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Rallye: piloter, c’est bien se conduire

On ne s’improvise pas pilote de rallye. Les adeptes des sports automobiles n’ont qu’un mot à bouche : sécurité. Un aspect indissociable de la course… «Nou ti pe fer rallye. » C’est ainsi que Barlen Mardaymootoo, alias DJ Given, explique ce qui s’est passé samedi dernier sur l’autoroute du Nord, à hauteur de Forbach. En compagnie de Mathieu Coret, un autre mordu de la vitesse, ils ont pris le bitume pour leur terrain de jeu. Résultat des courses : deux morts. Il y a vitesse et imprudence… Le rallye est une discipline du sport automobile et qui dit discipline, dit règles et sécurité, font ressortir les adeptes des sports mécaniques. « Une course automobile ne s’improvise pas », souligne d’emblée Abdus Modarbocus, président de Motor Racing Events (MRE), organisateur de rallye. « À Maurice, il suffit d’avoir un pot d’échappement bruyant pour penser que vous êtes au volant d’une voiture de course et que cela fait de vous un pilote de rallye. Il existe des normes de sécurité et un code de conduite imposés aux pilotes. Nous avons besoin de l’aval du commissaire de police et du ministère des Infrastructures publiques pour tenir ces événements. Nous travaillons en étroite collaboration avec la police. » Les parcours dédiés aux rallyes à Maurice sont : Plaine-Champagne, La Nicolière, Bassin-Blanc, Clémentia, Bras-d’Eau, Nouvelle-Découverte, Chamarel, Baie-du-Cap. « L’appel à participation se fait à travers les réseaux sociaux, et les pilotes sont convoqués pour des briefings », explique le président de MRE. Notre interlocuteur ajoute que le rallye est une question de passion : « Il n’y a pas d’argent en jeu. Le vainqueur reçoit un trophée, c’est tout. » La MRE compte 120 adhérents. « Il n’y a pas de tranches d’âge spécifiques, mais le participant doit fournir un certificat médical indiquant qu’il ne souffre d’aucun problème de santé. De plus en plus de jeunes (dont les filles) s’intéressent aux rallyes. C’est une tendance que j’encourage, car c’est une activité saine. Les événements que nous organisons se transforment souvent en grande réunions familiales », dit-il.  

Road Trip/Tuning

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Abdus Modarbocus déplore les rallyes clandestins. « Il est vraiment malheureux qu’il n’existe pas de circuit automobile adéquat pour ce type de rallye. Les jeunes se défoulent sur nos routes, inconscients des risques. Il est temps que les autorités aménagent un circuit approprié et mettent des facilités à la disposition des amateurs de courses », affirme-t-il. Manveer Aubeeluck, co-fondateur de la United Mauritian Tuners (UMT), avance qu’il y a un certaine confusion parmi les non-initiés concernant les voitures « réglées ». « La UMT est une plate-forme qui réunit les passionnés de ‘tuning’. Les gens ont tendance à croire que ces voitures ne sont utilisées que pour des rallyes. Ce n’est pas vrai. Notre association regroupe des propriétaires de voitures ‘tunées’.
[panel contents="« Il n’y a pas de chiffres officiels concernant les rallyes clandestins, souligne l’inspecteur Shiva Cooten. Mais il convient de rappeler que les conducteurs qui participent à des courses illégales encourent une amende n’excédant pas Rs 1 000. » Le policier énumère les procédures à respecter pour l’organisation d’un rallye à Maurice : « Le lieu de l’événement, le profil des pilotes, le type de voitures engagées dans la course… Tout cela est pris en considération. Ce n’est qu’une fois que la Traffic Branch est satisfaite que toutes les conditions sont remplies que les organisteurs recevront le feu-vert du commissaire de police. Le jour du rallye, des policiers sont postés sur le circuit. » " label="Amende de Rs 1 000" style="info" custom_class=""]
[row custom_class=""][/row] Nous sommes conscients que celles-ci ne sont pas des voitures de course. Nous organisons régulièrement des ‘Road Trip’. Il n’y a pas de ligne d’arrivée ni de chrono. Nous nous assurons d’avoir le feu vert de la Traffic Branch », avance Manveer Aubeeluck. [row custom_class=""][/row]  

Gregory, Raphaëlle et Anouchka, fous du volant

  [[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"1207","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-1065","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1920","height":"1080","alt":"Gregory, Rapha\u00eblle et Anouchka"}}]]   Mordus de sport automobile, ils se défendent d’avoir une conduite imprudente sur la route.  Gregory, Raphaëlle et Anouchka racontent leur passion pour la mécanique et la vitesse. Ils insistent sur l’aspect sécuritaire des courses. Petits déjà, Gregory et Raphaelle Toulet accompagnaient leur père Guy pour assister à des rallyes automobiles à La Nicolière et à Chamarel. Aujourd’hui, Gregory pilote une ‘Citroën AX GT 1.6’. « La vitesse est réservée exclusivement pour les circuits de course, précise le jeune pilote. J’aime le rallye, même si c’est un sport à risque. La montée d’adrénaline est incomparable. Cela me donne la possibilité d’appuyer sur le champignon dans un cadre sécurisé. » En 2003, Gregory fait ses débuts comme copilote aux côtés de son père. « Depuis 2013, je participe aux rallyes en tant que pilote, avec Jérôme Gourrège », relate-il. L’année dernière, le jeune homme demandera à sa sœur de l’accompagner sur le circuit de Bassin-Blanc à La Pipe. Raphaëlle accepte volontiers. « C’était une expérience enrichissante. La course avait  commencé un samedi soir pour finir le dimanche après-midi », confie la jeune étudiante en management. La sécurité, souligne Raphaëlle, est un aspect incontournable des courses. « Les risques d’accident sont ainsi minimisés… » Un discours que tient également Anouchka Delaire, copilote depuis deux ans. « D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle mes parents m’encouragent. Ils n’ont aucune appréhension car ils savent que je suis en sécurité », dit-elle. Avec Kjel, son fiancé, ils forment « un binôme de choc ». « Nous sommes champions de notre catégorie», ajoute-t-elle. La jeune femme qui travaille dans la finance  caresse le rêve de devenir un jour pilote.  

Course contre la mort

  [[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"1205","attributes":{"class":"media-image alignleft wp-image-1064","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"400","height":"515","alt":"Course contre la mort"}}]]Tout comme Dj Given, et Mathieu Coret, ils sont des centaines d’adeptes de la vitesse sur nos routes. Ils se lancent des défis clandestins dans des lieux isolés. « Tous les jours, il y a de telles courses contre la mort à travers l’île. Des fous de la vitesse modifient des voitures de série pour défier sur la route les chauffeurs qu’ils croisent », explique un policier de la Road Safety Unit.  «  Ils appuient sur le champignon et peu avant les radars de vitesse, ils ralentissent, puis accélèrent de nouveau… » Ces amateurs de frisson sont-ils conscients de mettre la vie d’autrui en péril ? Propos sibyllins de Barlen Mardaymootoo aux policiers qui l’interrogeaient : « Mo ti pe met paryaz ar Mathieu. Monn pass dan enn cizo… » Le slalom entre les véhicules (‘cizo’) fait monter l’adrénaline, confie Kevin, un amateur du genre. « Tu lezur mo pass dan cizo. C’est le comble du plaisir. Il faut être un excellent pilote, avoir une bonne vision et de bons réflexes. L’accident peut intervenir à n’importe quel moment. Je suis sur la droite, je jauge et puis je me rabats sur la gauche, puis de nouveau sur le ‘fast lane’ », dit-il. Chaque week-end, les mordus du « run » se donnent rendez-vous dans la nuit pour pratiquer leur sport favori, sur 400 m de ligne droite. Lors de ces duels, la puissance du moteur souvent ‘gonflé’, les réflexes du pilote sont les clés de la victoire. Le lieu et l’heure des duels sont tenus secrets et ne sont communiqués qu’à la dernière minute aux initiés : Midlands/ Jin Fei/ Terre-Rouge-Verdun/ Ébène. Les terrains de prédilection de ces « exploits » varient, pour ne pas se faire prendre. Lors d’un « run », la route est barrée à hauteur de la ligne d’arrivée. Cela pour parer à toute éventualité. Les voitures déboulant parfois à plus de 180 km/h. Shanawaz C., est un amateur de vitesse. Il avait, fait parler de lui, il y a quelques années, pour avoir foncé sur un des motards qui escortaient  la voiture du vice-Premier ministre d’alors. Il a participé à ces courses clandestines. « Les amateurs de vitesse n’ont pas de circuit automobile à leur disposition. Il faut donc se rabattre sur les routes non sécurisées.» Et notre interlocuteur de suggérer : « Les pièces permettant les modifications devraient être interdites. La structure des voitures ne doit pas subir de modification et les normes des constructeurs doivent être respectées pour garantir la sécurité et la fiabilité des engins. En cas de modification (homologuée), les autorités devraient autoriser l’utilisation de ces bolides (qui filent à 150 km/h) en un lieu et à une heure définie», estime Shanawaz C.

Hit and Run DE Forbach - Six jours chrono

Samedi

  • 7 h 15 - Le couple Shamloll est à motocyclette lorsqu’il est mortellement percuté par deux voitures à Forbach.
  • Midi - La police retrouve une Kia noire, appartenant à Richard Duval, dans un champ de canne à 350 mètres du lieu de l’accident.
  • 14 heures - Richard Duval et son chauffeur Mahamudkhan Jamalkhan sont entendus par la police. Ils seront autorisés à partir.
 

Dimanche

  • 10 heures - Funérailles émouvantes d’Arvind et Manisha Shamloll au cimetière de Laventure.
  • 10 h 30 - Arrestation de Mahamudkhan Jamalkhan par le Central CID.
 

Lundi

  • 9 h 15 - Mahamudkhan Jamalkhan est de nouveau interrogé.
  • 12 h 10 - Richard Duval arrive dans les locaux du CCID, accompagné de ses hommes de loi, Assad Peeroo et Nicolas Henry.
  • 14 heures - Mahamudkhan Jamalkhan est conduit au tribunal de Pamplemousses, où il sera provisoirement inculpé de « conspiracy to hinder police enquiry». La police objecte à sa remise en liberté conditionnelle.
  • 14 h10 - Sharon L., soupçonnée d’avoir été en compagnie de Richard Duval, arrive aux Casernes centrales.
  • 14 h15 - Les limiers de la Field Intelligence Office (FIO) de la Northern Division effectuent une descente au domicile d’un habitant de Fond-du-Sac. Ils procèdent à l’examen de deux voitures, une Honda Civic et une Mercedes.
  • 15  heures - Après avoir été entendu, Richard Duval est autorisé à partir. Aucune charge n’est retenue contre lui.
  • 15 h 30 -  Mathieu Coret et son père se présentent aux Casernes centrales. Les limiers procèdent à l’arrestation du fils.
  • 16 h 45 - Sharon L. quitte les locaux du CCID.
  • 21heures - Mathieu Coret avoue son implication dans l’accident.Il faisait la course avec Barlen Mardmaymootoo, alias DJ Given, quand  sa voiture a frôlé la motocyclette du couple Shamloll.
 

Mardi

  • 11 h 30 - Mahamudkhan Jamalkhan, le chauffeur  de Richard Duval, obtient la liberté conditionnelle après deux jours en cellule policière.
  • 12 h 15 - Mathieu Coret retourne au CCID après sa comparution devant le tribunal de Pamplemousses.
  • 14 heures - Barlen Mardaymootoo, accompagné de Me Ashwin Kandhai, se rend au CCID. Il reconnaît avoir fait la course avec son ami Mathieu Coret.
 

Mercredi

  • DJ Given comparaît devant le tribunal de Pamplemousses, sous une accusation provisoire de conduite dangereuse ayant causé mort d’hommes. Il retourne au CCID pour la suite de son interrogatoire.
  • Un tôlier est interrogé. Il soutient avoir changé le moteur de  la voiture d’un des suspects.
 

Jeudi

  • Midi - L’exercice de reconstitution des circonstance de l’accident a lieu. Barlen Mardaymootoo est le premier à s’y soumettre. Cela sous forte surveillance policière. Il a indiqué dans les moindres détails son parcours le jour de l’accident. À Forbach, il a essuyé les menaces et injures des proches de Manisha Shamloll.
  • 15 heures - C’est au tour de Mathieu Coret de revenir sur le lieu de l’accident.

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Le CCID attend le rapport des experts

Le rapport du Forensic Science Laboratory (FSL) sur les voitures impliquées dans l’accident de Forbach se fait toujours attendre. Un pneu complètement usé et endommagé, retrouvé sur le siège arrière d’une des véhicules, intéresse particulièrement les enquêteurs. Ces éléments seront versés dans les dossiers à charge. C’est grâce à des images de caméra de surveillance que la police est remontée jusqu’aux suspects Mathieu Coret et DJ Given.  Ils ont reconnu avoir frôlé la motocyclette du couple décédé et sont maintenu en déténtion policière.
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