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Questions à Dev Sunnasy, représentant de la Plateforme pour la liberté d’expression : «On instaure  une dictature»

Votre réaction après l’adoption à l’Assemblée nationale de l’IBA (Amendment) Bill malgré les vives contestations ?
Pour moi, c’est clair qu’on instaure une dictature, au regard de tout ce qui s’est passé et de comment cette loi a été amenée au Parlement par le Premier ministre en urgence. On a « kui vide » en une semaine. D’ailleurs, personne au niveau du gouvernement n’a pu expliquer quelle était l’urgence. 

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Malgré l’appel lancé au président de la République, Pradeep Roopun a donné son assentiment…
Le président n’est, en fait, qu’un « rubber stamp ». Il a démontré qu’il est le président du MSM et non celui de la République. Il a enfreint plusieurs sections de la Constitution en agissant de la sorte. En tant que président, il est garant de la Constitution. Or, il a validé des points mettant en péril la liberté d’expression. En tant que gardien, il a violé des droits acquis. Si demain, la justice nous donne gain de cause, il devra démissionner pour avoir donné son assentiment à une telle loi. 

Au lieu d’accepter le dialogue avec les contestataires, le gouvernement a préféré les ignorer. Est-ce normal dans une démocratie ?
La démocratie est « anbalao », comme disait l’actuel vice-Premier ministre Steven Obeegadoo quand il n’était pas au gouvernement. Ce n’est pas ainsi que fonctionne une démocratie. On ne peut pas imposer des choses. Il y a de gros investissements dans les radios. Désormais, celles-ci ont une épée de Damoclès au-dessus de la tête car elles ne savent pas si leur permis sera renouvelé ou pas. Ce n’est pas cela une démocratie. Il aurait fallu des discussions avec les acteurs concernés avant de prendre une décision. Les journalistes sentent déjà cette pression et doivent mesurer leurs paroles. Ils doivent faire attention. Est-ce cela la liberté d’expression ? Les obliger, en plus, à dévoiler leurs sources, c’est passer à une autre étape de la dictature. 

Me Rama Valayden et Raouf Khodabaccus ont été arrêtés. Est-ce un abus de la part de ceux qui sont au pouvoir ?
Le 25 novembre, j’ai fait une demande pour organiser un « rallye » le 3 décembre. Le 26 décembre, la police a répondu qu’elle ne nous donnait pas l’autorisation. J’ai saisi la Cour suprême. J’ai déposé une demande d’injonction en référé. Devant le juge en chambre, la police a fait marche arrière. J’ai fait une nouvelle application. On prépare désormais un nouveau « rallye » pour la semaine prochaine. Bien évidemment, ce sera dans le respect total des consignes sanitaires. Pour ce qui est des arrestations, cela démontre comment le pays fonctionne. On verra comment ça va évoluer. Toutefois, les policiers ne sont pas en tort. L’ordre vient d’en haut. Et la population est en colère. 

Quelle sera la suite des événements ?
On a manifesté devant la State House ce samedi. Parce qu’on est dans une république bananière. Il y a une différence entre le président et la présidence. La présidence est une institution qui se respecte, alors que le président ne mérite pas le respect. On prépare notre « rallye » de la semaine prochaine. On a aussi une vidéoconférence avec des organisations internationales. Il y aura encore d’autres activités à l’agenda. Notre objectif est de continuer à militer jusqu’à ce que le gouvernement retire cette loi. Avec l’opposition parlementaire et extraparlementaire, on travaille ensemble pour entamer une action en justice le plus tôt possible. 

 

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