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Shakeel Mohamed : «Le PM perd le contrôle sur le calendrier des élections»

Jean-Luc Emile et ses invités lors de l’émission Au Coeur de l’info, mardi.

Shakeel Mohamed estime que la démission de Vikram Hurdoyal comme député fait perdre à Pravind Jugnauth le contrôle du calendrier électoral. 

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Le débat était animé et plein de rebondissements le mardi 13 février 2024 sur le plateau de Radio Plus et Télé Plus lors de l’émission Au Cœur de l’Info. La révocation de Vikram Hurdoyal en tant que ministre, sa démission comme député et l’absence d’explications de la part du Premier ministre, Pravind Jugnauth, étaient au cœur des discussions. Le journaliste Jean-Luc Emile a reçu sur son plateau Shakeel Mohamed, député du Parti travailliste (PTr), et Oliver Thomas, membre du MSM. Dr Shafick Osman, politologue, Rajesh Bhagwan, député du MMM, et Kushal Lobine, député du PMSD, sont intervenus par visioconférence et par téléphone respectivement. 

Oliver Thomas rappelle que ce n’est pas la première fois qu’un ministre est révoqué. Il cite, entre autres, Gaëtan Duval et Ivan Collendavelloo. Il lance un pic à Shakeel Mohamed qui a démissionné du MSM pour rejoindre le Parti travailliste. Le député rouge rétorque que cela n’est pas comparable avec la révocation d’un ministre qui est payé par les contribuables et est au service de la population. Shakeel Mohamed ajoute que le Premier ministre souhaite cacher la raison de la révocation. « Le PM a un devoir de transparence. Ne pas donner la raison est une faute de sa part. Il a le devoir de ne pas être cachotier », clame-t-il. Shakeel Mohamed s’est demandé si le Premier ministre ne couvre pas « un crime » commis par Vikram Hurdoyal, alors qu’Oliver Thomas estime que Pravind Jugnauth a perdu la confiance envers son ancien ministre. Les deux invités se sont alors accusés mutuellement de faire des spéculations.

« Si, par exemple, le travail n’a pas été bien fait. Quel est ce travail mal fait ? Qui en a subi les conséquences ? Si ce n’est pas cela, est-ce plus grave ? En tant que contribuables, nous devons savoir les raisons. Est-ce que ce n’est pas Pravind Jugnauth qui a dit en 2014 pendant la campagne électorale qu’il était pour l’accès à l’information ? L’arrangement entre Vikram Hurdoyal et Pravind Jugnauth s’est fait dans le dos des Mauriciens », lance Shakeel Mohamed. 

Oliver Thomas affirme qu’il est de la prérogative du Premier ministre de ne pas donner de raisons de la révocation. Il change ensuite de conversation en indiquant que les électeurs votent pour le bilan d’un parti. « Et le bilan du MSM a été conséquent », lance le membre du MSM. « Navin Ramgoolam a révoqué des ministres. Mais il l’a toujours fait devant ces ministres. C’est une question de culture », fait comprendre Shakeel Mohamed, avant de contredire son interlocuteur sur le bilan du MSM. « Le gouvernement n’est nullement fragilisé », conclut Oliver Thomas, avant de devoir quitter le plateau en cours d’émission, ayant d’autres engagements.

On a alors appris pendant l’émission, la démission de Vikram Hurdoyal comme député. Shakeel Mohamed a salué cette décision. « Je salue son courage », dit-il. « Avec la démission de Vikram Hurdoyal comme député, Pravind Jugnauth perd le contrôle sur le calendrier des élections, ce qui fragilise le gouvernement ». Shakeel Mohamed est d’avis que « Pravind Jugnauth s’est précipité en révoquant Vikram Hurdoyal. « Il aurait pu noyer le poisson en faisant un mini remaniement ministériel. Il y a eu une stratégie pour salir Vikram Hurdoyal », soutient-il.

Vikram Hurdoyal : le tombeur de Navin Ramgoolam

Quittant le son fief, le no 5 (Pamplemousses/ Triolet) après que celui-ci lui eût fait des infidélités aux élections générales du 10 décembre 2014, Navin Ramgoolam alla poser ses valises au no 10 (Montagne-Blanche/ GRSE) pour les élections générales du 7 novembre 2019. Convaincu de pouvoir y séduire les électeurs, il y mordra cependant la poussière. Le principal artisan de sa défaite était alors Vikram Hurdoyal, qui avait pourtant failli être un candidat rouge.

Sollicité à la fois par le MSM et le PTr, sa candidature avait finalement été retenue par le Sun Trust lors des élections du 7 novembre 2019. Ce choix s’est révélé fructueux, car face à Navin Ramgoolam, ancien Premier ministre et leader du PTr, Vikram Hurdoyal a remporté 23 252 voix, représentant 54,6 % du total des votes pour cette circonscription. L’écart entre le jeune politicien, faisant ses débuts au sein d’un grand parti, et Navin Ramgoolam était de 5 716 voix, ce dernier obtenant 17 536 votes, soit 41,3 % des faveurs des électeurs de cette circonscription. Entre le lion et nouveau venu, il y avait un écart de plus de 13 %.

Même Zahid Nazurally, du Muvman Liberater, arrivant en deuxième position avec 18 459 voix, soit 43,3 %, a été surpassé par son colistier, Vikram Hurdoyal, de 4 793 voix. Un peu plus de 10 % séparaient les deux candidats de la majorité parlementaire.

Dr Shafick Osman : « Cette démission éclaircit le calendrier électoral »

La révocation de Vikram Hurdoyal a provoqué « un mini séisme », selon Dr Shafick Osman. « Selon les propos de Pravind Jugnauth, Vikram Hurdoyal ne fera pas de déclaration publiquement, ce qui contribue au flou. En principe, si un chef du gouvernement révoque un ministre, il doit en donner la raison. Je pense que politiquement, il y a une temporisation, c’est une stratégie pour calmer les choses. Un Premier ministre a le droit de ne pas donner la raison, mais cela n’aide pas à la communication. La démission de Vikram Hurdoyal comme député provoque des élections partielles à la mi-août, ce qui sera très proche des élections générales. Aucun gouvernement n’organise des élections partielles peu avant des élections générales. Cette démission éclaircit le calendrier électoral. Il y a un gros travail pour l’alliance gouvernementale dans l’Est du pays », avance Dr Shafick Osman.

Rajesh Bhagwan : « Ce gouvernement est en décrépitude »

Rajesh Bhagwan a lui aussi salué « le courage de Vikram Hurdoyal ». Le député du MMM a ajouté que l’ancien ministre a un bon bilan. « Il entre dans l’histoire en n’hésitant pas à démissionner. Seuls ceux qui ne vivent pas à Maurice ne savent pas que ce gouvernement est en décrépitude. Pravind Jugnauth croit qu’il est propriétaire de Maurice. Il n’y aura pas d’élections partielles, nous allons vers les élections générales », affirme le député MMM. « Nous ne pouvons pas nous précipiter », répond Rajesh Bhagwan quand Jean-Luc Emile lui demande s’il serait content de voir Vikram Hurdoyal intégrer l’opposition.

Kushal Lobine : « Le PM ne peut plus repousser les élections générales en 2025 »

Kushal Lobine commente : « le Premier ministre n’a plus la possibilité de repousser les élections générales en 2025. Au PMSD, nous saluons le courage de Vikram Hurdoyal. J’ai salué au Parlement son travail comme ministre. C’est tout à son honneur d’avoir rendu son ticket. Les jours du gouvernement MSM sont comptés. Il y a plusieurs ministres qui calculent quoi faire après. Au sein de l’alliance PTr/MMM/PMSD, nous sommes sereins. Le Premier ministre doit donner des élections générales comme il l’a fait après la démission de Vishnu Lutchmeenaraidoo (en 2019). C’est une bouffée d’air frais pour la démocratie d’avoir les élections générales dans quelques mois », commente le député du PMSD.

 

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