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Rashid Jogee ou la soif d’apprendre : il obtient son MBA à 80 ans

Rashid Jogee aux côtés de sa fille Sultana. Rashid Jogee aux côtés de sa fille Sultana.

Il ne fait pas son âge, ni physiquement ni mentalement, car Rashid Jogee est un homme dynamique, une bibliothèque ambulante, pour qui l’apprentissage a une dimension universelle. Pendant  quelques instants, il a quitté ses bouquins pour nous laisser immiscer dans son univers. Une rencontre riche et inspirante…

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« J’ai toujours aimé les affaires internationales et j’ai eu aussi l’occasion d’écrire pour plusieurs journaux locaux »

« On commence à vieillir quand on finit d’apprendre » dit un proverbe japonais. Si Rashid Jogee tarde à vieillir c’est sans doute parce qu’il est loin d’avoir fini d’apprendre. Et attention, pour lui apprendre est loin d’être un vain mot. Il vient de décrocher son MBA en Educational Leadership et ce, à 80 ans ! Étudiant à l’Open University of Mauritius, la cérémonie des remises des prix a eu lieu jeudi dernier après deux ans de cours. Il y était accompagné de sa fille, Sultana et sa sœur, Bibi Hawa. Comme Confucius, il pense que celui qui aime apprendre est proche du savoir.

Après une riche carrière dans le domaine éducatif, d’abord en tant qu’enseignant puis en tant que recteur, Rashid Jogee, a également été à la tête du collège Royal de Curepipe de 1996 à 2002. Lorsqu’il y a une vingtaine d’années il prend sa retraite, pas question de s’arrêter là. Rempli de générosité et ressentant toujours le besoin de partager ses connaissances aux autres, il travaillera comme enseignant dans un collège privé.

Puis, il y a trois ans, il se dit qu’il est temps de passer à autre chose. Mais que faire ? Il a déjà fait des études à l’Université de la Sorbonne, également dans une université anglaise, il se renseigne et suite aux conseils de quelques amis, il décide de s’enregistrer à l’Open University of Mauritius dont le campus se trouve principalement à Réduit. « J’ai été agréablement surpris de me voir que les cours étaient d’un très haut niveau. J’ai eu la chance d’avoir des excellents conférenciers et surtout de constater que dans la classe il y a avait réellement un esprit de camaraderie ». Il se rappelle encore de ses premiers jours et de l’étonnement des autres élèves lorsqu’il s’est présenté et a dit son âge. « Ils m’ont dit qu’à mon âge, ils seront surtout pas là ! Ils étaient une cinquantaine et tous très jeunes » rit-il.

Rashid Jogee nous avoue avoir eu quelques difficultés au début, mais très vite il s’est rattrapé : « Il m’a fallu quand même un peu de temps, car il est vrai que ce n’est pas facile de reprendre les études après tant d’années. Je me suis donné à fond. J’ai fait beaucoup de recherches, de lecture. Les cours avaient lieu toute la journée de samedi ».

« Si vous voulez éviter un Alzheimer mieux vaut continuer à faire travailler les méninges. Apprendre nous permet également de rester en bonne santé. On se sent bien »

Un amoureux des infos depuis qu’il a 7 ans

Dans la famille Jogee, l’éducation a toujours eu une place des plus importantes. Rashid nous explique que ses parents ont toujours mis l’accent sur l’importance de l’éducation. « À la maison, il y avait toujours des livres. Mes parents, je me le rappelle très bien, avaient insisté à l’époque pour que toutes mes sœurs aillent à l’école. Dans ces temps là, les familles n’envoyaient pas leurs filles étudier. Mes parents avaient subi beaucoup de pression. On leur disait de les marier. Mais ils ont été fermes et mes sœurs et moi avons tous été scolarisés. Certaines sont aujourd’hui en Angleterre, où elles ont travaillé comme lecturer, membre de la Royal Air Force ou encore secrétaire du ministre de l’Éducation en Grande Bretagne. Celle qui est restée à Maurice à quant à elle fait une longue carrière à la municipalité », raconte-il.

La réussite des enfants fait la fierté de Zuleka Jogee, aujourd’hui âgée de 96 ans, une charmante dame que nous avons eu le plaisir de rencontrer. Très lucide, elle ne manque pas elle aussi de raconter comme elle les a poussés à se dépasser. Rashid se rappelle encore qu’à 7 ans, sa mère avait des difficultés à le faire sortir, car il voulait toujours écouter la radio. « Il n’y avait pas de télé à l’époque. J’étais amoureux de la radio et j’aimais écouter les informations internationales ».

« Le système éducatif produit des robots »

Le Monde fascine toujours Rashid qui ne manque pas une occasion de suivre les nouvelles internationales. Il aime regarder CNN ou encore la BCC et tous les jours il lit ses revues internationales. « J’ai toujours aimé les affaires internationales et j’ai eu aussi l’occasion d’écrire pour plusieurs journaux locaux. » Il s’intéresse aussi bien évidemment aux affaires du pays surtout à l’éducation.

« Je suis triste de voir de nombreux étudiants ne pas arriver jusqu’au HSC. Comment peut-on continuer avec un système qui fabrique autant de rejets ? Ces promotions automatiques font beaucoup de mal à nos enfants. Ce système ne répond pas aux besoins du monde moderne. Nous restons scotchés à une éducation purement académique qui est en déphasage avec ce que le pays a besoin. Notre système éducatif ne produit que des robots qui n’arrivent pas à trouver des solutions face aux problèmes. Les jeunes ne savent plus se servir de leurs mains », déplore-t-il.

Son message aux personnes âgées : « Si vous voulez éviter un Alzheimer mieux vaut continuer à faire travailler les méninges. Apprendre nous permet également de rester en bonne santé. On se sent bien ».
Que compte-t-il faire maintenant ? Pour le moment, il ne s’est pas encore attardé sur la question, mais l’on sait qu’on n’a pas fini d’entendre parler de lui…

 

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