Interview

Qayinaat Annowar : «La base de toute religion, ce sont les droits de l’homme»

Qayinaat Annowar Qayinaat Annowar, Coordonnatrice du projet en ligne de DIS-MOI

Qayinaat Annowar est la coordonnatrice du projet en ligne d’éducation aux droits humains de DIS-MOI destiné aux citoyens de l’océan Indien. Juriste et médiatrice, cette défenseure des droits humains moderne a plus d’une corde à son arc et se définit comme passionnée par la vie.

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À première vue vous êtes une personne religieuse qui accorde beaucoup d’importance à Dieu. Droits humains et religion sont-ils compatibles?
Bien sûr que j’accorde beaucoup d’importance à ALLAH et prie pour qu’il m’aide au quotidien. Mais la religion se définit par la foi et la base de toutes les religions, ce sont les droits de l’homme. Ma religion m’interdit de manger si mon voisin meurt de faim chez lui, donc il est primordial d’avoir de la compassion pour nos ainés, nos enseignants, nos voisins, envers un autre être humain, peu importe sa religion. Remontant dans l’histoire, j’aimerais faire part d’un événement sur notre bien-aimé prophète Muhammad (S.A.W) que me répète au quotidien ma mère.

Le prophète Muhammad avait un juif pour voisin. Chaque matin ce juif, lorsqu’il balayait devant chez lui, entassait ses ordures devant la porte du prophète. Celui-ci, lorsqu’il trouvait les ordures,  les ramassait et les jetait dans un lieu approprié. Mais à un certain moment, il ne trouva plus d’ordure devant chez lui. Le troisième jour, il s’enquit autour de lui de la situation de ce juif. On lui répondit qu’il était malade.

Alors, le prophète s’en alla lui rendre visite et pour s’enquérir de son état. Le juif en le recevant, lorsqu’il connut le motif de sa visite, s’en étonna et lui dit : « Tu sais que c’était moi qui jetais les ordures devant ta porte. Et tu viens t’enquérir de ma santé ? »

Et le prophète (S.A.W) répondit : « ALLAH nous a ordonné le bon voisinage et de prendre soin les uns des autres. »

C’est pour cela que j’insiste que la base de toutes les religions ce sont les droits de l’homme. Il est de notre devoir de se respecter mutuellement et voilà, le bon comportement et la bonne moralité que nous devons tous appliquer, car cela qui fait le charme de notre société.

Mais on dit que les religions sont fondamentalement sexistes et perpétuent la domination masculine. Qu’en pense la femme militante des droits humains ?
Jamais! Cela a été implémenté par les hommes machistes! La femme a toujours été le centre de toute chose, au fil des générations, toutes les religions ont favorisé la femme, car vous remarquerez que la femme a toujours été glorifiée, certaines à travers l’histoire et d’autres à travers des peintures de déesses. Plusieurs reliques montrent que la femme doit être côte à côte avec les hommes et non pas mise à l’écart. La société doit accepter que la religion et une femme qui s’élève pour ses droits se marient à merveille.

Toutes les religions ont favorisé la femme, car vous remarquerez que la femme a toujours été glorifiée, certaines à travers l’histoire et d’autres à travers des peintures de déesses.»

Dans ce projet où vous donnez votre contribution à temps partiel, vous êtes appelée à travailler sur l’espace Océan Indien. Les jeunes mauriciens ont-ils cette conscience indianocéanique ou sont-ils nombrilistes ?
Pas vraiment, les jeunes sont plutôt concernés à compléter leurs études et faire carrière en Europe ou aux États-Unis. Ils ne se sentent pas concernés par les instabilités politiques qui affectent l’Union des Comores et Madagascar. C’est chagrinant, car nous sommes tous citoyens de l’océan Indien. Il est temps de les sensibiliser via nos cours en ligne et nos campagnes.

Le projet DIS-MOI consiste en quoi?
C’est un projet en ligne de formation en droits humains qui consiste à promouvoir les droits de l’homme à l’échelle régionale; à Maurice Rodrigues, dans l’Union des Comores, à Madagascar et aux Seychelles. Ce projet de « South West Indian Ocean » a pour but de promouvoir les droits humains dans la région. Les avantages de cette formation en ligne : obtenir un certificat en éducation aux droits humains, acquérir une connaissance de ses droits afin que demain nous ayons 200 défenseurs des droits de l’homme qui se tiennent debout !

Après cette formation de 200 citoyens de l’océan Indien que compte faire DIS-MOI?
DIS-MOI compte promouvoir les droits humains et renforcer cette relation indianocéanique.  Après cette formation, DIS-MOI s’étendra pour former quatre branches à l’échelle régionale : Maurice Rodrigues, les Comores, Madagascar et Seychelles. Au final, ces 200 défenseurs des droits de l’homme, en cas de coup d’État, seront capables de gérer des situations, car ils connaissent déjà leurs droits humains. Cela permettra d’assurer le respect des droits constitutionnels.

DIS-MOI compte travailler sur l’indianocéanie et amener les citoyens de l’océan Indien à se rapprocher. Expliquez-nous cette démarche?
Nous avons mis en place le concept ‘Amicale des peuples de l’océan Indien’, considérant la Charte de l’autre page vous remarquerez qu’une page Facebook sera mise en place afin de promouvoir ces liens indianocéaniques entre peuples. Cette page aura pour but d’aider et de faciliter la communication entre les citoyens des îles de l’Océan Indien. Nous voulons apporter une sorte de Commission de l’océan Indien Citoyens. Il importe que nous les citoyens de la région nous soutenions mutuellement, car hélas, il y a beaucoup de manquement en ce qui concerne le rassemblement des États entre citoyens.

Question personnelle. On vous sent passionnée des droits humains. D’où vous est venue cette passion, mais surtout cette tolérance et cette ouverture d’esprit que l’on sent naturelle chez vous?
J’ai beaucoup de respect pour mes enseignants. L’un d’eux, c’est Me Erickson Mooneeapillay. Il m’a toujours soutenu dans ma vocation et m’a encouragée à exploiter le potentiel que j’ai en tant que femme militante. C’est lui qui m’a introduit à DIS-MOI et c’est de là que m’est venue cette passion de militer pour les droits de l’homme. Je me souviens de son conseil : ‘Les droits de l’homme sont la base de toutes les religions et le respect qu’on obtient en fin de compte est la chose la plus importante.’ Cette tolérance et cette ouverture d’esprit, je l’ai acquise au fil du temps, car j’ai compris que c’était facile de juger quelqu’un sans en avoir conscience de sa souffrance.

Le mot de la fin.
Je tiens à remercier toute l’équipe de DIS-MOI qui soutient à merveille ce projet et je suis certaine que nous pourrons faire de sorte que les valeurs humaines dans ces quatre îles soient respectées et soient consolidés les liens en tant que citoyens des îles de l’océan Indien.

 

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