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Reza Uteem : «Cela ne servira à rien si la personne à la tête est pourrie»

Reza Uteem et Sudhir Sesungkur étaient les invités de Jean-Luc Émile.

Entre le Serious Fraud Office de l’alliance PTr-MMM-PMSD et la Financial Crime Commission du gouvernement, quelle serait la meilleure formule pour mieux lutter contre la fraude et la corruption ? La question a été débattue lors de l’émission Au Cœur de l’Info, présentée par Jean-Luc Émile, sur Radio Plus, mardi.  

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Reza Uteem, député du Mouvement militant mauricien (MMM), a d’emblée parlé d’un problème qu’il qualifie d’institutionnel car, dit-il, trop d’agences sont concernées dans la lutte contre la fraude et la corruption, le blanchiment d’argent et les crimes financiers. Il a cité l’Independent Commission Against Corruption (ICAC), l’Asset Recovery Unit (ARU), la Financial Intelligence Unit (FIU) et l’Integrity Reporting Services Agency (IRSA). « Le trop d’agences provoque non seulement des ‘overlapping’, mais cette situation a même fait l’objet d’un cas logé en Cour suprême, car une agence refusait de partager des informations à une autre », fait-il ressortir. D’où la proposition, dit-il, d’un Serious Fraud Office où toutes les agences seront logées sous la même ombrelle. 

Le député de la circonscription No.2 souligne toutefois que la personne à la tête du Serious Fraud Office devrait être quelqu’un d’intègre et d’apolitique qui, dit-il, pourrait mener des enquêtes et faire la coordination. « (…) D’où la nécessité de nouvelle loi, de nouveau cadre et de nouvelle institution. Toutefois, cela ne servira à rien si la personne à la tête est pourrie, mettant à mal tout le système », concède-t-il. C’est un comité parlementaire, à l’image de ce qui se fait aux États Unis, poursuit Reza Uteem, qui se chargera de la nomination du directeur du SFO.

Également présent sur le plateau, l’ancien ministre de la Bonne gouvernance, Sudhir Sesungkur, insiste sur l’avènement d’une refonte du système pour « redonner confiance à la population. Car il estime que tout le monde ne serait pas logé à la même enseigne en ce qu’il s’agit du combat contre la fraude et la corruption. Il parle notamment d’un déficit de crédibilité de la part de l’ICAC. « Popilasion pena enn sou konfians dan sa institision la », allègue-t-il. 

Et cette perception, précise-t-il, a été soulignée par des instances internationales. Il cite le classement de Maurice sur l’indice de la perception de la corruption ainsi que les commentaires de Mo Ibrahim sur « une érosion de la transparence et de la bonne gouvernance ». « Même le salaire du directeur de l’ICAC reste un mystère, alors que cette agence est censée être la première à prôner la transparence », décrie-t-il. 

Quant à Roshi Bhadain, qui intervenait par visioconférence de l’étranger, il a fait plusieurs propositions dans ce sens. Il préconise le vote d’un Police and Criminal Evidence Bill au Parlement pour mettre un terme au système de « charge provisoire ». « La loi sur la richesse inexpliquée a déjà été votée. Il faut une loi sur les fraudes, une chose inacceptable dans un pays dit moderne. Quant à la loi sur le blanchiment d’argent, elle est également déjà là », indique-t-il. Il suggère lui aussi un conseil d’administration au-dessus des agences existantes, mais préconise cependant des mesures de « check & balances ». « Il faut sur le Board des représentants de droits humains, des experts, des ex-juges et bien sûr, les directeurs des agences sous l’ombrelle », préconise-t-il. 

 

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