Interview

Questions à Kentish Moorghen, Chartered Valuation Surveyor et CEO de Prime Pillar: «Le secteur de la construction doit être règlementé»

L’absence de législation dans le secteur de l’immobilier et de la construction fait du tort au pays, estime Kentish Moorghen. Il est d’avis que cette lacune a contribué à une hausse démesurée des prix.

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Est-ce que le pays fait face à une surabondance dans l’immobilier commercial ?

Avec l’avènement de la cybercité d’Ebène, nous avons assisté à une migration de Port-Louis vers Ebène. Cet endroit s’est transformé en un Central Business District. Alors que dans la capitale, les espaces bureaux ont été désertés, à Ebène, des promoteurs, voyant l’intérêt, ont investi dans de nouveaux bâtiments. Il y a eu une surabondance d’espaces. Le loyer est passé de Rs 70/pied carré à Rs 35/pied carré si on négocie bien. Aujourd’hui, on envisage de bouger vers une autre partie du pays. Ce sera la même chose. Maurice dispose d’une population de 1,3 million habitants, et non de 25 millions. Cela fera davantage d’espaces inoccupés, de moins de moins de retour sur investissement, l’incapacité des promoteurs à générer des profits et à rembourser leurs dettes. Ce sera un cercle vicieux.

Qu’en est-il du secteur résidentiel ?

Sur le volet résidentiel, nous constatons une surabondance dans l’offre pour des résidences dépassant les Rs 5 millions. Tous les Mauriciens ne peuvent pas  se permettre de vivre dans un appartement de Rs 18 millions, au dernier étage d’un bloc résidentiel. Il faut pouvoir proposer des prix dans la fourchette de Rs 3 millions à Rs 5 millions.

Qu’est-ce qui a contribué à cette situation ?

Si nous en sommes arrivés là, c’est parce qu’il y a une absence totale de règlementation dans le secteur. Il y a une absence de planification. Tout le monde est courtier. Tout le monde connaît la valeur réelle d’un lopin de terre. Tout le monde sait tout. Cela a contribué, dans une grande mesure, à une inflation artificielle des prix. S’il y avait une instance régulatrice – comme c’est le cas pour les banques et les compagnies d’assurances – on aurait affaire à des personnes qui connaissent les réalités du marché.

Est-il trop tard pour faire marche arrière ?

Il y a une pagaille dans le secteur. Si on n’intervient pas de manière rapide et efficace, on risque de faire face à une crise de l’immobilier. Il faudrait d’abord qu’on commence à consolider ce qu’on a.

 

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