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Révélations de Reynolds Permal : «J’en faisais voir de toutes les couleurs aux paroissiens de St Jean»

Reynolds Permal Les fresques réalisées par Reynolds Permal.

Reynolds Permal a mené la vie dure aux membres de la paroisse de St Jean. Il nous fait cette confidence lors d’une rencontre à son domicile. Il nous raconte comment il a pu sortir des ténèbres pour s’engager dans la voie de la charité et de la lumière.

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Reynolds Permal, qu’on ne présente plus, se retrouve sous les feux des projecteurs suite à l’annonce fracassante de l’arrêt des activités de « Lizie Dan La Main - Union des aveugles de l’île Maurice », une association qu’il a mise sur pied en 1981 et qui depuis poursuit sa mission d’aide aux personnes aveugles ou ayant des déficiences visuelles. 

Nous avons rencontré Reynolds Permal dans sa maison à St Jean, une rencontre au cours de laquelle, pour la première fois, « le berger des aveugles » – titre que le Saint-Père, le pape Jean Paul II en visite à Maurice en 1989 lui a donné – nous a fait part des miracles qui se sont produits dans sa vie. Quatre événements majeurs ont marqué sa vie.

Le premier est intervenu alors qu’il avait 18 ans. Il se souvient que, porté alors par la fougue de la jeunesse et mal orienté, il faisait partie d’un groupe de jeunes à la dérive. « Nous étions des délinquants et évoluions dans le quartier de St Jean. Nous en faisions voir de toutes les couleurs aux paroissiens par notre mauvaise conduite et nos hurlements. Ceux qui assistaient aux réunions à la salle d’œuvre de St Jean étaient horrifiés ».

Puis Reynolds, malvoyant aigu, avec, à l’époque, un champ de vision réduit à deux mètres, a subitement changé de cap. Il a adhéré à une organisation, la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC). C’était comme un signe du destin, un véritable miracle. 

« J’ai même commencé à vendre l’hebdomadaire La Vie Catholique sur le parvis de l’église St Jean. Ce fut une expérience traumatisante », lâche Reynolds, le sourire aux lèvres car, au bout du compte, il n’avait pas pu vendre une seule copie. « Les paroissiens qui m’ont reconnu ont dû se dire :  que fait-il là cet énergumène ?

Mais aussi incroyable que cela puisse paraître, après deux ou trois mois, j’avais fini par gagner la confiance de tous. Non seulement on se bousculait pour m’acheter mes copies, mais j’ai fini par être le principal distributeur de l’hebdomadaire dont les copies étaient directement expédiées à mon nom ».

Désemparé devant le pape Jean Paul II

La visite du pape Jean Paul II : un événement qui a marqué sa vie. Le Saint-Père était allé ce jour-là se recueillir sur le tombeau du Père Laval à Ste Croix. « J’étais parmi les personnes désignées pour être présentées au pape. Lorsque celui-ci s’est avancé, je me disais : Bon Dieu, qu’est-ce que je vais lui dire ?  Amen ? J’étais désemparé. Un prêtre de St Jean qui accompagnait le Saint-Père a dit à celui-ci, une fois arrivé à ma hauteur, ‘Voici le président de l’Association des aveugles’. Jean Paul II a pris ma main et après m’avoir marqué du signe de la croix sur le front, m’a dit : ‘Soyez le berger des aveugles’. Je ne pouvais prononcer une seule parole, mais j’ai ressenti une béatitude telle que toute ma vie va changer ».

Le pape Jean Paul II m'a dit : «Soyez le berger des aveugles»

Au cours de l’entretien avec Reynolds, se tenait à ses côtés, sur un large fauteuil, Améliane, blottie tout contre lui. Il s’agit de sa petite fille de trois ans. Lorsque sa grand-mère va venir la chercher, elle dira non.  Son regard brille d’intelligence. Malgré son jeune âge, la petite a pleinement conscience que son grand-père ne peut voir. Elle prend la peine d’ailleurs de le souligner à Floriane, sa maman : « Grand-père ne peut pas voir, il faut lui mettre les objets dans la main, comme ça. » Lorsque la petite apporte un verre à son grand-père, elle s’assure de bien le placer dans la paume de sa main. Cela tient aussi, selon Reynolds, du miracle, pour sa plus grande joie et pour le grand bonheur de la famille toute entière.

Des peintures incroyables pour un non voyant

Ce qu’on peut aussi considérer comme miraculeux, c’est la capacité de Reynolds, en dépit de son handicap, de peindre des tableaux. « J’ai réalisé au total une cinquantaine de toiles. » Toute la collection se trouve au centre à Curepipe (le quartier-général de Lizie Dans La Main). Une fois sur place, on est conduit à l’étage du bâtiment. 

Mais en voyant la collection de tableaux, on est stupéfait. Si ce sont les œuvres d’un aveugle, cette personne doit avoir développé un sixième sens. Les peintures de Reynolds montrent que l’artiste est parfaitement à l’aise devant le chevalet. Ce qu’il a pu réaliser, pour un aveugle, est renversant. Il faut le voir pour le croire. Il les a réalisées sans l’aide de personne. « On l’a filmé alors qu’il était à l’œuvre », nous confie un membre du personnel. Reynolds Permal a déjà exposé ses œuvres pour le grand public, mais à une période où les jours de l’association n’étaient pas comptés.

Avec son humour habituel, Reynolds Permal dira qu’il voudrait bien que son œuvre serve au profit de l’organisation : « Mais je crois que c’est après ma mort que mes peintures prendront de la valeur », dit-il en rigolant. 

Les miracles se multiplient. L’œuvre de Lizie Dans La Main ne connaît pas de frontières, de races, de couleurs, d’âges, ni de religions. Tout à fait naturellement, les promesses d’aide affluent. Parmi elles, celles venant du président de la Jummah Mosque, Nissar Ramtoola : « Dites-moi ce dont vous avez besoin », lui a dit ce dernier. 

Véritable institution dotée de tous les moyens, du savoir-faire, de l’expérience, des infrastructures nécessaires, l’association peut espérer sortir de ses difficultés pour continuer son exceptionnelle œuvre de bienfaisance.

Un nouveau miracle va sans nul doute s’accomplir.

 

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