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Passage du cyclone Freddy : les planteurs de légumes craignent le pire 

La préparation de la terre après les grosses averses est plus compliquée.

La production de légumes a été frappée de plein fouet par les pluies diluviennes, il y a trois semaines. Comment s’en sortent les planteurs ? Y a-t-il de nouvelles menaces à l’horizon ? Tour d’horizon. 

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Les planteurs se montrent inquiets face au probable passage du cyclone Freddy ou d’autres éventuels cyclones à proximité de Maurice. « Nous nous préparons pour relancer la plantation, mais nous n’avons aucune visibilité sur les conditions climatiques dans les jours à venir », déplore Akil Soobratty, planteur dans la région de Solferino. 

Il explique que les terres ont déjà absorbé beaucoup d’eau pendant les grosses averses fin janvier. « Maintenant, avec l’arrivée d’un cyclone, le risque de dégâts serait plus élevé », fait-il comprendre. Toutefois, il n’a d’autre choix que de prendre le risque de planter. « On ne peut pas abandonner les terres. La culture des légumes est notre gagne-pain », fait-il ressortir. 

Kailash Ramdhary, planteur dans l’est du pays, abonde dans le même sens. « Nous avons appris que le cyclone devrait s’approcher de Maurice d’ici lundi. Et qu’il serait accompagné de beaucoup de pluies. Cela va certainement affecter nos champs, qui sont déjà très délicats », martèle-t-il. 

Il fait valoir qu’après les pluies diluviennes, beaucoup de planteurs ont pris le risque de planter de nouveau. « Toute nouvelle culture implique des investissements énormes. Si le cyclone frappe le pays, ce sera un autre coup de massue pour les planteurs », fait-il comprendre. 

Production affectée jusqu’à 100 % 

Les grosses averses qui ont provoqué des inondations à la fin du mois de janvier ont causé d’énormes dégâts dans les champs. « Mes champs situés à Carreau Laliane et à Solferino ont été envahis par l’eau. J’ai fait une perte de 50 % sur la production d’aubergines et pour les légumes fins tels que la coriandre, la perte est de 100 % », dit Akil Soobratty. Kailash Ramdhary, pour sa part, affirme que sa production a été affectée par plus de 75 %. 

Hormis la culture en plein air, Akil Soobratty fait également de la plantation sous serre. « Je fais la plantation de pommes d’amour sous serre et avec les grosses averses, seulement 5 % de la production a été affectée », fait-il comprendre. C’est le même constat pour d’autres planteurs, qui sont engagés dans la culture hydroponique. 

Les planteurs sont actuellement à pied d’œuvre pour préparer la terre et les semences afin de relancer la plantation. Akil Soobratty explique avoir déjà nettoyé les champs. « Cependant, la préparation de la terre après les grosses averses est plus compliquée. Il y a un fort risque que des maladies fassent surface. Du coup, il faut appliquer un gros volume de fongicide au moins une fois par semaine », fait-il valoir. Il prépare actuellement les semences pour la culture de choux-fleurs. « Nous devrions commencer la plantation d’ici 25 jours. »

Devant la situation qui prévaut, Kailash Ramdhary soutient que le ministère de l’Agro-industrie doit venir en aide aux planteurs. « On aurait souhaité avoir un soutien financier pour l’achat des semences et d’autres produits pour relancer la culture », avance-t-il.

Prix des légumes

Une légère baisse attendue la deuxième semaine de mars 

Les prix élevés des légumes devraient être maintenus durant les trois prochaines semaines, indique Kreepalloo Sunghoon, secrétaire et porte-parole de la Small Planters Association. On peut toutefois s’attendre à une petite amélioration au niveau des prix à partir de la deuxième semaine de mars. « Le problème sur le marché est qu’il y a une distorsion entre le prix de vente à l’encan et le prix au détail pratiqué aux consommateurs. Par exemple, un chou est vendu à Rs 25 à l’encan, mais actuellement le prix sur le marché est à Rs 80 », souligne-t-il. 

Questions à…Jacqueline Sauzier, secrétaire générale de la Chambre d’agriculture de Maurice : «La vigilance est de mise concernant la propagation des maladies dans les champs»

JacquelineAprès les pluies diluviennes qui se sont abattues sur l’ensemble de l’île en janvier, quelle est la situation actuellement dans les champs ?
On a constaté que, pour la canne, les pluies ont été bénéfiques. Toutefois, au niveau de la culture des légumes, certains champs ont été détruits à 100 %. Maintenant, les planteurs s’engagent dans la préparation de la terre pour planter de nouveau. Pour les cultures qui restent, la vigilance est de mise. Les planteurs doivent se préparer à lutter contre les maladies qui font surface après les grosses averses.

Le programme Smart Agriculture de la Chambre a-t-il prouvé son efficacité après les fortes averses ?
Actuellement, il faut compter 13 planteurs qui suivent notre projet Smart Agriculture. Ceux qui ont appliqué le principe de préparation du sol pour drainer l’eau ont remarqué qu’il y avait beaucoup moins de pertes que d’autres planteurs qui n’ont pas respecté le principe de drainage d’eau. Donc, on peut dire que le résultat du programme Smart Agriculture est assez positif. 

Les prix des légumes sont actuellement assez élevés. Quand pourra-t-on avoir une certaine stabilité ?
C’est difficile pour moi de me prononcer sur l’évolution des prix. Les prix des légumes varient en fonction de la loi de l’offre et de la demande, de la rareté et de la disponibilité d’un produit. Ils dépendent aussi de l’intervention des intermédiaires qui ne prennent aucun risque sur la production, mais qui sortent avec les poches remplies.

Le cyclone tropical Freddy, qui évolue à l’est-nord-est de Maurice, représente-t-il une menace pour la culture vivrière à Maurice ?
Bien sûr que le cyclone représente une menace. Avec le sol qui est déjà mouillé et les plantes toujours fragiles, le cyclone peut détruire davantage la culture. 

Certains qui envisagent de planter pourraient attendre que le cyclone passe. Il y a des mesures qu’on peut prendre pour minimiser les dégâts, telles que la mise en place des systèmes de drainage efficaces ou encore la plantation des arbres qui agiront comme des brise-vents dans les champs. 
Mais ce ne sont pas des choses qui se font à la veille d’un cyclone. C’est la philosophie d’ailleurs que la Chambre souhaite mettre en place : l’adaptation au changement climatique. 

 

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