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Radicalisme, extrémisme, terrorisme

Qu’on le veuille ou pas, les coups de feu tirés sur l’ambassade de France et l’hôtel Le Saint-Georges constituent un acte terroriste, dont les auteurs, quels qu’ils soient, doivent être punis comme il se doit et mis hors d’état de nuire. Au vu d’autres événements tragiques qui ont tant bouleversé le pays dans le passé – Gorah Issac, L’Amicale… –, notre société pluriethnique n’est certainement pas à l’abri d’autres actes de barbarie et de violence. Combien de Mauriciens ont effectué ou effectuent actuellement le jihad en Syrie ou en Afghanistan ? Y a-t-il un suivi après leur retour au pays ? Qu’en est-il de notre sécurité dans son ensemble ? Ces quelques pertinentes auraient pu faire l’objet de la Private Notice Question du leader de l’opposition mardi dernier. Mais manifestement, un tel sujet n’est pas accrocheur d’un point de vue électoral. Paul Bérenger a même tenté de minimiser l’événement en le qualifiant  « d’acte isolé ». Quoi qu’il en soit, les actes terroristes doivent tous nous interpeller. Ils nous rappellent le danger que représente une société hétérogène, toujours en proie à des tensions latentes et à l’instabilité, qui prolifèrent dans un milieu social en mal de valeurs et caractérisé par un délabrement moral et des inégalités croissantes. La Déclaration du millénaire, adoptée en septembre 2000 par l’Organisation des Nations unies, stipule que « la mondialisation ne sera profitable à tous, de façon équitable, que si un effort soutenu est consenti pour bâtir un avenir commun ». Or, la notion d’équité aujourd’hui ressemble plutôt à un mirage, que ce soit au niveau global ou national. Et quand l’économie n’arrive plus à résoudre les problèmes de base auxquels est confrontée une population au quotidien, c’est vers la religion que certains se tournent en quête d’une alternative à la gouvernance politique. Et ce, quitte à inventer de nouveaux prophètes ! Ainsi, dans les circonstances actuelles, il n’est guère surprenant de constater que les phénomènes de l’extrémisme et du radicalisme continuent à grignoter du terrain dans de nombreux pays occidentaux. Pour preuve, l’Autriche ayant failli d’un cheveu faire élire un candidat de l’extrême droite à la présidence, il y a quelques jours. En France, tous les sondages indiquent que Marine Le Pen sera présente au second tour de la présidentielle française l’an prochain. L’on peut être d’accord ou pas avec la décision de la France de participer au bombardement des positions du groupe État islamique (EI) en Syrie, mais rien ne permet de  justifier les actes de barbarie et d’atrocité perpétrés par des terroristes sanguinaires, que ce soit sur le sol français, comme au Bataclan le 13 novembre dernier, ou ailleurs. La loi de la terreur ne fait qu’engendrer et exacerber la violence sous toutes ses formes. Et les victimes, dans la plupart des cas, ne sont que des innocents, femmes et enfants compris. Certes, la situation en Syrie est hautement préoccupante mais il convient de constater que si ce pays ressemble ces jours-ci à une véritable poudrière, c’est incontestablement à cause de l’incapacité, voire un manque aigu de volonté, de la part de la communauté internationale à se mettre d’accord afin de dégager une stratégie commune face à cette guerre fratricide qui a déjà fait plus de 300 000 morts et environ deux millions de réfugiés en Europe et ailleurs. Force est de reconnaître que si le groupe EI a pris de l’ampleur ces dernières années, pour devenir ce qu’il est aujourd’hui, c’est dû, dans une grande mesure, à la politique géostratégique ambivalente des Occidentaux eux-mêmes, des Américains en particulier. En effet, à l’instar des Talibans, que les États-Unis soutenaient militairement dans les années 80 pour faire front aux gouvernements prosoviétiques en Afghanistan, le groupe EI profitait du chaos créé par les alliés occidentaux en Irak après 2003 pour étendre ses tentacules dans cette région du monde. Il est malheureux que la chance inouïe qui s’était présentée en 2009 à Barack Obama, de surcroît prix Nobel de la paix, pour marquer une rupture avec le passé de son prédécesseur et jeter de nouvelles bases des relations internationales fondées sur la confiance et la solidarité, a tout bonnement été gaspillée. Il passera le témoin en janvier prochain, à Donald Trump ou Hillary Clinton, en laissant la situation politique sur le plan global dans le même état qu’il l’avait trouvée en 2009.
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