Economie

Relations internationales : Maurice cible un accord de  libre-échange avec les États-Unis

Le chef de la diplomatie mauricienne (à g.) lors du cinquième round de négociations sur le CECPA, à Balaclava, en juillet dernier.

Après des accords finalisés avec la Chine, l’Inde et la Grande-Bretagne en 2018, Maurice a les États-Unis dans sa ligne de mire. Les discussions entre les deux pays ont déjà démarré.

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Le ministère des Affaires étrangères, de l’intégration régionale et du commerce international voudrait frapper un nouveau grand coup en diplomatie économique. Dans les milieux concernés, on évoque les actions entreprises pour que Maurice soit le premier pays africain à négocier un accord de libre-échange avec les États-Unis, première économie mondiale. La partie mauricienne a déjà soumis ses propositions. L’année prochaine, on devrait s’attendre à une accélération des échanges et discussions.

D’abord, l’accent sur l’élaboration d’un accord de libre-échange revêt d’une signification particulière, explique-t-on dans les couloirs diplomatiques. Passé le cap de 2025, les États-Unis ont affirmé que l’Africa Growth and Opportunity Act ne sera pas renouvelé. L’AGOA, rappelons-le, est un texte de loi américain de mai 2000 visant à aider les économies de l’Afrique sub-saharienne à améliorer les relations économiques entre les États-Unis et la région. 

Cette loi votée sous la présidence de Bill Clinton a aidé les compagnies mauriciennes à diversifier sans contrainte leurs marchés d’exportations. Qui plus est, le respect des règles d’origine et la stabilité économique et politique nous ont donné un avantage sur nos concurrents africains. Il serait, sans nul doute, question de capitaliser sur ces acquis dans le dialogue entre les deux parties. 

La ratification d’un accord de libre-échange entre la première économie mondiale et Maurice devrait aider à relancer volume et valeur des exportations, puisque les ventes vers ce marché baissent. En 2018, les exportations ont chuté de Rs 700 millions pour atteindre les Rs 5,3 milliards. L’année dernière, le montant est passé à Rs 8 milliards contre Rs 8,7 milliards en 2016, pour l’habillement et l’alimentation, dont les sucres.

Ceci étant, même si les ventes diminuent, Maurice jouit d’une balance commerciale positive avec les États-Unis. Pour la période de janvier à septembre 2018, les achats de ce pays ont été de quelque Rs 2,9 milliards, nous donnant donc une balance positive de quelque Rs 2,4 milliards pour cette période. Reste à savoir si Maurice, modèle pour l’Afrique, aura un traitement préférentiel des Américains.

La diplomatie mauricienne ne laisse passer aucune chance pour protéger et accroître une présence économique dans les grands pays. Deux pays en sont la preuve. D’abord, Maurice sera le premier pays africain à ratifier un accord de libre-échange avec la Chine, deuxième puissance économique mondiale. Cet accord permettrait aux entreprises mauriciennes de vendre leurs produits sur ce marché sous des conditions plus favorables. Ensuite, Maurice et l’Inde finaliseraient les négociations aboutissant au Comprehensive Economic Cooperation and Partnership Agreement (CECPA).

« Le CECPA fait partie d’un réseau d’accords et d’instruments que nous mettons en place pour développer des partenariats avec des pays africains et des puissances émergentes telles que l’Inde, la Chine et la Russie », fait ressortir le chef de la diplomatie mauricienne, Vishnu Lutchmeenaraidoo. Maurice est en train de mettre en place avec plusieurs pays africains, dont le Kenya, le Ghana, le Sénégal, la Côte d’Ivoire et Madagascar, des protocoles allant dans cette direction.

Dans les discussions avec les grandes puissances, tient-on à faire ressortir, la liste serait non-exhaustive. Non seulement on retrouve les pays susmentionnés mais aussi des nations telles que l’Australie, la Russie, les pays du Golfe et le Japon. D’ailleurs, le Japon dispose désormais d’une ambassade chez nous et a ouvert une ambassade à Riyad, capitale et hub financier de l’Arabie Saoudite, premier producteur de pétrole au monde.

Le raffermissement des relations diplomatiques et commerciales individuelles avec les pays développés et en développement aura son importance dans un contexte de restriction du commerce international par des grandes puissances. « Nous devons réaliser que la coopération Sud-Sud est très puissante. Elle implique que nous devons partager ce que nous maîtrisons le mieux », explique Vishnu Lutchmeenaraidoo.

 

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