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Port-Louis SmartCity: l’absence d’une instance de coordination se fait sentir

Il est à craindre que les projets laissent un grand vide à Port-Louis.
Avec le nombre de projets annoncés pour Port-Louis, il y a de quoi s’y perdre. Y a-t-il quelqu’un qui s’occupe de tout coordonner ? Les citadins sont-ils laissés-pour-compte? Urbanistes et autres spécialistes ont leurs réserves. On ne compte plus les mutations annoncées pour Port-Louis. Huit importants ministères vont déménager pour poser leurs dossiers à Heritage City, à Moka ; Sotravic lance son projet pour climatiser une partie du centre-ville à partir de l’eau de mer ; le port s’étendra de Pointe-aux-Sables à Jinfei, la ville deviendra une Smart City avec des investissements de Rs 52 milliards, et, enfin, des discussions ont été enclenchées entre la Central Water Authority, le Central Electricity Board et la Wastewater Management Authority pour un projet massif commun de remplacement des tuyaux et d’enfouissement de câbles. Face à ce florilège d’annonces, on peut se demander : Port-Louis, quo vadis? Si la State Land Development Company (SLDC) reconnaît que la « structure d’implémentation » pour tous ces projets n’a pas encore vu le jour, urbanistes et architectes s’accordent à dire qu’il y a un manque de coordination et que les projets oublient l’essentiel : les citadins. Gaëtan Siew, architecte et président de la SLDC, n’a pas répondu à nos sollicitations, mais une source de cet organisme explique qu’une structure ayant la charge de la transformation de Port-Louis devrait être instituée. « On prévoit bien de mettre en place une structure par la mise à exécution et les discussions sont encore en cours… », explique notre source. À l’heure où tous les grands projets sont annoncés, cette structure censée superviser le tout n’existe donc pas encore. Ce qui, de l’avis de certains spécialistes, serait un énorme manquement. Vasantt  Jogoo, urbaniste, regrette notamment l’absence de coordination concernant les projets annoncés. Pour lui, l’annonce de Port-Louis Smart City n’est que le résultat de la décision de délocaliser plusieurs ministères à Heritage City. « Il n’y a pas de coordination. Pourquoi c’est maintenant qu’on parle de Port-Louis Smart City, par exemple ? » se demande Vasantt Jogoo. Qui répond: « C’est parce qu’on vide Port-Louis quand il y a la décision de transférer les ministères à Moka. » Notre source à la SLDC nie: « Nous travaillions depuis un bon bout de temps sur l’Urban Regeneration Programme pour les villes, mais aussi certains villages comme Mahébourg et Goodlands. Cela faisait déjà partie de la stratégie. » Thierry Le Breton, de SOS Patrimoine en péril, s’inquiète également qu’autant de ministères délaissent ainsi la capitale. « Cela va créer un grand vide. Pour trouver la solution, il faudrait qu’une étude soit menée dessus », déclare-t-il. Le fait que beaucoup de bâtiments ont du mal à trouver preneur à l’heure actuelle a de quoi inquiéter, selon lui. « Si on y rajoute les mètres carrés abandonnés par les ministères, dans quelle situation se retrouve-t-on ? » se demande-t-il. Entre continuer à occuper les bureaux, les convertir en appartements, ou trouver d’autres locataires, il faudra arriver à une solution, selon notre interlocuteur. L’absence de réponses à ce genre de questions, selon Vasantt Jogoo, découle du fait que les différentes personnes impliquées prennent des décisions sans se consulter. « C’est après coup qu’ils font un plan d’aménagement, explique-t-il, alors que ça, c’est le travail du Town and Country Planning Board, du ministère du Logement et des Terres. » L’aménagement du territoire, avance-t-il, devrait être fait au préalable. D’autant que certains projets n’auront qu’un impact limité sur la ville : « Le projet de Sotravic va apporter la climatisation à quelques bâtiments de la Place d’Armes, mais le reste demeurera pareil. Port-Louis, dans sa globalité, demeurera Souk City. » L’exclusion des régions résidentielles des plans de développement dérange également Thierry Le Breton. « Il y a une vision globale du point de vue de la construction. Mais les acteurs concernés n’ont pas nécessairement été intégrés. Une ville n’est pas qu’un ensemble de bâtiments, mais des gens qui vivent ensemble », explique-t-il. Or, les développements annoncés pour Port-Louis suivent le modèle classique de la prise de décision top-down. « Ce qui est important, c’est de soutenir une ville vivante, d’encourager le vivre-ensemble. Il y a des approches pour y parvenir sans dépenser Rs 52 milliards », ajoute-t-il. Comment ? En soutenant la création de plateformes pour les métiers, en animant  la vie de quartier, en créant des espaces pour les citoyens, des jardins communautaires, en organisant des fêtes de quartier… « C’est bien d’avoir de grandes ambitions, mais ce sont les idées que X, Y ou Z ont chacun dans son coin, poursuit Thierry Le Breton, tout le monde n’est pas forcément d’accord, mais on en donne l’impression. On oublie qu’il s’agit avant tout de la ville du Portlousien ! »
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