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À Petite-Rivière : Manohur Beeharry retient son souffle…

Manohur aimerait tant sortir et respirer l'air de la nature... Manohur aimerait tant sortir et respirer l'air de la nature...
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Il s’accroche jour après jour, semaine après semaine, année après année, pour prolonger un présent sans futur. Depuis 2013, Manohur Beeharry souffre d’une insuffisance respiratoire chronique. Il vit grâce à l’oxygénothérapie à domicile.

Dans une chambre, le ventilateur tourne en permanence. La fenêtre est entrouverte alors que Manohur Beeharry est allongé sur le lit. Avec un tube dans le nez, il regarde tranquillement la télévision. Sa femme Radhanee le rejoint. Il sourit et en profite pour faire ses caprices. Il se fait réprimander, car il la cherche. Il évite de rire par peur d’avoir le souffle coupé.

Cela fait huit ans que cet habitant de la rue Crécerelle à Petite-Rivière souffre d’une insuffisance respiratoire chronique. Le 5 juin 2013, la vie de cet homme, qui travaille dans l’élevage de singes dans le Sud de Maurice, bascule en une fraction de seconde. Sa santé flanche subitement. Il atterrit à l’hôpital du Nord où il séjournera durant un mois. Le diagnostic tombe. Manohur Beeharrry reçoit comme un coup de massue sur la tête. De retour à la maison, il est réduit à garder le lit et contraint de vivre avec l’oxygénothérapie à domicile.

Cela fait longtemps que Manohur Beeharry, âgé de 58 ans, n’est pas sorti de sa chambre pour prendre l’air. Son état de santé se détériore de jour en jour. Il dépend entièrement de sa femme Radhanee. Celle-ci sacrifie son sommeil pour être au chevet de son époux 24 heures sur 24. Elle doit s’assurer qu’il a tout ce dont il a besoin, surtout l’oxygène.

Manohur Beeharry hurle le prénom de sa femme dès les premières lueurs du jour. Elle accourt en moins de temps qu’il n’en faut, car pendant les huit ans de maladie de son mari, elle a appris à connaître ses habitudes. Manohur Beeharry ne peut rien faire seul.

Les toilettes sont à l'extérieur, un seau en plastique fait l'affaire.
Les toilettes sont à l'extérieur, un seau en plastique fait l'affaire.

Après les toilettes, elle lui donne son bain. Puis elle l’habille. S’ensuit le petit-déjeuner. Au menu : vermicelle au lait. Ce repas est pour éviter que Manohur ne s’étouffe lorsqu’il mange, dit Radhanee. «Li pas kapave manz kuma lontan. Bisin bien choisir so manze pou ki li pas touffe. Si sa arrive, so malade releve ek li mank lesouf, » dit Radhanee, soucieuse du confort de son mari.

Au moindre bruit de ronflement dans ses poumons, Manohur panique et se rabat à la vitesse de l’éclair sur son appareil respiratoire. Quitte à vider une bonbonne d’oxygène en moins de temps !

Dans la journée, comme les toilettes sont à l’extérieur de la maison, Radhanee met un seau en plastique dans la chambre du malade. Ce dernier l’utilise pour uriner et faire ses besoins. Il nécessite une chaise de toilettes en attendant qu’elle trouve les moyens de construire des toilettes annexées à cette chambre. Pour ce faire, elle doit briser le mur et faire une extension.

Radhanee fait tout pour que le parfum des épices n'atteignent la chambre de Manohur.
Radhanee fait tout pour que le parfum des épices n'atteignent la chambre de Manohur.

De plus, pour ne pas incommoder Manohur lorsqu’elle prépare les repas dans la cuisine à deux pas, elle doit se procurer une porte en bois.  Actuellement, c’est dans une chambre au fond de la maison qu’elle fait à manger pour éviter que Manohur ne s’étouffe à chaque parfum d’épices embaumant l’air. Au cas contraire, la crise de panique s’installe, tant pour Manohur que pour elle qui veille à ce qu’il respire constamment en toute quiétude.

Sur le qui-vive 24 heures sur 24

Procurer une oxygénothérapie à domicile à son mari n’est pas de tout repos pour Radhanee. Outre d’être sur le qui-vive 24 heures sur 24, elle confie qu’elle fait aussi le va-et-vient au bureau du National Solidarity Fund pour se faire rembourser ses achats mensuels de bonbonnes d’oxygène qui maintiennent en vie son époux au quotidien. « Enn premier foi monn kit 12 reci ek banla. Apre zot ine dire nou, tou in perdi. En mai 2018, nou ine redonn zot 12 copies ban reci la. Zot ine gard 8 ek zott in retourn nou 4. Depi zordi nous ankor pe atan, zot penkor rembours nou. Nounn fatigue telefon zot. Sak fois zot dire refaire aplikasyon, li pas possib, » s’indigne Radhanee qui doit délier les cordons de sa bourse à chaque fin de mois.

Incapable de gérer à la fois la maison, le boulot et la maladie de Manohur, Radhanee, âgée de 52 ans, quitte son boulot de machiniste dans une usine de peluches il y a deux ans. Elle fait de son mieux pour faire bouillir la marmite. « Lontan mo ti pe swegn vass ek mo ti pe van dile pou gagn enn ti kass. Depi li malad, pa kapav swegn zanimo. Pa kapav fer okenn progre. Nou ti pe fer konstriksyon. Aster tou inn ress an plas », soutient cette mère de trois fils.

Souvent elle se retrouve sans le sou. C’est pour cette raison qu’elle fait appel à la générosité des Mauriciens. Manohur Beeharry a besoin d’un nouveau kit médical pour ses bonbonnes d’oxygène, d’une chaise de toilettes, de bouteilles d’eau et des vivres, entre autres. Mais encore l’aide qui pourra l’aider à faciliter ses démarches pour le remboursement des bonbonnes d’oxygène achetées auprès des autorités concernées.

 

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