Interview

Ravi Rutnah sur la commission d’enquête : «Ce n’est pas du bashing contre l’ex-Présidente»

Ravi Rutnah

Le député du Muvman Liberater, Ravi Rutnah, est d’avis que la commission d’enquête nommée dans l’affaire Ameenah Gurib-Fakim est une bonne chose, mais n’est aucunement un règlement de comptes personnel contre elle.

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Finalement, le Premier ministre a pris tout le monde de court en nommant une commission d’enquête. Commentaires ?
J’accueille la décision du gouvernement de nommer une commission d’enquête dans l’affaire Ameenah Gurib-Fakim. Une commission d’enquête est nommée quand certaines choses interpellent l’État. Exemple, quand la Présidente refuse de démissionner comme elle l’avait prévu. Elle a été mal conseillée et a causé du tort à l’État. En sus la décision de nommer une commission d’enquête sans consulter le Cabinet était anticonstitutionnelle. Il faut savoir qui a prodigué des mauvais conseils à la Présidente pour agir contre le pays. C’était comme un État dans un État.

La commission d’enquête se penchera uniquement sur Ameenah Gurib-Fakim et non sur Alvaro Sobrinho. N’est-ce pas du Fakim bashing ?
Ce n’est pas du bashing contre l’ex-Présidente. Elle s’est laissée piéger, des personnes l’ont utilisée pour mettre le pays en otage. Mais, Ameenah Gurib-Fakim a aussi pris part à ce complot.

Que vous fait le départ d’Ameenah Gurib-Fakim de la présidence ?
C’est le meilleur service qu’Ameenah Gurib-Fakim ait pu rendre au pays, après tout ce qui a été dit sur elle... Puis il y a eu son comportement.

Qu'est-ce qui vous turlupine ?
La façon dont elle a utilisé, à des fins personnelles la Platinum Card plus de 63 fois, si je ne me trompe, avec un montant colossal. Sa crédibilité a été entachée par ses actions et Madame la Présidente n’avait d’autre choix que de rendre son tablier. Son choix réconforte la population, mais elle sera reconnue dans l’histoire comme une Présidente qui a failli et qui a bafoué la Constitution.

Est-elle une honte pour le pays et particulièrement pour le ML ?
Vu son poste et son attitude à la suite des allégations, cela démontre qu’Ameenah Gurib-Fakim n’a pas d’expérience ni politique, ni légale. Il y a des choses qu’elle a faites par naïveté. Il y a aussi des gens qui lui ont monté la tête.

L’opposition attaque le ML pour atteindre le PM»

Est-ce une honte ?
C’est honteux pour une intellectuelle de ne pas réfléchir avant d'agir. Toutefois, elle n’a pas dépassé le seuil d’une honte nationale. Elle nous a déçus. Linn fane.

Pourtant c’est une nomination du ML, le choix personnel d’Ivan Collendavelloo…
Ameenah Gurib-Fakim est un choix du ML. C’est pour cela que cela m’affecte personnellement. Je ne croyais pas, au début aux allégations parues. Toutefois, j’ai été le premier au sein du gouvernement à dire que si les allégations sont fondées, la Présidente devra démissionner. Je suis blessé, car le ML lui a offert la Présidence sur un plateau, alors que nous tous au sein du ML, on a galéré « lor koltar » en menant campagne pour être élus. L’ex-Présidente ne nous a jamais reçus et ne s’est jamais intéressée à rencontrer nos membres qui l'ont aidée à être le chef de l’État.

Aurait-elle dû s’excuser auprès de la population au lieu d’agir comme elle l’a fait ?
Si Ameenah Gurib-Fakim s’était excusée, puis s'était expliquée sur les circonstances dans lesquelles elle a utilisé la Platinum Card et avait soumis sa démission, la population dans son ensemble lui aurait pardonné sa naïveté et demandé de ne pas partir. Son comportement l’a rendue ridicule.

S’est-elle fait piéger ?
Quand elle a nommé la commission d’enquête, elle s’est fait piéger par des avocats qui l’ont mal conseillée par rapport à l'article 64 (1) de la Constitution et la Commission of Inquiry Act.

Le frottement avec Alvaro Sobrinho a-t-il fait des dommages collatéraux pour l’ex-Présidente ?
Ce frottement était innocent. D’autres l’ont fait, comme Aurore Perraud, Ivan Collendavelloo. C’était de bonne foi de la part de tous, car Alvaro Sobrihno se présentait comme un homme qui voulait investir massivement. Plus d’un milliard de roupies, ce, durant une période où le pays passait par des moments difficiles économiquement. « Kan pena manze dan lakaz, pa kapav get moralite ».

Est-ce à dire qu’on doit cautionner, accepter qu’Alvaro Sobrinho vienne blanchir son argent à Maurice ?
À l’époque, quand SAJ disait que « moralite pa ranpli vant », c’était qu’il était obligé d’accepter le riz de Taïwan parce que le peuple souffrait. On a un devoir de ne pas abuser le principe de moralité. Mais, dans le cas d’une situation « life and death », c’est l’instinct humain qui prime.

Que faites-vous de la due diligence ?
On a reçu Alavaro Sobrinho de bonne foi. Et quand la due diligence a été faite sur lui, on a pris immédiatement nos distances. Nou finn batt karte.

Quelles sont les relations entre le MSM et le ML depuis cette crise au sommet ?
Elles sont excellentes. Il n’y a que des rumeurs distillées par l’opposition propagandiste pour faire accroire qu’il y a des frictions entre le MSM et le ML.

Ces mêmes rumeurs attestent que le MSM a un dossier solide contre Ivan Collendavelloo pour lui montrer la porte de sortie. Commentaires ?
Si le MSM a effectivement un dossier compromettant contre Ivan Collendavelloo, qu’il le rende public ou le dépose aux Casernes centrales et que chacun assume ses responsabilités.

Avez-vous l’impression que l’opposition s’acharne contre le ML pour le pousser hors du gouvernement ?
S’il y a quelqu’un au sein du ML qui a fauté, qu’il paie les conséquences de ses actes. À titre d’exemple, le cas de Vijaya Sumputh. Si les paramètres légaux disent qu’elle doit rembourser l’argent de son salaire ou encore la taxe sur sa voiture, elle se doit de le faire. L’opposition attaque frontalement le ML pour donner la perception qu’il y a une division au sein du gouvernement. Mais, il n’en est rien. Pour déstabiliser Pravind Jugnauth, l’opposition s’en prend au ML. Je dis à cette opposition qu’il faut qu’elle marche sur le cadavre, « our dead body » avant d’atteindre le Premier ministre.

Si Ivan Collendavelloo part ou est poussé vers la sortie, le suivrez-vous ?
Un départ du ML du gouvernement n’est pas à l’agenda. On donne l’assurance que le MSM et le ML iront jusqu’au bout de leur mandat. L’opposition fait tout pour casser le gouverner, mais elle ne pourra pas gouverner comme on le fait.

Dans l’éventualité d’une alliance entre le MSM et le MMM, le ML ne fera pas partie dans l’équation. Que fera alors votre parti ?
Le ML ne sera pas hors d’une telle équation. Vous serez étonné.

 

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