Faits Divers

À Résidences Malherbes, Curepipe : un malvoyant de 78 ans tué pour Rs 2 000

L'attaque a eu lieu à l'étage du domicile d'Idriss Abdul Raman.
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Abdalla Elahee reste  en détention policière.
Abdalla Elahee reste en détention policière.

Il a profité du fait qu’il soit malvoyant, âgé et sans défense pour l’agresser. Cela, parce que le vieillard, qui le connaît pourtant, avait refusé de lui donner Rs 2 000. L’agresseur, 28 ans, lui a alors assené de violents coups à la tête le 23 novembre. Le vieil homme est mort deux semaines après. Le suspect a avoué son crime.

Idriss Abdul Raman, un malvoyant de 78 ans, est mort après avoir reçu un violent coup à la tête. Le 23 novembre dernier, le vieil homme, qui vit au premier étage de la maison familiale à Résidences Malherbes, à Curepipe, s’est retrouvé nez-à-nez avec Abdallah Elahee, âgé de 28 ans. Le jeune homme, qu’il connaît bien, lui a réclamé de l’argent. Une bagarre s’en est suivie. Le septuagénaire est mort deux semaines après les faits. « Linn may mwa, monn pous li ek monn donn li enn kou », a reconnu le suspect dans sa déposition à la police.

Cela faisait une quarantaine d’années qu'Idriss Abdul Raman était malvoyant. « Il souffrait d’un détachement de la rétine », nous dit un membre de la famille. Père de deux filles, (l’une d'entre elles vit à l’étranger), il avait perdu son épouse en 2006 et vivait seul à l’étage. Après avoir pris sa retraite dans le secteur de l’agro-industrie, il s’est lancé dans le domaine de de la construction de bâtiments commerciaux.

Idriss Abdul Raman vivait seul depuis la mort de son épouse en 2006.
Idriss Abdul Raman vivait seul depuis la mort de son épouse en 2006.

« C’est ainsi qu’il a embauché Abdallah Elahee et ses proches. Ils ont travaillé ensemble sur plusieurs chantiers de mon frère », explique Shahid Elahee, le frère d’Idriss. Toutefois, aux dires de celui-ci, son frère effectuait le paiement de ses travailleurs chez lui. En quelques occasions, le vieil homme aurait constaté que son argent disparaissait. « Les vols se produisaient quand il n’y avait personne à la maison », nous dit-il. Le 23 novembre dernier, Idriss Abdul Raman dormait lorsqu’il s’est fait surprendre.

Bagarre avec un couteau

« C’était un vendredi à l’heure de la prière. Il dormait quand quelqu’un a touché ses pieds. Mon frère s’est réveillé brusquement », nous dit Shahid. Il a entendu une voix lui réclamer de l’argent. Idriss Abdul Raman a tout de suite reconnu la voix d’Abdallah Elahee. Le vieil homme était loin de se laisser faire. Les deux hommes en sont venus aux mains. L’intrus se serait précipité dans la cuisine pour revenir avec un couteau. Dans la bagarre, le manche du couteau s’est détaché. Le malvoyant s’est agrippé à son agresseur, mais ce dernier l’a poussé et il s’est retrouvé au sol. Le suspect s’est alors acharné sur lui avec le manche du couteau au niveau de la tête.

Le vieil homme, moins costaud que le suspect et affaibli, n’aurait eu d’autre choix que d’obtempérer. Il a pris une somme de Rs 2 000 en petites coupures pour remettre à son agresseur. « Il a mis l’argent dans un sac et le voleur s’est sauvé en passant par le balcon », ajoute le frère de la victime. Le septuagénaire a alerté ses proches. Il a été conduit à l’hôpital de Rose-Belle. « Il est retourné à la maison après les premiers soins. Mais il disait avoir mal à la tête. Il a consigné sa déposition et nous a relaté en détails tout ce qui s’était passé. Il nous a dit que c’était Abdallah l’auteur de son agression », poursuit Shahid.

Et le dimanche 25 novembre, soit deux jours après l’incident, Idriss Abdul Raman a été retrouvé inconscient dans la maison. « Le médecin nous a dit qu’il avait reçu un coup au crâne. Idriss a effectué deux délicates interventions. Il a été ensuite admis à l’unité des soins intensifs. Il n’a jamais repris connaissance depuis », regrette le frère. Entre-temps, l’Anti-Robbery Squad de la Central Division de Curepipe a procédé à l’arrestation d’Abdallah Elahee. Peu après l’agression, il a été vu avec le sac dans lequel le vieil homme lui avait remis l’argent. Après avoir nié dans un premier temps, le suspect a fini par passer aux aveux. Le jeune homme a expliqué que la vieil homme a voulu l’immobiliser, qu’il l’a poussé et frappé au niveau de la tempe. Après ces aveux, il a été alors inculpé pour vol avec violence.

Mais, au bout de deux semaines, Idriss Abdul Raman a rendu l’âme. Selon l'autopsie, pratiquée par le Dr Sheila Jankee Prasad, médecin légiste, la victime est morte d'une blessure cranio-cérébrale. Des abrasions ont été décelées au niveau des tempes. Ce qui confirme la violence des coups reçus à la tête. Le suspect devrait être inculpé cette fois de meurtre.

Nazima : « Mon fils n’a pu faire une chose pareille »

De son côté, la famille d’Abdallah Elahee réfute cette version. « Lorsque la police a arrêté mon fils, je lui ai demandé s’il avait fait une telle chose, il m’a dit non. En sus, nous sommes allés voir Bhai Idriss. Il nous a affirmé que ce n’était pas mon fils. Il nous a dit qu’il avait lutté avec une personne de forte corpulence, alors que mon fils est de taille moyenne. Le jour de cette attaque, mon fils passait par hasard dans le quartier où habite le vieil homme. Il n’a pu faire une chose pareille », nous dit Nazima, la mère dAbdallah Elahee. « Nous sommes tout aussi bouleversés par ce qui s’est passé. Abdallah est revenu sur sa version parce qu’il a été victime de brutalité policière », soutiennent ses proches.

 

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