Débat

Salaire minimal : les consommateurs paieront-ils la note ?

Consommateurs Une hausse des prix est à prévoir l’an prochain.

Les entreprises de divers secteurs d’activités devront payer le salaire minimal et la compensation salariale en janvier. Les consommateurs paieront-ils le prix fort pour cela ? Le point !

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« L'impact sera minime pour l'industrie du transport par autobus »

Les consommateurs sont prévenus ! Les commerçants et artisans n’excluent pas une hausse des prix suivant le paiement du salaire minimal en janvier 2018. Ils craignent que le salaire minimal n'entraîne une cascade d’augmentations des prix des matières premières, des articles de consommation courante et autres. Car tous les secteurs de l’économie seront appelés à payer les nouveaux salaires en vigueur. « La seule façon de faire face à la situation est de faire passer une partie des frais aux consommateurs », disent-ils.

Toutefois, l’impact sera minime dans l’industrie du transport par autobus. Ce qui implique que toute nouvelle demande d’augmentation du ticket d’autobus ne sera pas directement liée au paiement du salaire minimal. Comme l’a expliqué Sunil Jeewoonarain, secrétaire de la Mauritius Bus Owners' Federation, les chauffeurs et receveurs touchent déjà plus que la somme prescrite du salaire minimal qui est de Rs 8 140 par mois. Il n’a pas exclu cependant la possibilité que les compagnies déboursent davantage pour le nettoyage des autobus qui est confié à des contracteurs.

Concernant les prix du ticket d’autobus, Sunil Jeewoonarain note que la dernière hausse remonte à plus de trois ans. « Normalement, on a une révision du prix du ticket d’autobus chaque trois ans », a-t-il dit. Pour lui, une augmentation du prix du ticket d’autobus est justifiée suivant la hausse des salaires des employés du transport, après la révision du Remuneration Order et des prix du carburant.

Si le salaire minimal a peu d’impact direct sur les planteurs de légumes, néanmoins il pourra  les priver de main-d’œuvre. « Pour un salaire de base de Rs 9 000 par mois, les gens délaisseront de plus en plus le travail des champs au profit des entreprises où le travail est moins dur », dira le secrétaire de la Small Planters Association, Kreepalloo Sunghoon.

Actuellement, les hommes touchent Rs 400 par jour et les femmes Rs 250. Ils travaillent six jours par semaine. « Certes, ils peuvent toucher jusqu’à Rs 10 000 par mois mais ils préféreront travailler dans une entreprise où ils seront à l’abri de la pluie et du soleil et bénéficieront des autres avantages. »

Et Kreepalloo Sunghoon d'expliquer que cette migration vers les entreprises pousseront les planteurs à augmenter les salaires pour maintenir leurs employés. Toutefois, il ne croit pas que cela pèsera lourd sur les prix des légumes. « Néanmoins, face à une pénurie de main-d’œuvre, des planteurs diminuent drastiquement leurs productions de légumes. D’où une pénurie sur le marché qui entraînera une hausse des prix des légumes sur le marché ».


Jayen Chellum : « Pour une enquête »

Une enquête dans le commerce est souhaitée par l'Acim.

Le secrétaire de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (Acim) est conscient qu’après chaque augmentation salariale, les prix flambent sur le marché. Il  n’écarte pas que le fait que ce sera le cas en janvier avec le paiement du salaire minimal et de la compensation salariale. « Malheureusement, nous constatons aussi que les commerçants ne  revoient pas à la baisse leurs prix si les prix des matières premières chutent. Le dernier exemple est le prix des 'faratas' et 'dholl purees' qui n’ont pas baissé après une baisse des prix de la farine dans le dernier Budget », a-t-il fait ressortir.

Tout en reconnaissant que les commerçants devront trouver de l’argent pour payer le salaire minimal et la compensation salariale, Jayen Chellum a expliqué que le gouvernement joue un rôle d’arbitre pour veiller à ce qu’il n’y ait pas d’abus sur les consommateurs.

À cet égard, Le secrétaire de l’Acim propose que les officiers du ministère du Travail, des Relations industrielles et de l’Emploi et du ministère du Commerce mènent une enquête dans les différentes maisons de commerce pour connaître le nombre exact de salariés qui sont concernés par le salaire minimal et son coût sur la note salariale avant de décider d’une augmentation des prix des produits.


Haniff Peerun : « Il faut un contrôle des prix »

Le président du Mauritius Labour Congress (MLC), Haniff Peerun, déplore que chaque année, il y a une cascade d’augmentations des prix dans le commerce suivant le paiement de la compensation salariale. Il dit craindre que la situation ne soit pire en janvier 2018. Il insiste pour la mise sur pied d’un Price Fixing Mechanism Board pour assurer un contrôle des prix des articles de consommation courante et des médicaments.

Pour le dirigeant syndical, « la libéralisation des prix ne joue pas en faveur des consommateurs, car, selon lui, des commerçants ont formé un cartel pour maintenir les prix de leurs produits à un certain niveau.

À l’approche des fêtes de fin d’année qui riment aussi avec le boni de fin d’année, il met en garde les consommateurs contre une frénésie d’achats, surtout que les fonctionnaires ont eu  leurs salaires et boni plus tôt que d’habitude. Car ils auront aussi à faire face à un long mois de janvier.

 

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