Interview

Raoul Gufflet, directeur général adjoint à la MCB : «Il faut repenser les filières exportatrices et les sophistiquer»

Raoul Gufflet

Quel est le dynamisme de l’économie locale ? Raoul Gufflet, directeur général adjoint au sein de la MCB, nous en donne la réponse, tout en survolant le rapport ‘Lokal is Beautiful’, dévoilé par l’organisme le 23 janvier dernier.

Publicité

Quelle est l’importance de l’étude commanditée par la MCB, basée sur les fuites économiques et la dynamisation de l’économie locale ?
Notre étude a une double importance. Externe, dans une perspective de rééquilibrage de notre modèle de développement économique très inscrit dans la mondialisation. L’intention est de démontrer l’importance de l’économie locale et le risque qu’il y aurait à la négliger en investissant moins que ce qu’il faut.

Interne dans le sens où, pour la MCB, il s’agit d’ancrer et nourrir la réflexion sur le premier pilier de notre stratégie ‘Success Beyond Numbers’ : contribuer à une économie locale dynamique. Cette réflexion débouchera ensuite sur des actions menées dans notre périmètre.

Le rapport ‘Lokal is Beautiful’ a mis l’accent sur une économie inclusive et circulaire. Est-ce important pour le développement de Maurice ?
Permettez-moi de faire une référence au rapport que je recommande à tout le monde de consulter. Celui-ci est disponible en accès libre sur le site www.lokalisbeautiful.mu : son constat est éloquent : 1/3 des écarts de richesse entre les territoires s’expliquent par le dynamisme de l’économie locale, qui est en effet plus inclusive (elle fait circuler et donc répartit les richesses sur le territoire) et plus circulaire (les nouveaux modèles économiques motivés par le digital sont aussi plus écologiques). À Maurice, il est préoccupant de voir que l’effet multiplicateur, c’est-à-dire notre capacité à conserver les richesses qui entrent et à les faire circuler, est en baisse tendancielle, et ce, depuis des années.

Le rapport propose aussi une émancipation des PME. Vers quels types d’entreprises nous dirigeons-nous ?
Les entrepreneurs de territoire existent déjà : ils s’engagent et innovent sur les pistes évoquées par l’étude, pour rendre notre île plus fabricante, plus circulaire, plus écologique, plus smart et à plus forte valeur ajoutée. L’enjeu est de mieux les soutenir, par des moyens financiers, mais aussi par le biais d’actions plus concrètes d’accompagnement, de ‘mentoring’ ; la création d’académies de l’entrepreneuriat ; la mise en relation en essayant de créer des partenariats entre les grands groupes, entreprises existantes et des start-up ; la mise en réseau des consommateurs et producteurs, entre autres.

C’est sur ces sujets que notre groupe entend s’engager. Nous sommes résolument décidés à agir comme des pollinisateurs, qui aident à l’émergence de chaînes de valeur, en collaborant pour mieux exploiter les capacités disponibles.

Selon vous, quelle tendance suivra l’économie mauricienne dans quelques années ?
À mon avis, les démarches sont assez simples. Il nous faudra repenser les filières exportatrices, les sophistiquer et mieux les ancrer localement. C’est tout l’enjeu d’une économie locale forte. Une économie qui se différencie sur les marchés internationaux avec des produits plus complexes, à plus forte valeur ajoutée, qui repose sur des réseaux de savoir-faire locaux, mais aussi une économie capable de mieux garder la valeur ajoutée contenue dans les exportations.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !