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Sophie Montocchio : six ans au cœur de Parapli Rouz

Sophie Montocchio s’occupe des droits des travailleurs du sexe.

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Derrière son air introverti et timide se cache une femme de poigne et de conviction qui se bat pour ce qu’elle pense juste. Escale dans l’univers de l’association Parapli Rouz.

« Je me bats avec elles et non pour elles ». Cela fait six ans que Sophie Montocchio a fait de sa lutte pour les droits des travailleurs du sexe son cheval de bataille. Son objectif était alors de changer le regard des gens et de la société vis-à-vis des travailleurs du sexe. Dans sa révolte la jeune femme a pris conscience des injustices à l’égard de ces citoyens.

« Tout un travail doit être fait pour changer les préjugés, les stigmatisations de la société envers ces femmes qui comme vous et moi ont choisi leur métier. Dans leur cas : celui d’être travailleuses du sexe pour gagner leur pain ».

Participant à une marche en 2011, lors d’une journée internationale de lutte contre les violences envers les travailleurs du sexe.

Sophie Montocchio raconte qu’a la fin de son parcours scolaire, sa décision était prise. « Je voulais faire du social, d’une façon ou d’une autre, et je me sentais concernée par la justice. Comme le métier d’avocate ne correspondait pas à ma personnalité, j’ai choisi une autre voie ».

Ses premiers pas dans le social, elle le fait avec l’association Rêve et Espoir à Rivière-Noire. À l’époque, c’est bénévolement qu’elle venait en aide aux plus démunis du haut de ses 17 ans. « Le bénévolat était quelque chose qui m’interpellait et me dirigeait vers cette filière. Déjà à l’époque, je me voyais mal intégrer un business et me concentrer sur les profits d’une compagnie ».

Sophie s’envole alors pour l’Australie pour poursuivre ses études en sciences sociales. C’est durant l’un des modules sur les droits humains que le déclic survient. En parallèle, la jeune femme travaillait et levait des fonds pour différentes associations. Elle faisait aussi du bénévolat dans l’environnement.

Au fil de ses expériences, elle réalise que « c’était le social ou rien du tout ». À son retour à Maurice, Sophie intègre Chrysalide où elle travaille comme coordinatrice de projet. « Je chapeautais plusieurs projets, dont Parapli Rouz lancé presque au même moment. C’était en 2010, j’ai accroché du premier coup. Cette réalité souvent incomprise de la société en général m’interpellait ».

Elle décide de prendre les taureaux par les cornes. « La relation humaine à travers le travail de terrain m’apporte beaucoup ». Quand Chrysalide avait mis sur pied le projet, l’idée de base était de combattre la violence contre les travailleuses du sexe.

« Le projet s’est laissé porter par la communauté. Le nombre de violation des droits humains, de violence, d’agression, de maltraitance et autres stigmatisations auxquelles ces femmes devaient faire face chaque jour me révoltait. J’ai été touchée par chaque personne que je rencontrais. C’est une leçon de vie. Certaines situations étaient inacceptables et je ne pouvais pas rester indifférente. »

En 2014, l’ONG reçut un financement pour organiser des rencontres et mettre sur pied un programme d’empowerment. Avec l’équipe de Parapli Rouz, Sophie Montocchio a réussi à faire bouger les choses. « L’information sur les droits, les maladies sexuellement transmissibles, mais aussi comment améliorer les relations avec la famille, entre autres, était en demande ».

« La plus grande stigmatisation de la société c’est de dire que si ces travailleuses du sexe avaient le choix, elles auraient fait autre chose. Mais en réalité c’est leur choix, peu importe les raisons, elles doivent être respectées, peu importe leur choix de vie ». Vers la fin de 2014, la décision fut prise de distinguer Parapli Rouz de Chrysalide et de l’enregistrer comme une association à part entière avec une mission spécifique. « Les femmes sont maintenant plus actives dans la lutte ».

Fière de son parcours au sein de Parapli Rouz, Sophie Montocchio dit avoir beaucoup appris de cette expérience. « J’ai pris conscience que nous devons apprendre à nous contenter de ce que nous avons sans nous plaindre. »

 

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