démantèlement de l’Anti robbery squad. Ces éléments de la police, qui opéraient en mode 24/7 à travers le pays, nous refilaient un grand coup de main lors des opérations.

Manque d’équipements et de formation

Le manque d’équipements, selon des officiers basés dans une autre unité de la police, reste à travers la gorge d’un bon nombre de policiers qui sont appelés à mener des opérations. « Parfois, nous nous retrouvons à 50 policiers dans un véhicule doté de 10 ‘armoured vests’ », lâche un sergent de police. Notre interlocuteur précise que le manque d’équipements serait courant dans « toutes les unités de la force policière ». « Nous avons l’impression que tout le monde est hostile envers les policiers. Et nous ne savons pas pourquoi ! Mais, nous avons remarqué que les policiers de la force régulière sont les plus à risques car ces derniers patrouillent seuls et, bien souvent, sans équipements appropriés. Un policier formé en combat à mains nues dépourvu d’équipements, tels qu’un ‘tonfa bâton’, entre autres, ne peut rien faire face à un ou deux individus armés de gourdins… », fait comprendre notre source.

Mécanisme remis en question

Le Défi Plus a approché quelques policiers à la retraite et ces derniers n’ont pas été tendres envers la hiérarchie de la force policière. Selon eux, les responsables des opérations «ne comprennent pas les rouages du terrain, comme par exemple l’option de plan B ou C si l’opération tombe à l’eau, et sont très exigeants envers les officiers » lorsque ces derniers sont en mission. Ils remettent en question le mécanisme des opérations. « Une opération commence par la collecte d’informations qui doivent ensuite être vérifiées et contre-vérifiées. Une fois cette étape franchie, le mode de transport (motocyclette, voiture, pick-up) doit être sélectionné et le site de l’opération, ainsi que la gravité du danger, minutieusement analysés. Outre ces aspects cités, le briefing avec le personnel est d’une importance capitale, tout comme le ‘contigency plan’ en cas de problème », fait-on comprendre. Il semblerait, précisent nos sources, que ce ‘checklist’ n’est pas observé avant la tenue des opérations. 

Les sites barricadés

« Or, nous avons remarqué que les opérations deviennent graduellement plus dangereuses et les membres du public se montrent très hostiles », soulignent des officiers basés dans d’autres unités de la police. Ces derniers sont d’avis que « les sites doivent être barricadés davantage et surveillés par des éléments armés afin de réduire le danger à zéro lors des opérations ». « La police est en présence d’informations à l’effet que des ‘martins’ (‘jockeys’) sont en train de surveiller les véhicules sortant des casernes centrales ou encore des postes de police. Ces derniers, qui sont à moto, donnent l’alerte et c’est ainsi que de nombreuses opérations tombent à l’eau. Mais, les sites barricadés ne donnent aucun accès aux hors-la-loi de filer entre les mailles de la police », estime-t-on. 


Un ‘risk allowance’ mensuel de Rs 1 500

Les éléments de la brigade anti-drogue perçoivent un ‘risk allowance’ mensuel d’un montant de Rs 1 500 contrairement aux policiers de la force régulière qui touchent une somme de Rs 800 et ceux du VIPSU qui est de Rs 3 500. Les policiers de l’Adsu touchent le même salaire de base que leurs confrères et depuis environ cinq ans ne perçoivent aucune somme d’argent (‘reward to police officers’) sur les saisies de drogues effectuées lors des opérations. Cela, une fois que les cas ont été entendus en Cour de justice. Selon des renseignements, seuls les informateurs des policiers perçoivent des récompenses financières. Le montant, qui débute à partir de Rs 300, est calculé en fonction des saisies. 

Le DCP Rashid Beekun, en charge des Police Operations : « Tous les policiers sont exposés à des risques »

Le Deputy Commissionner of Police (DCP) en charge des Police Operations, Rashid Beekun, fait ressortir que toutes les unités de la force policière sont à risque. Il ne faut pas, précise-t-il, catégoriser, car les policiers sont tous des frontliners. « Tous les policiers, qu’ils soient basés au poste de police ou encore sur le terrain, sont exposés à des risques de danger de par leurs fonctions. Lors d’un rassemblement de grande envergure, par exemple, une bagarre peut éclater entre des individus et c’est en voulant ramener l’ordre que des policiers peuvent se faire agresser. Un véhicule peut facilement heurter un policier de la Traffic branch qui se tient au milieu d’un carrefour en régulant la circulation. Des garde-côtes peuvent également trouver la mort lors d’une mission de plongée », estime le DCP Rashid Beekun au Défi Plus.

Ce dernier balaie d’un revers de main les propos formulés par nos sources à l’effet que la force policière serait dépourvue d’équipements. Le haut gradé fait ressortir que la force policière est dotée d’un mécanisme permettant l’achat d’équipements sur une base systématique. « La force policière est dotée de suffisamment d’équipements. Le Groupement d’Intervention de la Police Mauricienne (GIPM) est doté d’armes à feu, casques, gilets pare-balles et autres équipements dernier cri. Toutes les unités de la police, en passant par la Special Supporting Unit (SSU), sont concernées. Il y a un processus de renouvellement d’équipements, que ce soit en quantité ou en qualité, et l’appel d’offres pour l’acquisition de nouveaux véhicules, et autres appareils, est lancé lorsque le besoin se fait sentir », précise le DCP Rashid Beekun. 

Les derniers équipements qui ont été commandés sont des ‘security helmet’ et des ‘tactical gloves’ destinés aux commandos marine dont l’équipe a été baptisée ‘MARCOS’. La commande a été lancée en mai auprès du fournisseur. La force policière est dans l’attente de la livraison.

 

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