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Procès dans le cadre du meurtre d’Ayaan, 2 ans - Le beau-père : «Monn tap li de kout pwin ek enn kout pie for»

Sheik Mohammed All Ashar Sobratee lors de sa comparution aux assises.
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Le procès intenté à Sheik Mohammed All Ashar Sobratee en cour d’assises s’est poursuivi le mardi 14 juin 2022. Il lui est reproché d’avoir battu à mort son beau-fils Muhammad Ayaan Moeen Ud Din G. Ramdoo, dit Ayaan, le 12 novembre 2020, à son domicile à Midlands. D’autres témoins ont été entendus mardi.

Les cinq dépositions que Sheik Mohammed All Ashar Sobratee avait données à la police à la suite de son arrestation ont été produites en cour d’assises le mardi 14 juin 2022. Dans l’une d’elles, l’homme, poursuivi pour le meurtre de son beau-fils Ayaan qui avait deux ans, avait déclaré : « Mo aksepte ki le 12 novam 2020 ver 18h30, akoz li (l’enfant; NdlR) ti pe fer move. Mo finn tap li de kout pwin for lor so lestoma ek enn kout pie lor so parti prive… » 

Le procès se poursuit ce mercredi 15 juin 2022. Dans la première déposition qu’il avait donnée à la Criminal Investigation Division de Curepipe, Sheik Mohammed All Ashar Sobratee, qui est accusé de « manslaughter », avait d’abord catégoriquement nié avoir tabassé Ayaan. 

Or, dans les trois dépositions qu’il avait par la suite faites à la Major Crime Investigation Team (MCIT), il avait raconté avec moult détails comment il s’en était pris au petit. Mais dans la dernière déclaration, il était revenu sur ses propos, affirmant avoir dû faire des aveux après avoir été victime d’actes de brutalité policière. Ce qu’a réfuté l’assistant surintendant de police Vikash Seeburruth dans son témoignage. 

Dans une de ses déclarations à la police, Sheik Mohammed All Ashar Sobratee avait expliqué comment il avait fait la connaissance de son épouse sur les réseaux sociaux et comment celle-ci était venue habiter chez lui à Midlands en juin 2020 avec son fils Ayaan. C’est en juillet 2020 qu’ils s’étaient mariés religieusement. 

Durant les trois premiers mois, tout se déroulait à merveille, selon le prévenu. Il avait aussi dit aux enquêteurs qu’il était sous traitement par méthadone. Il avait raconté qu’il frappait le petit Ayaan à chaque fois que ce dernier jouait, sautillait sur le lit et l’irritait. Il avait soutenu qu’il ne manquait pas de frapper l’enfant même quand il l’habillait ou lorsqu’il veillait sur lui. 

Le 12 novembre 2020, cela a été l’ultime coup pour Ayaan. Après les coups de poing et les coups de pied, il avait cessé de crier car il s’étouffait. Ils l’avaient transporté à l’hôpital où son décès a été confirmé. « Ni mwa, ni mo madam pa ti le ki fer lotopsi parski zot ti pou kone ki linn gagn bate », avait dit Sheik Mohammed All Ashar Sobratee aux enquêteurs de la MCIT. 

Il avait ensuite relaté comment ils étaient parvenus à prendre possession du cadavre avant de quitter l’hôpital. Ils avaient alors trouvé un médecin du privé qui leur avait remis un certificat de décès attestant que l’enfant est décédé de cause naturelle. Le prévenu avait admis avoir menti au médecin et de n’avoir pas dit qu’Ayaan avait été battu. 

Le procès est présidé par le juge Luchmyparsad Aujayeb. Sheik Mohammed All Ashar Sobratee, qui plaide non coupable, est défendu par Me Raouf Gulbul, assisté de Mes Bilaal Oozerally et Videea Neeroo Ramdharry Sowambur. La poursuite est représentée par Me Meenakshi Gayan-Jaulimsing, Assistant Director of Public Prosecutions, assistée de Mes Arvin Ramsohok, State Counsel et Sannidi Pillay Paupoo-Nallee, State Counsel.

La mère de Sheik Mohammed All Ashar Sobratee se rétracte en cour 

Bibi Waheeda Sobratee, la mère de Sheik Mohammed All Ashar Sobratee, a plaidé l’oubli alors qu’elle témoignait à la barre en cours d’assises le mardi 14 juin 2022. Elle a dit ne pas se souvenir de ce qui s’est passé dans cette affaire : « Mo pa konn nanie ladan. Mo malad. Mo pran medikaman. »

Elle a dit ne pas se rappeler si elle avait donné des dépositions ni même si elle avait apposé sa signature sur sa déclaration. Propos qui ont fait réagir et les membres du jury et le juge Lutchmyparsad Aujayeb. Ce dernier a fait ressortir que malgré l’oubli, le témoin se souvenait de quelques détails, comme le fait qu’Ayaan avait des problèmes d’allergie ou encore que la police l’avait appelée dans le cadre de l’affaire. 

Le haut gradé chargé de l’enquête dément tout acte de brutalité

L’assistant surintendant de police Vikash Seeburruth a été entendu devant la cour d’assises. Ce dernier avait supervisé l’enquête de la MCIT. Interrogé par Me Raouf Gulbul, un des avocats de la défense, le haut gradé a démenti tout acte de brutalité envers Sheik Mohammad All Ashar Sobratee. 

Autre point : les enregistrements des reconstitutions menées au cours des investigations ont également été projetés. Ces vidéos montrent Sheik All Ashar Sobratee indiquant aux enquêteurs les endroits où il se trouvait le jour en question mais aussi la manière dont il s’en est pris à Ayaan. 

Noushreen Beeharry : «Dernie fwa mo trouv mo neve li ti paret tromatize» 

noushreenNoushreen Beeharry, tante maternelle d’Ayaan, a aussi été appelée à la barre le mardi 14 juin 2022. Elle a indiqué que c’est le 7 novembre 2020 qu’elle a vu l’enfant pour la dernière fois. Le petit Ayaan était venu chez elle.  Noushreen Beeharry garde d’Ayaan le souvenir d’un enfant toujours gai, qui répandait de la joie et de la bonne humeur autour de lui. Mais elle a dit que ce jour-là, il semblait traumatisé. Selon elle, il ne voulait ni manger, ni boire. Elle a affirmé qu’il ne jouait pas non plus avec sa fille.  Elle a souligné que c’est la mère du prévenu, Bibi Waheeda Sobratee, qui l’avait appelée pour lui dire qu’Ayaan n’est pas mort de cause naturelle. Elle lui aurait même dit que c’est son fils qui avait frappé l’enfant et que Nawsheen Beeharry était au courant. 

En arrivant aux funérailles, la tante dit avoir vu qu’Ayaan avait un bleu sur le front. Elle avait alors décidé d’alerter la police. 

Dr Shaila Parsad-Jankee : «L’enfant avait de nombreux hématomes» 

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Dr Shaila Prasad- Jankee.

Le Dr Shaila Prasad-Jankee, Principal Police Medical Officer, est catégorique : Ayaan était un enfant battu. Entendu devant la cour d’assises le mardi 14 juin 2022, elle a expliqué que durant l’examen post-mortem, elle a constaté qu’il y avait de nombreux hématomes sur le corps du petit. 

Poursuivant ses explications, elle a précisé avoir relevé plusieurs blessures à l’abdomen, à la tête, une fracture au niveau de l’épaule ainsi qu’aux parties intimes. Elle a dit avoir noté qu’Ayaan avait subi des brûlures au deuxième degré dans un doigt. 

Selon elle, il était d’une pâleur extrême. Elle a confirmé qu’il n’était pas un enfant mal nourri.  Elle a toutefois attribué la cause du décès à un « acute peritonitis following traumatic bowel ». Ayaan avait la vessie gangrenée.

 

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