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Post-Brexit: regrets et inquiétudes à l’horizon

Au référendum du vendredi 24 juin, le camp favorable à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, l’a emporté avec 51,9 % des voix (17,4 millions de personnes), contre 48,1 % au camp pro-européen (16,1 millions de votants). La nouvelle réalité qui se profile à l’horizon provoque un sentiment d’incertitude chez des Britanniques. [blockquote]« Le Brexit affectera deux secteurs clés de notre économie : le tourisme et l’exportation des biens et services »[/blockquote] Avec la confirmation de la victoire du Brexit, les premiers développements se sont déjà fait sentir sur le marché de change à l’étranger avec une livre sterling cotée à son niveau le plus bas depuis ces trente dernières années, notamment depuis le Black Wednesday du 16 septembre 1992. Les principales bourses européennes, vendredi dernier, à l’ouverture, ont plongé et ont été touchées de plein fouet par cette victoire du Brexit. La saignée a été générale en Europe, en premier lieu pour les actions des banques (– 14 %) et celles des groupes d’assurance (– 12 %), mais aussi plus largement pour les valeurs du secteur financier (– 10,61%) et du tourisme (– 11,70 %). Ce retour de bâton a été violent sur les marchés surtout pour ceux qui avaient largement misé ces derniers jours sur le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne. L’Institute of International Finance avait déjà prévenu la semaine dernière : « Les marchés financiers et l’économie seront fortement perturbés à court terme par la décision des Britanniques de quitter l’Union européenne [….] Un impact qui ne sera pas clair avant un moment, mais qui sera très perturbateur à court terme. Il pèsera sur la croissance économique et l’emploi à long terme, particulièrement au Royaume-Uni. » Une répercussion que le Trésor britannique avait présagée le lundi 23 mai dans une étude  sur l’impact d’un éventuel Brexit qui concluait qu’une sortie de l’Union européenne « provoquerait une récession pendant un an, du deuxième semestre 2016 à la fin du premier semestre 2017 (– 0,1 % de croissance sur chacun des quatre trimestres). [Et que] sur deux ans, la croissance du produit intérieur brut (PIB) serait réduite de 3,6 points par rapport à ce qu’elle aurait été en restant dans l’UE, 500 000 emplois seraient perdus, la livre sterling baisserait de 12 %, les prix immobiliers de 10 % et les salaires réels moyens reculeraient de 3 % ». Bref, on parle ici d’une récession l’année prochaine. En raison de cette tendance, l’écosse, où les électeurs se sont exprimés à 62% en faveur d’un maintien au sein de l’Union européenne, compte maintenant s’émanciper de la Grande-Bretagne pour rester Européenne. L’idée d’un nouveau référendum sur l’indépendance de l’écosse, moins de deux ans après un premier rejet, refait donc son apparition de plus belle. L’amertume est grande également du coté de l’Irlande du Nord, qui a voté en faveur du « in » et qui commence à envisager aussi un référendum pour se détacher de la Grande-Bretagne et rester dans l’Europe. Le comble, c’est que tous ces effets néfastes et ce climat d’incertitude commencent à causer des remords chez des  nombreux Pro-Brexit moins de vingt-quatre heures après les résultats qui ont exprimé leur déception et ils disent regretter leur choix. Ceci dû a une campagne conservatrice et xénophobe surfant sur un contexte propice aux instrumentalisations (crise des refugiés, attentats de Paris et de Bruxelles etc.) Ils n’ont pas réfléchi aux impacts économique, politique et social d’un Brexit. Des regrets également chez les jeunes qui auraient pu faire pencher la balance mais qui n’ont pas voté ou qui ne se sont même pas fait enregistrer pour le referendum. Selon le journal Le Monde, « ils pensaient que le vote pour le maintien était de toute façon acquis, sondages à l’appui, et que leur vote ne pèserait pas dans la balance ».

Pas de panique

Sous nos latitudes : « Pas de panique  », rassurent certains économistes de l’ile qui déclarent que la Grande-Bretagne a deux ans pour négocier les modalités de son retrait de l’Union européenne et qu’en attendant, elle doit respecter ses accords. Mais cette tendance de la livre sterling s’est traduite immédiatement au tableau de change par une perte de Rs 4,16 en une nuit ou encore une perte de Rs 7,54 comparativement au taux de change de l’année dernière. Ce qui fait ressentir certaine agitation dans les milieux des opérateurs économiques locaux dont les exportations sont libellées en livres sterling et destinées à la Grande-Bretagne avec laquelle nos accords commerciaux seront remis en question dès sa sortie officielle de l’Union européenne. En tout cas, ce qui est certain, c’est que le Brexit affectera deux secteurs clés de notre économie. Il y a d’abord celui de l’exportation des biens et des services dont environ 11 % sont destinés au marché britannique. Un marché avec lequel Maurice bénéficie d’un accès préférentiel, c’est-à-dire pas de quota et pas de droits de douane. Le secteur du tourisme (345 000 touristes britanniques chaque année) sera aussi affecté avec la dépréciation de la livre sterling car la destination Maurice sera plus chère pour les Britanniques. D’autres spécialistes suggèrent qu’il faudrait améliorer notre productivité, diversifier nos marchés , accentuer la diplomatie économique et trouver d’autres créneaux porteurs en attendant les renégociations de nos accords commerciaux avec la Grande-Bretagne. À noter qu’un comité ministériel, présidé par le ministre des Finances, Pravind Jugnauth, a été institué vendredi dernier. Après le divorce, l’urgence pour le Royaume-Uni sera de nouer une nouvelle relation avec l’Union et renégocier des dizaines d’accords signés entre l’UE et des états d’Asie, d’Amérique latine ou d’Afrique. Ces négociations pourraient durer des années. Croisons les doigts et attendons voir…
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