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Rina Muckoo-Jootun, travailleuse sociale: «Aucun endroit à Maurice n’est épargné par la drogue»

Rina Muckoo-Jootun
La drogue synthétique a déjà gagné les régions rurales, affirme Rina Muckoo-Jootun, présidente de l’Association Progressive de Grand-Gaube. Avons-nous déjà perdu nos jeunes ? Est-ce que la rupture générationnelle est consommée et toute tentative de dialogue vouée l’échec ? À ces questions, la travailleuse sociale marque une hésitation avant de répondre. « Je ne suis pas fataliste ! On peut encore sauver la mise mais, pour cela, il faut agir vite et avec de grands moyens », lance-t-elle. La jeune femme, mariée et mère de deux garçons, est imprégnée d’engagement social depuis son adolescence. « En famille, j’essaie constamment de mettre mes enfants en garde contre la tentation des drogues, de l’argent facile. Je leur inculque les valeurs humaines et le respect des aînés. Mais, en dehors du cocon familial, ils restent exposés à toutes les influences », souligne-t-elle. Son association, créée en 2001, s’est donnée pour mission d’organiser des activités aux femmes sans emploi de la localité John Kennedy, où elle-même réside. « J’ai vu mon père, Vidianand, se donner corps et âme au sein du ‘Jagriti Arya Sabha’. À mon tour, je me suis engagée dans le social, en créant cette association. Au départ, des gens de l’endroit se sont posés des questions, croyant que je faisais ça pour de l’argent », se souvient Rina, titulaire d’une licence en travail social à l’Université de Maurice. Aujourd’hui, à force de travail, de constance dans ses ambitions, de volontarisme, et sans oublier du soutien familial, elle a su dissiper les malentendus. Comme d’autres avant elle, Rina Muckoo-Jootun met l’accent sur les responsabilités des parents d’abord, puis celles des enseignants. Mais, nuance-t-elle, « ces derniers doivent eux-mêmes être formés pour comprendre et interpréter les comportements des jeunes dans les collèges ».

Déchéance généralisée des jeunes

Le collège et les espaces sociaux, dont les centres communautaires, devraient accueillir des causeries sur les fléaux sociaux, souligne notre interlocutrice. « Avant, on pensait que le fléau de la drogue n’affectait que les villes. Aujourd’hui, on se rend compte qu’aucun endroit à Maurice n’est épargné. Si rien n’est fait, on ira droit vers une déchéance généralisée chez nos jeunes », martèle la travailleuse sociale. Pour Rina Muckoo-Jootun, il faudrait que d’anciens jeunes toxicomanes viennent partager leur calvaire dans les collèges, car « les jeunes ne sont sensibles qu’aux jeunes ». Mais les seuls discours ne suffisent pas, il faut, en même temps, proposer une stratégie alternative à l’échec des méthodes éprouvées. « Cette stratégie consiste à élargir la gamme des loisirs destinés aux jeunes. Il s’agit d’activités qui les intéressent, dont les sports ou autres activités liées à la mise en forme, dont le yoga, la ‘self-defense’, la natation, le tennis, le badminton, dispensés par des professionnels ».
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