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Saisie de Rs 1,65 Md d’héroïne : les dessous d’une grosse prise en mer

héroïne Au départ, les limiers étaient sur la piste d'un petit trafiquant.

Trois nouvelles arrestations ont eu lieu cette semaine (voir hors-texte) dans l’affaire des 110 kilos d’héroïne retrouvés en mer au large du Coin-de-Mire. Ce qui porte à six le nombre de personnes appréhendées dans le cadre de l’enquête sur cette cargaison de drogue évaluée à Rs 1,65 milliard. S’il s’agit d’une grosse saisie, rien ne prédestinait les membres de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu) à réaliser un tel coup de filet. Au départ, les limiers étaient sur la piste d’un petit trafiquant de cannabis sur l’île Plate. MAu final, ils ont attrapé un plus gros requin cette fameuse nuit du 29 au 30 octobre 2018. Voici les dessous d’une opération fructueuse qui a secoué tout un réseau de drogue.

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Il faut d’abord savoir que cette nuit-là, deux équipes de l’Adsu menaient des opérations séparément en mer. La première a été déployée dans la région de Baie-du-Cap, sous les ordres du Deputy Commissioner of Police (DCP) Choolun Bhojoo. Le quartier général de la brigade antidrogue avait, dans la nuit du 29 au 30 octobre, reçu des informations selon lequelles un Speed Boat en provenance de Madagascar tenterait d’accoster les côtes mauriciennes dans la région de Baie-du-Cap pour décharger en toute quiétude la cargaison d’héroïne qu’il transportait. Après une nuit à quadriller la zone en mer, les agents de l’Adsu n’ont rien trouvé. Aucun signe de la vedette rapide de couleur blanche. Confiant qu’il s’agissait d’un « tiyo sir », le DCP Bhojoo n’a pas abandonné l’opération. Mardi matin, il étudiait toujours d’autres possibilités.

Or, au même moment, les limiers de l’Adsu de Grand-Baie, menés par le chef inspecteur Seebaluck, étaient affectés à une autre mission. Ils étaient chargés de sillonner l’île Plate pour retrouver un dénommé Denis R., recherché depuis quelque temps. Il est soupçonné d’être impliqué dans le trafic de drogue après la saisie de 60 grammes de haschisch et de 200 grammes de cannabis sur l’axe Maurice-Réunion. Cet homme avait échappé à la brigade antidrogue lors d’une précédente opération. Mais, dans la nuit du 29 au 30 octobre, l’Adsu de Grand-Baie détenait des informations selon lesquelles le suspect se cachait sur l’île Plate depuis plusieurs jours.

Dans la matinée du mardi 30 octobre, six membres de l’Adsu de Grand-Baie et deux éléments de la garde-côte nationale ont pris un patrouilleur de la National Coast Guard (NCG) pour se rendre en mer. Direction : l’île Plate. Ils ont démarré les recherches à 9h00. Ils ont passé l’île au peigne fin. Toujours aucune trace de Denis R. Vers 9h30, le DCP Choolun Bhojoo, qui avait eu vent de la présence de l’équipe de l’Adsu de Grand-Baie sur l’île Plate, a donné de nouvelles consignes au chef inspecteur Seebaluck. La nouvelle mission confiée à l’équipe de ce dernier: faire une patrouille en mer en direction de Madagascar, histoire de voir si elle pouvait apercevoir un Speed Boat blanc en provenance de la Grande île.

Malgré la mer démontée, le chef inspecteur Seebaluck, qui compte de longues années d’expérience au sein de l’Adsu, a ordonné au skipper de la NCG de prendre la direction de Madagascar. Mais l’embarcation n’était pas équipée d’un moteur suffisamment puissant pour affronter les grosses vagues en haute mer et le réservoir d’essence n’aurait pas tenu sur cette longue distance. Les membres de l’Adsu ont donc demandé au QG de la NCG de dépêcher un autre bateau pour les rejoindre en mer.

L’équipe du chef inspecteur Seebaluck n’a pas attendu l’arrivée de l’autre bateau de la NCG et a pousuivi sa route, dans l’espoir de repérer le Speed Boat blanc qu’ils recherchaient. Au bout de 30 minutes, le patrouilleur est arrivé en haute mer. Toujours aucune trace de la vedette rapide. Les policiers ont poursuivi leur chemin. Quinze minutes plus tard, alors qu’ils se trouvaient dans une zone située à environ 1 000 à 1 500 miles nautiques du Coin-de-Mire, ils ont aperçu un Speed Boat blanc qui se dirigeait vers les côtes mauriciennes.

Aucun d’eux ne savait à ce moment précis qu’il s’agissait, en fait de leur cible. Ils ont fait mine de poursuivre leur trajet en haute mer pour ne pas éveiller les soupçons des occupants de la vedette rapide blanche. Après 30 minutes de navigation en mer, le patrouilleur de la NCG a décidé d’accoster le Speed Boat, dont un seul moteur fonctionnait, l’autre étant en panne. Les membres de l’Adsu ont préféré, dans un premier temps, faire profil bas, laissant le soin aux gardes-côtes d’interroger l’équipage de la vedette rapide. Un officier de la NCG a demandé au skipper de ralentir, pour faire croire aux suspects qu’il s’agissait d’un simple contrôle de routine. Il les a interrogés sur leur identité et sur la raison pour laquelle ils se trouvaient en haute mer. Aucune réponse des occupants du bateau, qui ont sans doute voulu faire croire qu’ils ne maîtrisaient pas la langue kreol.

« Tirania » se cache le visage

Mais alors que le membre de la garde-côte interrogeait les suspects, le chef inspecteur Seebaluck a reconnu, parmi les occupants du Speed Boat, Oomar Karrimbaccus, un poissonnier, aussi connu sous le sobriquet de « Tirania ». Le chef inspecteur le connaît parce que, du temps où il était affecté à l’Adsu de Flacq, il avait été amené à mener des perquisitions au domicile de cet homme, à Camp-de-Masque-Pavé, en vue de trouver de la drogue.

Dans un vain espoir d’échapper à l’œil du chef inspecteur, Oomar Karrimbaccus s’est dissimulé le visage avec un capuchon. Mais il était trop tard. Le chef inspecteur Seebaluck a ordonné au skipper du patrouilleur de la NCG de barrer le passage au Speed Boat afin de l’immobiliser. Cinq sacs en raphia, soigneusement scellés, ont été trouvés à bord. Interrogé sur leur contenu, Oomar Karrimbaccus a répondu qu’ils renfermaient du café que leur avait remis l’équipage d’un navire croisé en haute mer.

Flairant l’arnaque, les membres de l’Adsu ont ouvert l'un des sacs. Après avoir découpé les six couches d’emballage, ils ont découvert une poudre blanche soupçonnée d’être de la drogue. Les trois occupants du Speed Boat, en l’occurrence Oomar Karrimbaccus (51 ans), Hemsley Jean-Pierre (35 ans) et Jean-Michel Rosette (33 ans), ont été sommés de se mettre à plat ventre dans le Speed Boat, avant d’être encerclés par les policiers.

Le skipper de la NCG a pris les commandes de la vedette rapide pour la ramener à Grand-Baie. Au même moment, le bateau de la garde-côte nationale, qui avait été sollicité en renfort, est arrivé. L’hélicoptère de la police aussi. Le Speed Boat a été escorté jusqu’à Grand-Baie. Une fois sur la terre ferme, les trois suspects ont été placés en état d’arrestation. Les sacs en raphia contenaient au total 110 kilos d’héroïne d’une valeur marchande de Rs 1,65 milliard. Oomar Karrimbaccus et ses deux présumés complices ont été placés en détention. Ils ont été inculpés de trafic de drogue.

Nouveau développement

Après trois semaines d’enquête approfondie, de récents développements sont survenus en fin de semaine. Sur la base d'éléments d’informations glanés sur le terrain et ceux recueillis lors de l’interrogatoire d’Oomar Karrimbaccus et ses deux complices, les enquêteurs ont découvert que ces derniers n’opéraient pas seuls. Les limiers ont d’abord découvert qu’un autre hors-bord était impliqué dans l’opération illégale visant à récupérer les 110 kilos d’héroïne en mer dans la nuit du 29 au 30 octobre. Il est engagé dans des activités de loisirs. Tôt jeudi matin, l’Adsu de Rose-Hill, menée par le chef inspecteur Jagai, a fait une descente dans la région de Tamarin. Leur mission : mettre la main au collet de deux skippers « ki bien konpran lamer », dont un certain Jean François C. et son ami, un dénommé Raojee.

Ces deux skippers sont soupçonnés d’être ceux qui auraient réceptionné la cargaison d’héroïne la première fois auprès d’un plus gros bateau. Ils auraient ensuite parcouru une longue distance pour remettre les sacs en raphia à Oomar Karrimbaccus et ses deux complices. Le même jour, un habitant de Terre-Rouge a été arrêté. Il est souçonné d’avoir véhiculé certains des protagoniste. L’enquête est supervisée par le DCP Choolun Bhojoo.

 

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