Interview

Pierre Dinan, économiste : «Le directeur de l’Audit fait le même constat année après année»

L’économiste Pierre Dinan souhaite que des mesures soient prises pour que l’argent public soit utilisé à bon escient. Il se dit cependant frappé que le gouvernement ait payé des pénalités de Rs 125 millions aux banques pour le retard dans l’exécution de certains travaux. Il commente le dernier rapport du directeur de l’Audit.

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Quelle est votre lecture du dernier rapport de l’Audit ?
Il est bon que le directeur de l’Audit puisse produire un rapport où il peut en toute liberté faire des critiques sur les failles qu’il a notées quand il a fait son travail d’audit. Produire un rapport c’est bien, cependant c’est mieux si, par la suite, il y a des suivis en vue d’apporter les corrections nécessaires. C’est ainsi que cela se passe dans le secteur privé. C’est à se demander si cela se fait dans le secteur public. Car, année après année, le directeur de l’Audit fait le même constat. 

C’est d’autant plus important dans le secteur public, il s’agit des deniers publics. Je suis d’autant plus inquiet sur cet état de choses. Car, il y a des institutions pour veiller que l’argent des contribuables soit utilisé à bon escient. Je vous parle, entre autres, du Public Accounts Committee, présidé par un membre de l’opposition parlementaire. C’est à se demander ce que fait cette institution. 

À lire le rapport de l’Audit, je ne cesse de me demander ce que font les audits internes au sein des organisations parapubliques. Est-ce que leurs rapports sont vraiment pris en considération par le management. Un point qui m’a beaucoup frappé dans le rapport de l’Audit est que le gouvernement a payé des pénalités (commitment fees) de Rs 125 millions aux banques pour le retard dans l’exécution de certains travaux. Parmi, on trouve Rs 40 millions pour des travaux de tout à l’égout et Rs 22.9 millions pour des travaux au Bagatelle Dam. Deux projets de grande importance pour la nation. 

Que faire pour prévenir le gaspillage des fonds publics ?
Que le rapport de l’Audit soit épluché en profondeur par les responsables de la Fonction publique et que les corrections nécessaires soient apportées. Il faut revoir le pouvoir du Public Accounts Committee (PAC) afin qu’il puisse entendre de hauts fonctionnaires sur les critiques formulées sur leurs ministères respectifs par le directeur de l’Audit et de les sanctionner si les mêmes problèmes se répètent.

D’après vous, qui sont à blâmer ? Est-ce les ministres qui sont à la tête des ministères ou les fonctionnaires qui s’occupent de la gestion au jour le jour de leur ministère respectif ?
Je crois que c’est un blâme global. Les administrateurs publics doivent veiller que fonctionne tout ce qui a été mis en place. Les ministres doivent prendre les mesures nécessaires pour la bonne marche des institutions publiques. Bref, il faut revoir tout le système.

 

 

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