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Première graduée de SOS Village - Carina Jérie: «Si ma mère ne m’avait pas abandonnée…»

Carina Jérie est la première graduée de SOS Village, où elle vit depuis qu’elle a neuf mois. Aujourd’hui âgée de 24 ans, la jeune femme espère fonder une famille, après avoir décroché un emploi stable. Elle veut aussi économiser pour construire une maison. Le 15 octobre est une date qui restera à jamais gravée dans la vie de Carina Jérie. Elle a reçu son diplôme BA (Hons) Mauritian Studies, après trois années d’études à l’Université de Maurice. La cérémonie de remise de diplômes marque la fin d’une lutte et le début de l’aventure professionnelle pour cette jeune femme. Grâce à elle, SOS Village, après 24 ans d’existence, obtient sa première graduée. Carina Jérie est actuellement en stage dans le département des finances chez DHL à Port-Louis. Comme toutes les jeunes femmes de son âge, elle nourrit des rêves et des ambitions. Mais elle n’oublie pas d’où elle vient. Les yeux larmoyants et la gorge nouée, elle raconte qu’elle a intégré le foyer de SOS Village à Beau-Bassin, à l’âge de neuf mois seulement. « Ma mère s’est trouvée dans l’obligation de m’abandonner à la garderie où elle me déposait souvent. Elle était dépassée par les circonstances de la vie. Mon frère et ma sœur nés d’une première union, m’ont alors confiée à SOS Village de Beau-Bassin », relate-t-elle. Elle est alors accueillie dans une famille de sept enfants sous la garde de Marie-Anne Alcindor. Cette dernière devient la maman de Carina. « Maman nous a toujours élevés comme ses propres enfants même si nous sommes issus de plusieurs familles et cultures. Comme elle est parmi les premières mamans de SOS Village, elle n’est pas mariée et n’a pas d’enfant. Elle nous a enseigné que l’éducation est la clé pour sortir de la pauvreté et pour réussir », explique-t-elle. Marie-Anne s’occupe de sa lessive, de sa nourriture et lui enseigne les valeurs morales. C’est à André Glover Government School à Beau-Bassin qu’elle entame sa scolarité primaire. Entre-temps, elle rencontre sa mère biologique qui vient souvent la rendre visite au village et lui offre des friandises.

Envie de réussir

 
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/div> « Enfant, je ne me suis pas attachée à elle. Je la considérais comme un visiteur », dit-elle. Puis, elle décroche d’excellents résultats, lui ouvrant les portes du collège de Lorette de Rose-Hill. Elle est une des trois pensionnaires de SOS Village à intégrer ce collège. Mais Carine Jérie est la seule à compléter le cycle secondaire. « Une des filles était influencée par des amis et a sombré dans les fléaux, tandis que l’autre a choisi de ne pas poursuivre ses études pour d’autres raisons. L’envie de réussir et d’être indépendante m’a poussée à terminer mon Higher School Certificate », indique-t-elle. Lors de sa première année au collège, elle voit son monde s’écrouler. Marie-Anne prend sa retraite et une femme la remplace. « La remplaçante de Marie-Anne n’a jamais pu me donner la même attention et le même amour que Marie-Anne. J’étais perdue. Mais maman Marie-Anne m’écrivait souvent. Ses mots m’encourageaient à avancer », confie-t-elle. Les autres élèves la taquinaient à l’école. « Je n’avais pas de maison ou de parents stéréotypés comme mes amies de classe. Mais je n’ai jamais ressenti l’absence d’une mère et encore moins d’un père. Au foyer, j’ai trouvé cela naturel de grandir sans père et Marie-Anne a comblé le reste. J’étais en Form III, quand un responsable de SOS Village fut invité pour lire le discours du Premier ministre, au collège, le jour de la fête nationale. Il a expliqué les objectifs du SOS Village. Depuis, les regards ont changé », soutient notre interlocutrice. Après sa scolarité secondaire, elle poursuit ses études à l’Université de Maurice avec le parrainage de Food & Allied. Elle souhaitait devenir travailleuse sociale et enseignante. « Mais, j’ai été retenue pour les “Mauritian Studies”. Cela ne m’a pas pour autant découragée », poursuit-elle avec le sourire. À l’âge de 20 ans, l’envie d’être indépendante se fait sentir. Cependant, elle n’a nulle part où aller. Marie-Anne l’accueille alors à son domicile à Rose-Belle. Carina y réside toujours. « SOS Village est une école de vie. Le responsable Rajen Jugnaren est comme un père pour moi. À partir de l’âge de 16 ans, on nous encourageait à travailler pendant les vacances scolaires. Puis, une partie de notre salaire était créditée sur un compte épargne. Le mien existe toujours », souligne-t-elle. Elle souhaite le voir fructifier, afin de voir son rêve de construire une maison se réaliser. Elle est en couple avec Christopher Ramdoo. Cela fait huit ans depuis qu’ils se sont rencontrés. « J’exerçais comme coiffeuse pendant les vacances scolaires et il est venu au salon pour se faire tresser les cheveux. Il est revenu à plusieurs reprises et un lien s’est très vite tissé entre nous », indique-t-elle. Elle veut fonder une famille, mais elle espère d’abord trouver un emploi stable. Carina Jérie veut obtenir sa maîtrise, avant de se tourner vers le social et l’enseignement. [blockquote]« Je continue à rendre visite à ma mère biologique et à ma sœur Fabiola. Je n’ai aucune rancune. Ma mère m’a abandonnée, mais j’ai réussi ma vie », fait-elle ressortir.[/blockquote]
 

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