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Plusieurs plaintes à la police contre Khushal Sewbalak : le faux médecin sur la toile est un mécanicien

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Khushal Sewbalak est le nouveau buzz sur les réseaux sociaux. Ce jeune homme habitant Eau-Coulée est soupçonné de se faire passer pour un médecin sur la Toile. Il a plusieurs institutions à ses trousses. Il est accusé d’escroquerie, alors qu’il accuse, lui-même, d’autres personnes d’usurper son identité pour nuire à sa réputation. 

À tout juste 26 ans, il se présente comme un génie de la médecine sur Facebook. Son alter ego numérique est un médecin qui travaille dans le privé, opérant parfois à la clinique Darné et affichant ses horaires de consultation à domicile. Khushal Sewbalak est aussi propriétaire de plusieurs BMW sur Facebook et assiste à des grandes conférences sur le Block Chain à Dubai. Ce qui est totalement faux et il le confirme lui-même. 

Khushal Sewbalak
Khushal Sewbalak est soupçonné de se faire passer pour un médecin sur la Toile.

Sur la Toile, il affiche son permis d’exercer comme médecin dans le privé, mais le souci est que le permis est signé par le ministère de la Santé. C’est ce détail qui a alerté des internautes. Ceux-ci ont alors entamé une série de dénonciations depuis deux semaines sur les réseaux sociaux : l’enregistrement des médecins est effectué par le Medical Council de Maurice et non par le ministère. Les horaires de consultation portent son nom et son adresse, ainsi que son ancien numéro de téléphone. Pire, il affiche un certificat d’enregistrement qui porte son numéro de carte d’identité et il s’agit bien de son vrai numéro de carte avec sa photo. Sauf qu’un petit détail dérange : outre la signature (au lieu du sceau) du ministère de la Santé, la date de validité du permis est du « 30 février » 2018. Le profil invite même le public à prendre rendez-vous pour se faire ausculter. Ses horaires : du lundi au samedi, de 16 heures à 19 heures. 

Ces dénonciations sont parvenues aux institutions médicales du pays, dont le Medical Council, l’association des médecins du privé, la police et même la direction de la clinique Darné. Pourtant, certains crédules y ont cru, à l’instar de Sajeed. Au début, il n’a pas vu la supercherie et a voulu le contacter pour se faire ausculter. « C’est lorsque j’ai vu que son certificat d’enregistrement comportait une signature étrange que j’ai fouillé pour en savoir plus. J’ai, ensuite, alerté les internautes », fait-il ressortir. 

Très vite, le Medical Council prend note de l’affaire. Le Dr Kailesh Jagutpal, président du Conseil des médecins, souligne qu’il prend note de cette escroquerie. Avant d’aller déposer une plainte, il consulte la liste des médecins enregistrés. Il se trouve que le nom de Khushal Sewbalak n’y apparaît pas. De plus, le nom du jeune homme n’est pas sur la liste des médecins provisoirement enregistrés ou sur la liste des médecins ayant fait une demande d’enregistrement. C’est alors que le Conseil décide de porter plainte. « Nous avons alerté la police et le Cyber Crime Unit de la police. » Le Dr Kailesh Jagutpal explique que les membres du conseil ont bien tenté d’entrer en contact avec les numéros affichés sur la page du jeune homme, mais en vain. « Nous attendons les conclusions de l’enquête », dit-il. 

Du côté de la clinique Darné, c’est la colère. Sur une des photographies, le jeune homme pose en blouse blanche avec un logo de la clinique. Sur sa page, il dit être membre du personnel de la clinique, avec des photographies d’une salle d’opération. Or, nous avons contacté la direction de l’établissement médical, qui a été très claire : « Ce jeune homme ne fait pas partie de notre personnel. » D’ailleurs, un responsable de la clinique Darné nous précise que le conseil légal de l’institution a été contacté et que des actions seront entreprises contre Khushal Sewbalak. 

À Eau-Coulée, on découvre que le jeune homme est connu des services de police. Il est poursuivi pour une affaire de viol, survenue il y a trois ans. Selon une source policière, il est en liberté conditionnelle. 

Khushal Sewbalak : «À aucun moment je n’ai voulu être médecin»

Rencontré, en face de sa maison, en compagnie de son père Kishore et son frère cadet Chetan, Khushal Sewbalak dit avoir fréquenté l’école primaire gouvernementale de la région et le collège d’état de Forest-Side. Il aurait étudié jusqu’à la Form III dans la filière pré-vocationnelle, jusqu’à ce qu’il se prenne de passion pour la mécanique. « à aucun moment j’ai voulu être médecin… J’ai toujours été attiré par l’ingénierie mécanique. Je ne sais pas comment ils ont eu mon numéro de carte d’identité afin de créer ce faux profil. C’est très grave. Je dois me rendre très bientôt à la police afin de consigner une déposition, car je me demande comment ces gens ont pu avoir de telles informations confidentielles, comme par exemple mon numéro de carte d’identité », a avancé notre interlocuteur, tout en regardant son père.

Domicilié dans la région d’Eau-Coulée, Khushal Sewbalak se décrit pourtant comme une personne « sans histoires » et « dépourvu d’antécédents judiciaires ». C’est, du moins, le message qu’il a essayé de faire passer à Le Dimanche/L’Hebdo vendredi après-midi. L’homme dit exercer comme « mécanicien » depuis environ « trois ans et six mois » et balaie toutes les allégations formulées contre lui à l’effet qu’il se serait approprié un titre de médecin pour commettre des escroqueries. Idem pour la supposée agence immobilière dont il serait le directeur. « Je ne suis impliqué dans aucune agence immobilière. D’ailleurs, si j’étais agent immobilier, croyez-vous que je serais là aujourd’hui ? » demande-t-il.

Son père vient à sa rescousse

Le père de Khushal Sewbalak, qui suivait attentivement la conversation que nous avons eu avec son fils, n’hésitait pas à répondre à la place de sa progéniture. à un moment, semblant être légèrement agacé par ce « mauvais coup » commis envers son fils, il serra les dents et dit ceci : « Je suis loin d’être une personne timide. La personne qui a créé le faux profil de mon fils doit répondre de ses actes. J’irai de l’avant. Seki pe fer sa la, nou pa pou kit li. Dir li fer bien atansion », a prévenu Kishore, le père du mécanicien.


Le Dr Vinesh Sewsurn, de la MHOA : «Le prestige et l’argent à la source des escroqueries»

Le Dr Vinesh Sewsurn, de la Medical and Health Officers Association (MHOA), dit être au courant de cette affaire. Il confirme également que le Medical Council a été alerté de la situation et qu’une enquête serait en cours pour faire la lumière sur cette affaire. Les faits remonteraient à environ une semaine. Les représentants du conseil, ajoute le professionnel, envisageraient également d’intenter une affaire en cour. « C’est le premier cas d’usurpation recensé officiellement. Mais dans le passé, il doit y avoir eu plusieurs cas qui n’ont pas été rapportés aux autorités concernées. Dans le fond, c’est le prestige et l’argent qui seraient à la source des escroqueries. Sinon, pourquoi se faire passer pour un médecin ? » se demande le Dr Vinesh Sewsurn. Celui-ci soutient que cette forme d’escroquerie toucherait également d’autres domaines de la profession médicale, tels que la physiothérapie et la psychologie.


Le Dr Ishaaq Jowahir, de la PMPA : «Un laisser-aller incroyable dans ce secteur»

Dans une déclaration à Le Dimanche/L’Hebdo, le Dr Ishaaq Jowahir, de la Private Medical Practitionners Association (PMPA), fait ressortir qu’il y a non seulement des médecins non accrédités, mais également des infirmiers qui s’adonnent à des consultations dans le privé. Il pointe du doigt le laxisme des autorités à traquer ces sans papiers. « Il y a un laisser-aller incroyable dans ce secteur. Des prescriptions, contenant uniquement les médicaments, sont remises aux pharmaciens. Le document ne contient pas le sceau du pratiquant et encore moins son identité. Comment un pharmacien peut-il accepter un tel document ? » se demande le Dr Ishaaq Jowahir. Selon notre interlocuteur, les personnes opérant sans permis, ou même sans la moindre notion de médecine, seraient au nombre d’une centaine. « Les autorités doivent agir, car la situation est très grave. Exercer comme médecin sans permis adéquat est un délit. Cette pratique malsaine perdure depuis plusieurs décennies à Maurice », précise-t-il.

 

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