Economie

Potaya Kuppan, président de la Senior Citizens Federation : «Certaines personnes âgées sont encore capables de travailler»

Potaya Kuppan

La Journée internationale des personnes âgées sera célébrée le 1er octobre. Nos aînés ont-ils suffisamment de moyens pour vivre ?

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Dans cet entretien, Potaya Kuppan, président de la Senior Citizens Federation et de la Southern Old People Association, indique que l’État devrait orienter les personnes âgées encore capables de travailler vers certains secteurs d’activités. 

Nos aînés reçoivent une pension. Ils bénéficient du transport et du service de santé gratuits. Ils ont droit à des centres récréatifs et à d’autres facilités. Peut-on dire que dans l’ensemble, nos aînés sont bien lotis ?
Je ne peux nier que l’État accorde beaucoup de facilités aux personnes âgées. C’est une marque de reconnaissance envers ceux qui ont trimé à la sueur de leur front pour bâtir l’île Maurice moderne. Mais au-delà de ces facilités, peut-on vraiment dire que les seniors sont heureux ? Je ne le pense pas.

Pourquoi dites-vous cela ?
À travers mes activités sociales, je côtoie de nombreuses personnes âgées et je sais que plusieurs d’entre elles vivent dans des conditions très difficiles. Délaissées par leurs enfants, elles ne dépendent que de leur pension de vieillesse de Rs 5 450 pour vivre. Certaines doivent trouver Rs 3 000 par mois pour s’acquitter du loyer, sans compter les autres factures.

Que leur reste-t-il pour terminer le mois ?
Ce n’est pas parce qu’on voit les seniors fréquenter des associations du troisième âge où ils peuvent faire des sorties et participer à des activités qu’ils sont forcément heureux. Ces petits moments de bonheur leur permet de se distraire, histoire d’oublier leurs problèmes du quotidien. Mais de là à dire qu’ils sont totalement heureux… Outre leur pension de vieillesse, les personnes âgées devraient pouvoir compter sur d’autres formes de revenus. L’État aurait pu orienter celles qui sont encore capables de travailler vers des secteurs d’activités. Cela leur permettrait ainsi de gagner un peu d’argent, tout en apportant leur contribution à l’économie du pays.

Certaines personnes âgées sont abandonnées par leurs enfants. C’est une triste réalité face à laquelle on ne peut rester indifférent… Comment leur venir en aide ?
J’ai lancé un appel au gouvernement pour que des maisons d’accueil soient construites dans chaque village pour accueillir des personnes âgées qui ont été abandonnées ou qui se sentent délaissées par leurs enfants. J’aimerais faire ressortir que les aînés souffrent de deux sortes d’abandon : l’un physique et l’autre psychologique.

Dans le premier cas, je parle des enfants qui ont quitté le toit familial pour mener leur propre vie sans se préoccuper du sort de leurs parents. Par abandon psychologique, je pense à ces vieillards qui ont été contraints de léguer leurs biens durement acquis à leurs enfants contre une promesse de jouissance et qui aujourd’hui vivent comme des reclus dans la maison. Ils subissent les caprices de leurs enfants et petits-enfants. Certains m’ont confié que s’ils arrivaient à trouver un lieu où s’abriter, ils iraient vivre ailleurs.

 Comment améliorer davantage les conditions de vie des personnes âgées ?
Ce serait de mauvaise foi d’affirmer que l’État ne s’occupe pas des personnes âgées. Toutefois, je pense qu’il pourrait mieux faire, notamment dans le domaine de la santé. Cela dit, j’ai fait une demande pour que l’hôpital de Souillac soit transformé en un centre gériatrique où les personnes âgées pourraient bénéficier de meilleurs soins.

 

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