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Secteur biopharmaceutique : un appel à la réglementation,à l’innovation et à la collaboration pour exploiter les opportunités

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Maurice, en dépit de son fort potentiel en matière de biopharmaceutique, reste largement tributaire des importations. Des experts appellent ainsi à l’exploitation des ressources à travers la mise en place d’un cadre réglementaire et à l’engagement de la diaspora mauricienne pour stimuler la recherche, l’innovation et l’exportation de produits biopharmaceutiques. Ils estiment que la collaboration entre secteurs public et privé est également essentielle pour réussir cette transition.

Maurice, qui dépend fortement des importations, a acheté des produits biopharmaceutiques d’une valeur de 207 millions de dollars selon les dernières données. C’est ce qu’indique l’expert et consultant en biopharmaceutique, Dr Dave Gunput (Ndlr : voir hors texte).  Cependant, dit-il, le pays dispose déjà d’un écosystème biopharmaceutique comprenant 75 institutions. « Parmi celles-ci, on compte 25 entreprises du secteur biotechnologique engagées dans diverses opérations, telles que les essais cliniques, l’élevage de primates pour l’exportation, la fabrication d’huile de poisson et la production de biocarburants, ainsi que cinq organisations de recherche clinique (CRO) opérant à Maurice et employant plus de 1 000 travailleurs », précise notre interlocuteur. Ce dernier ajoute que le pays est le principal exportateur mondial de primates vivants, grâce à trois importantes entreprises locales qui élèvent ces animaux. «  Les exportations ont atteint 48,7 millions de dollars en 2021 », souligne-t-il.  Consultante dans le même domaine, Madhevi Nilamber Ghoorah indique qu’il y a déjà des sociétés sur l’île qui opèrent dans le secteur de la recherche et du développement, les précliniques et cliniques ainsi que dans la fabrication des dispositifs médicaux.

Cadre réglementaire incomplet 

Le Dr Dave Gunput déplore que malgré l’existence d’institutions telles que le Mauritius Research and Innovation Council,  le Centre de recherche en

biomédecine et biomatériaux et le Food and Agricultural Research & Extension Institute, entre autres, la création d’entreprises biopharmaceutiques et la réalisation des produits biopharmaceutiques pour les marchés locaux et régionaux sont presque inexistants.  « D’autres défis incluent la disponibilité de financement, un cadre réglementaire incomplet, le manque de savoir-faire adéquat et de masse critique d’expertise en recherche et développement biopharmaceutique », cite-t-il. Selon l’expert, il existe donc un potentiel significatif d’amélioration et de croissance pour ce secteur.  

Pour sa part, Madhevi Nilamber Ghoorah avance que hormis la mise en place d’un cadre réglementaire pour favoriser la fabrication des produits biopharmaceutiques, il faut également  accélérer les prises en charge des dossiers pour les études cliniques. «  Il doit y avoir une consolidation des dialogues entre le secteur public et le secteur privé », fait-elle ressortir. 

Diaspora mauricienne 

Le Dr Dave Gunput est d’avis que Maurice possède un excellent potentiel pour développer sa capacité de recherche et d’innovation dans les produits et services prioritaires pour l’Afrique, comme la fabrication biologique de vaccins, de produits biologiques, de médicaments génériques et de combinaisons de produits pour les maladies non transmissibles, ainsi que pour les essais cliniques de phase 2 et 3.  «  Pour atteindre cet objectif, notre pays doit rehausser son niveau et concentrer ses ressources limitées sur l’innovation axée sur la recherche et le développement, ainsi que sur les produits et services présentant un avantage coût-efficacité positif et un retour sur investissement adéquat », suggère-t-il. 

Notre interlocuteur estime qu’en étendant notre capacité de recherche et de développement innovante et en réalisant d’importants essais cliniques dans des domaines de haute nécessité médicale, Maurice sera en mesure de créer des emplois de grande valeur et de développer des compétences en matière d’innovation tout au long de la chaîne de valeur de la biopharmacie, tout en générant des revenus d’exportation significatifs.  « Le renforcement des capacités est réalisable grâce au recrutement d’un noyau de professionnels de la recherche et du développement en biopharmacie expérimentés à l’échelle internationale, ainsi qu’en faisant appel à la diaspora mauricienne », soutient-il.  

Pour lui, une collaboration ciblée sera nécessaire avec des investisseurs locaux, des entreprises internationales, des universités, des partenaires locaux et des organismes de financement internationaux. Un avis que partage Madhevi Nilamber Ghoorah. Elle estime qu’il y a un besoin de promouvoir et d’encourager la diaspora mauricienne ayant des expériences scientifiques  pour qu’ils puissent apporter leur soutien et leurs expériences dans ce domaine émergent. «  Il faut également revoir le système académique et opter pour un système Academie-Industrie  afin de permettre aux jeunes d’acquérir les talents requis pour ce secteur », recommande-t-elle.  

Selon elle, l’industrie biopharmaceutique pourra se positionner comme un secteur émergent, voire devenir un pilier à Maurice. Toutefois, pour cela il nous faut impérativement avoir le soutien du gouvernement, les secteurs publics et privés, des universités ou encore des hôpitaux.  


Maurice a le potentiel pour développer sa capacité de recherche et d’innovation dans les produits et services prioritaires pour l’Afrique.


Profil du Dr Dave Gunput 

Dr Dave Gunput, expert et consultant en biopharmaceutique.
Dr Dave Gunput, expert et consultant en biopharmaceutique.

Dr Dave Gunput, médecin de formation, a  plus de 25 ans d’expérience en tant que professionnel dans la recherche et le développement de produits biopharmaceutiques. Il a fait ses preuves dans le développement et l’approbation de médicaments au sein des sièges sociaux de grandes entreprises biopharmaceutiques au Royaume-Uni (Glaxo-Wellcome, AstraZeneca, Oxford Biomedica, Mitsubishi Tanabe Pharma Europe), aux États-Unis (Pharmacia & Upjohn) et en Suisse (Roche). Il a également servi comme expert dans le secteur de la biopharmacie pour le rapport EU Africa rise sur la biopharmacie à

consultante en biopharmaceutique.
consultanMadhevi Nilamber Ghoorah, consultante en biopharmaceutique.te en biopharmaceutique.

Maurice pour les autorités locales.

Profil de Madhevi Nilamber Ghoorah

Madhevi Nilamber Ghoorah est une consultante et une experte dans le domaine de la pharmaceutique et de la biotechnologie à Maurice. Titulaire d’un Master en Génétique Médicale à Londres et d’une licence en Biotechnologie en Inde, elle possède 15 années d’expérience professionnelle dans le domaine de la Recherche et Développement, notamment dans les essais cliniques pour les produits cosmétiques et pharmaceutiques. Elle a également travaillé dans la distribution d’équipements et de dispositifs médicaux.

 

 

 

Mieux comprendre la biopharma 

La biopharmacie, également connue sous le nom de biopharma, est un secteur de l’industrie pharmaceutique qui se concentre sur le développement, la fabrication et la commercialisation de médicaments et de produits pharmaceutiques issus de sources biologiques, notamment des micro-organismes, des cellules et des tissus d’origine humaine ou animale. Ces produits biopharmaceutiques incluent des médicaments biologiques, des vaccins, des thérapies géniques et cellulaires, des anticorps monoclonaux et d’autres produits de ce type. Contrairement aux médicaments traditionnels (également appelés produits chimiques ou médicaments chimiques), qui sont synthétisés chimiquement, les produits biopharmaceutiques sont généralement fabriqués à partir de cellules vivantes ou de systèmes biologiques.


Lancement d’un rapport intitulé « Biopharma Industry Development in Mauritius »

Le rapport intitulé « Biopharma Industry Development in Mauritius » lancé la semaine dernière présente les résultats d’une étude de faisabilité complète visant à établir une industrie pharmaceutique et biotechnologique en tant que nouveau moteur économique. Il s’agit d’un rapport de l’Union européenne, issu d’une étude réalisée par l’initiative UE Afrique RISE. Il repose sur une analyse approfondie du marché, un examen de la législation en vigueur, ainsi qu’une évaluation des lacunes en matière de compétences. En fin de compte, il propose une feuille de route prenant en considération la valeur intrinsèque de Maurice, la dynamique du marché et d’autres facteurs externes. Parmi les recommandations du rapport, on compte notamment la nécessité de réaliser des économies d’échelle pour la production locale de produits pharmaceutiques.

 

Manisha Dookhony, économiste : «La mise en place d’un écosystème approprié est primordiale pour développer le secteur»

manisha

Quel est votre constat du secteur biopharma à Maurice ?

C’est un secteur qui est en train de prendre de l’ampleur.  D’ailleurs, de nombreux investisseurs étrangers ont manifesté un intérêt pour investir dans ce secteur à Maurice, tout comme c’est le cas dans le secteur de la fabrication des dispositifs médicaux. Cependant, il est essentiel de mettre en place un écosystème approprié pour développer cette industrie.

Y a-t-il les compétences et les expertises nécessaires à Maurice pour développer le secteur ?

De nombreux Mauriciens travaillent déjà dans le secteur biopharmaceutique dans d’autres pays du monde. Ils sont pleinement engagés dans la recherche et le développement de médicaments et de vaccins. Ces membres de la diaspora mauricienne pourraient être sollicités pour contribuer à long terme. Principalement basés en Europe, aux États-Unis, au Canada et à Singapour, ils pourraient potentiellement partager leurs expertises et former les Mauriciens.

Comment les politiques gouvernementales, notamment en matière de réglementation, affectent-elles l’industrie biopharmaceutique ?

Il est important de souligner que l’industrie pharmaceutique est l’une des industries les plus réglementées à l’échelle mondiale. La raison en est évidente : les médicaments consommés ont un impact direct sur la santé des individus. Par conséquent, il est essentiel de garantir que ces produits respectent toutes les normes de sécurité et de qualité. La mise en place de réglementations appropriées est donc cruciale. Le gouvernement travaille déjà sur ces éléments de réglementation. Il convient de noter que la mise en place de ces lois peut s’avérer complexe, même si le gouvernement est sur la bonne voie. Cela prendra probablement du temps.

Dans quelle mesure le secteur de la biopharma pourrait-il contribuer au développement économique du pays ?

Tout d’abord, les investissements massifs dans ce secteur profiteraient à l’économie. De plus, cela permettrait de réduire les importations de produits biopharmaceutiques qui pèsent lourdement sur les importations totales de Maurice en raison de leurs prix élevés. Ainsi, le pays pourrait économiser des devises étrangères. De surcroît, des opportunités d’exportation pourraient se présenter. Les produits fabriqués localement pourraient être exportés vers l’Afrique ou d’autres régions. Un nouveau secteur signifie également la création d’emplois. Par conséquent, le développement de la biopharma apporterait de nombreux avantages à l’économie mauricienne dans son ensemble. Cependant, c’est un secteur qui demande des ressources substantielles, et il faudra donc les mobiliser pour assurer la réalisation de ces projets.

 

PRESS

 

 

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