Interview

Penny Hack, avocat d’affaires : «Une arrogance post-coloniale»

Penny Hack

L’avocat d’affaires Penny Hack est catégorique. Les pays européens et les États-Unis souhaitent nuire à notre secteur financier. Malgré les efforts de Maurice pour observer leurs exigences, ils remettent sans cesse notre juridiction en cause.

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Maurice vient d’être classé dans la liste grise de l’Union européenne. Quelle est votre réaction ?
C’est une logique qui s’est installée depuis longtemps. À chaque fois qu’on se plie à leurs exigences, ils remettent une couche. L’Inde nous a fait se coup-là. On s’est plié aux exigences de l’Organisation de coopération et de développement économique, à la Foreign Account Tax Compliance Act, au Common Reporting Standard, mais on trouve toujours à nous reprocher. Il faut comprendre par là que ces institutions jouent avec nous. L’Europe et les États-Unis veulent rapatrier l’argent qui sort de chez eux. Même si c’est en toute légalité, ils disent que c’est immoral. Ils ne savent quoi faire.

C’est parce que Maurice est une petite juridiction. Cette situation est intenable. La fiscalité est plus importante chez nous sans compter que c’est très onéreux d’investir en Europe et aux États-Unis. Le coût de la taxe y est également élevé. Il faut souligner que la corruption est aussi importante en Europe, notamment en Grande-Bretagne. Le coût de la taxe et la corruption font que le coût pour y investir peut s’élever jusqu’à 80 %. C’est bien en raison de la taxe que la crise financière a éclaté.

Que peut-on faire face à cette situation ?
Il faut que Maurice dise non à cette situation. Nous devons nous tourner vers des amis du Common Market for Eastern and Southern Africa par exemple. Il faut cesser de se plier à de nouvelles exigences et à cette arrogance post-coloniale. Il nous faut trouver des solutions. Ce n’est pas possible qu’à chaque fois que nous observons de nouvelles règles, ils agissent ainsi. Il est temps de dire non.

Pensez-vous que c’est à cause des derniers scandales dans le secteur financier que nous nous retrouvons sur cette liste grise ?
Des scandales, il y en a partout. Comme je vous l’ai dit, la corruption est beaucoup plus importante en Grande-Bretagne. Plus il y de gros capitaux, plus il y aura de corruption. Certes, il faut contenir le taux de criminalité, mais nous ne pouvons plus accepter cette domination. Déjà l’Inde nous a coupé un bras, que veulent-ils cette fois, couper l’autre bras ? Demain, ce sera les pieds. Ils veulent tuer notre secteur financier. Ils ne souhaitent pas que Maurice devienne le pont pour investir en Afrique qui est le dernier eldorado. On peut transiter au moins 10 à 20 % des investissements vers le continent, davantage ce qu’on avait comme affaires sur l’Inde. On a beaucoup à gagner sur l’Afrique, mais ils ne le veulent pas.

 

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