Roche-Bois - deux morts dans un accident de la route - la mère de Luciana Begué : «So rev ti enn lavnir meyer pou so de zanfan»

Luciana avait 19 ans, deux adorables petites filles et la vie devant elle. Elle est morte sur le coup, samedi dernier à Roche-Bois, dans un accident qui a également coûté la vie à Imran Sairally, 57 ans. La mère de la jeune femme nous parle de sa fille et des projets que celle-ci avait pour ses enfants. Elle se donne pour mission de les réaliser.

Issue d’une fratrie de six enfants, Luciana Begué était originaire du village de Solitude. Selon sa mère, Dana, elle avait un caractère bien à elle. Depuis toute petite, elle était hardie, pleine d’énergie mais aussi de gentillesse. « C’était une enfant qui ne pouvait pas garder sa colère longtemps. Elle cédait toujours la première et elle n’avait jamais honte de demander pardon », raconte-t-elle. 

Après trois années de collège, l’adolescente a été obligée de mettre fin à ses études. « Elle est tombée enceinte de sa première fille à 14 ans. La Child Development Unit avait été informée et j’avais pris la responsabilité de veiller au bien-être de Luciana et de son bébé. Quelque temps après, elle a accouché de sa deuxième fille, qui est aujourd’hui âgée de 3 ans », confie Dana. Les pères de ses deux petites-filles, dit-elle, n’ont jamais été présents. « Bann zanfan la pa kone mem kouma zot papa resanble ». Luciana et ses deux filles sont restées sous le toit familial jusqu’au mois de décembre dernier.

« Ki bondie donn mwa kouraz pou grandi sa de zanfan la »

Luciana voulait devenir mannequin, elle aimait la danse, la mode et la fête. C’est pour ces raisons que la jeune maman célibataire a emménagé chez une de ses cousines à Résidence La Cure. « Zenes sa, zot kontan amize. Kontan ek kouzinn me mo ti pe gagn kontak ek li lor telefonn. Li dir mwa li bien laba, li pe travay dan enn lotel », poursuit sa mère.

Comme Luciana a dû quitter l’école très jeune, « son rêve le plus cher était que ses deux filles aillent à l’école et fassent des études supérieures pour réussir dans la vie. So rev ti enn lavnir meyer pou so de zanfan ». La grand-mère indique qu’elle fera tout son possible pour que le projet de sa défunte fille devienne réalité. « Tanki mo lor later, mo pou fer so rev realize. Mo pou bizin akomplir mo mision », dit-elle avec conviction.

Dana ne connaissait pas Bryan Fabrice Bangard, le conducteur du scooter dont sa fille était la passagère au moment de l’accident. « Luciana était une fille populaire qui avait beaucoup d’amis. Je ne connais pas ce garçon et je n’ai pas envie de le rencontrer, ni ses parents. Je préfère placer ma foi en Dieu. Lui seul saura apporter un jugement juste dans cette affaire. Je n’ai qu’un seul souhait, ki bondie donn mwa kouraz pou grandi sa de zanfan la. » 

Imran Sairally, 57 ans, décède trois jours après l’accident Son frère : « Li ti pe dir enn sel lavi ena e bizin viv li bien »

À Plaine-Verte, les proches d’Imran Sairally sont toujours sous le choc. Personne n’était au courant que le quinquagénaire était sorti dans la matinée du samedi 12 mars. « Il est parti très tôt sans prévenir qui que ce soit. C’est par un appel téléphonique que j’ai été informé qu’il avait été victime d’un accident. On m’a demandé de me rendre à l’hôpital », raconte un de ses frères, Fezal, âgé de 50 ans. Sur place, « le médecin m’a dit aussitôt que son état était critique. Il est resté dans le coma jusqu’à ce qu’il quitte ce monde ».

Imran était fonctionnaire. Célibataire, il n’avait pas d’enfant et vivait sous le même toit que Fezal. « Nous avons passé 50 ans de notre vie ensemble. C’était un homme qui profitait pleinement de la vie. Li ti pe dir enn sel lavi ena e bizin viv li bien. » Ce qui ne l’empêchait pas d’aider son prochain, et notamment ses frères et sœurs. « Li mem kinn poz marb dan tou zot lakaz san pran enn sou. Les relations familiales lui tenaient à cœur. »