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Sécurité alimentaire: les additifs pas «inoffensifs»

Des spécialistes, opérant dans le secteur alimentaire, étaient sur le plateau de Radio Plus pour livrer leur point de vue sur les additifs que contiennent les aliments vendus à Maurice.
Nombre de produits alimentaires, en vente à Maurice, contiennent des additifs. Des substances qui, selon Kavita Ragavoodoo, nutritionniste au ministère de la Santé, ne sont pas toujours inoffensives. Raison pour laquelle elle conseille d’en limiter la consommation. Nous en ingérons régulièrement sans vraiment en connaître les dangers. Les additifs alimentaires sont des substances ajoutées aux aliments pour que ceux-ci soient conservés plus longtemps mais aussi pour d’autres raisons : améliorer leur apparence, accentuer leur goût et leur saveur, rehausser leur texture et augmenter leur valeur nutritive. Toutefois, précise Kavita Ragavoodoo, nutritionniste au ministère de la Santé, certains ne sont pas toujours inoffensifs. « Nous recommandons toujours aux gens de diminuer leur consommation d’aliments qui contiennent des additifs. Il est préférable de privilégier des produits naturels qui sont plus sains. Tous les additifs utilisés dans les aliments sont normalement approuvés par des instances internationales comme la Food and Drug Administration (FDA) et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Mais il y en a qui ne sont pas 100 % sans danger », avertit-elle. Certains additifs peuvent, en effet, provoquer des réactions allergiques. D’autres sont associés au cancer, à l’asthme ainsi qu’à certaines malformations congénitales. La nutritionniste ajoute qu’il y a aussi ceux qui étaient autrefois utilisés, sans aucun problème, mais qui ont, par la suite, été bannis après qu’il a été prouvé qu’ils sont nuisibles à la santé. Il y a plusieurs types de contrôle que le département sanitaire exerce sur les additifs utilisés dans les aliments, souligne, pour sa part, Prakash Gokoola.

Mentions « mensongères »

Selon cet officier du département sanitaire, « lorsqu’un produit alimentaire est importé, nous en prélevons un échantillon à des fins d’analyses. Celles-ci se font à la Government Analyst Division, en ligne avec les Food Regulations. Si les résultats démontrent qu’un produit alimentaire contient un excédent d’additifs, nous procédons à une saisie ». Les inspecteurs sanitaires font des risk-based inspections. Si un aliment est considéré comme étant dangereux, ils vont alors se concentrer sur ce produit. Ils font également des inspections de routine au niveau de l’aéroport ainsi que sur le marché local, notamment dans des commerces de grandes surfaces et d’autres points de vente. Ils vérifient, notamment, si les produits alimentaires sont dûment étiquetés. Les inspecteurs prélèvent aussi des échantillons pour faire des analyses. Nisha Etwaroo, de la Government Analyst Division, indique qu’il y a beaucoup de produits qui ne sont pas censés contenir d’additifs ou de colorants. Pis, soutient-elle, certains dépassent parfois la limite autorisée par les Food Regulations, voire les normes alimentaires sur le plan mondial. « Il faut faire très attention aux produits alimentaires. Les mentions ‘sans colorants’ ou ‘sans additifs’ sont parfois mensongères. à titre d’exemple, plusieurs types de jus de fruits, vendus en briques, contiennent des colorants qui ne sont pourtant pas mentionnés sur la liste des ingrédients. Même les dérivés de viande, de poulet et de poisson contiennent des nitrates et des nitrites qui ne sont pas mentionnés sur l’étiquetage », révèle-t-elle.

Glutamate monosodique

Plusieurs actions peuvent être prises contre les contrevenants : la saisie du produit et son retrait du marché local, une contravention ou encore des poursuites contre le commerçant pour infraction aux règlements alimentaires. L’amende infligée n’excède pas la somme de Rs 2 000 pour la première infraction. Le contrevenant peut aussi être passible d’une peine d’emprisonnement ne dépassant pas deux ans, ajoute Prakash Gokoola. Le glutamate monosodique (GMS) est très utilisé dans la cuisine chinoise pour rehausser le goût des aliments. Ce produit, souligne Kavita Ragavoodoo, est considéré comme étant sans danger pour les consommateurs. N’empêche que son utilisation demeure controversée car nombre de personnes qui en consomment développent des effets indésirables. « Toutefois, les recherches ont démontré qu’il n’y a pas de lien définitif entre ces réactions adverses et le GMS. De plus, le pourcentage de personnes qui en sont touchées est minime. Quant aux réactions, elles ne sont pas graves, si bien que les personnes concernées n’ont normalement pas besoin de soins. Le seul moyen de prévention est qu’elles doivent s’abstenir d’en consommer », souligne la nutritionniste. Kavita Ragavoodoo conseille aux personnes atteintes de maladies, telles que l’hypertension artérielle et les troubles cardiovasculaires, doivent éviter de consommer des aliments contenant du GMS. Car après tout, souligne la nutritionniste, il s’agit d’une forme de sel. D’ailleurs, le ministre du Commerce, Ashit Gungah, a annoncé récemment que l’Ajinomoto, qui est à base de GMS, sera interdit dès le mois prochain. Pour Nisha Etwaroo, si le GMS n’est banni dans aucun autre pays c’est parce que les études menées par la Commission européenne et le Codex Alimentaire n’ont pas pu prouver, jusqu’ici, la toxicité de ce produit.  
 

Thierry Man Hin, directeur d’EAL Man Hin: « L’interdiction de l’Ajinomoto n’est pas justifiée »

La compagnie EAL Man Hin importe l’Ajinomoto depuis 1955. Thierry Man Hin, un des directeurs de la compagnie, précise qu’il s’agit d’un produit naturel puisque le glutamate monosodique provient de la canne à a sucre et du tapioca. Cette substance est d’ailleurs, dit-il, déjà présente naturellement dans beaucoup d’aliments : tomates, parmesan (1200 mg pour chaque 100 g), œuf (23 mg pour chaque 100 g). Et même le lait maternel contient 22 mg de GMS pour chaque 100g. « Au fil des années, il y a eu beaucoup de mythes et de mauvaises conceptions sur ce produit. Par exemple, on lui a attribué des maladies comme la migraine, le cancer et l’hypertension artérielle, entre autres. Mais pendant toutes ces années, il y a eu toutes sortes de recherches sur le GMS qui n’ont pu cependant établir le lien entre ce produit et ces maladies. En fait, toutes les instances internationales comme le FDA, l’OMS et la Food and Agricultral Organisation sont parvenues à la conclusion qu’il s’agit d’un produit sans risque pour les consommateurs. C’est pour cela que nous pensons que l’interdiction de l’Ajinomoto n’est pas justifiée. D’autant que plusieurs laboratoires ont certifié qu’il ne comporte aucun risque pour les consommateurs », commente-t-il.

Le rôle de la Government Analyst Division

C’est cette unité du ministère de la Santé qui fait des analyses chimiques sur les produits alimentaires. Cela, pour vérifier si ces produits sont conformes aux Food Regulations. « Ce sont les bureaux sanitaires qui nous réfèrent des échantillons à être analysés. Et nous produisons des certificats d’analyse pour spécifier pourquoi un aliment n’est pas conforme aux règlements. C’est à la base de ce document que le département sanitaire est en mesure de prendre des actions, voire de poursuivre le commerçant concerné », explique Nisha Etwaroo.
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