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Stationnement illégal : la police verrouille les contrevenants avec des sabots

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Un nombre important de véhicules ont été immobilisés par la police en ayant recours à des sabots de roue ces dernières semaines. Une situation qui s’explique par l’acquisition de 255 nouveaux sabots par les forces de l’ordre pour faire face au problème de stationnement sauvage. Ce phénomène prend de l’ampleur avec une flotte de véhicules en constante augmentation. 

Sur les réseaux sociaux, des internautes ne manquent pas une occasion de poster des photos de véhicules épinglés dès qu’ils en voient un. Les régions où de telles scènes ont été le plus constatées sont Port-Louis, Ébène et Rose-Hill, parmi d’autres régions. 

Les internautes, pour la grande majorité, accueillent favorablement ces sanctions de la police face au stationnement illégal. « Bravo », « Finn rode, finn gagne », peut-on lire dans les commentaires. Au point que certains encouragent la police à sévir davantage : « This trend should continue », écrit Naren R, ou « Bizin met lord », réclame Billy W. D’autres en profitent pour attirer l’attention des autorités sur ce phénomène constaté également dans leur région. « Vinn met inpe dan Rose-Belle, devan la bank […] svp », demande Bentley Z. « Dir zot vinn Bel-Air, karne pou ranpli », exhorte Veerasamy M. « Bizin fer sa inpe partou, sirtou leswar », suggère pour sa part Nazir D. 

Mais évidemment, cette situation n’amuse pas tout le monde. À l’instar de Vick B : « La lwa zis pou ti dimounn dan Moris ». « Dominer », martèle pour sa part Jennita T. K. Akshay G. déplore que la police a récemment sévi aux abords de l’Université de Maurice à Réduit au moment où se tenait, semble-t-il, une cérémonie de remise de diplôme. « Enn lepok kot ena graduation, pena ase parking, pe met sabot ! Dimounn la sipoze pran loto-la rant dan graduation ceremony ? », ironise-t-il.  

255 nouveaux sabots

Le stationnement sauvage entraîne une charge de travail importante pour les forces de l’ordre.
Le stationnement sauvage entraîne une charge de travail importante pour les forces de l’ordre.

Le Défi Plus s’est tourné vers les Casernes centrales pour savoir si la police a décidé de sévir davantage contre le stationnement illégal ces derniers temps. Le sergent Valéry Uppiah, affecté à la Road Safety Unit de la Traffic Branch, soutient que la police sévit contre toute forme d’infractions. « Cependant, l’utilisation de sabots contre les stationnements illégaux sont beaucoup plus visibles à l’échelle de l’île actuellement. La police a récemment acquis 255 nouveaux sabots qui ont été distribués dans toutes les divisions », confie le sergent de police. 

Le sergent Valéry Uppiah précise que ces sabots, d’un nouveau modèle, ont l’avantage de pouvoir être installés sur une plus grande catégorie de véhicules. Désormais, même les « gros » véhicules y passent, qu’il s’agit de tout-terrains équipés de gros pneus, de camions, voire des autobus. Ce qui n’était pas possible avec l’ancien modèle, soit le sabot de Denver, qui était limité par la taille du pneu, fait ressortir notre interlocuteur.

À Ébène, par exemple, le manque criard d’espace de stationnement pousse des automobilistes à prendre tous les risques.
À Ébène, par exemple, le manque criard d’espace de stationnement pousse des automobilistes à prendre tous les risques.

Août : 412 sabots 

Ainsi, rien que pour le mois d’août, 412 véhicules ont été immobilisés par des sabots à travers le pays. Une tendance haussière par rapport au mois de juillet durant lequel 322 sabots avaient été installés. Ce, alors que la moyenne pour les mois précédents, soit de janvier à mai 2023, était d’environ 120 sabots par mois (voir tableau pour les chiffres détaillés). À ce jour, soit de janvier à août 2023, un total de 1 455 sabots ont été installés par diverses unités de police.

C’est la division Metro South (Port-Louis Sud) qui a installé le plus de sabots, soit 652 pour les huit premiers mois de 2023. Cette division s’étend de Tranquebar à Sorèze, jusqu’à Pointe-aux-Sables, incluant le centre-ville, où le phénomène de « stationnement sauvage » est plus prononcé, à en croire le sergent Valéry Uppiah. S’en suivent les divisions Ouest (159 sabots) et Sud (155 sabots). 

Comparativement, sur les douze mois de l’année 2022, un total de 2 639 sabots de roue avait été installés sur des véhicules à travers le pays. C’est l’Emergency Response Service (ERS) qui avait alors eu le plus recours à ce dispositif, avec 756 sabots installés, suivi de la Traffic Branch (679 sabots) et de la Division Metro South (677 sabots).

Caméras « Safe City » : Pas de loi pour infliger des amendes à travers la vidéo surveillance

Les systèmes de vidéosurveillance de la police, comprenant aussi les caméras Safe City, sont utilisés pour traquer les véhicules qui ne respectent pas les règles de stationnement. C’est ce qu’affirme le sergent Valéry Uppiah. « Ces systèmes aident à identifier les véhicules qui obstruent la circulation, bloquent un passage piéton, occupent des espaces réservés aux personnes handicapées etc. », dit-il. Ces informations sont ensuite relayées à la police de la localité pour prendre des actions. Toutefois, notre interlocuteur laisse entendre qu’à l’heure actuelle, ces caméras ne peuvent être utilisées pour mettre à l’amende les contrevenants. « Pour le moment, nous n’avons pas de loi qui permet à la police d’établir une contravention à travers les systèmes de vidéosurveillance », concède-t-il. 


Règles de stationnement : Les véhicules d’urgence et ceux des ministres pas concernés 

Il n’est pas rare de voir des internautes poster des photos montrant des véhicules de police stationnés sur des doubles lignes jaunes. Si cela provoque souvent l’indignation des internautes, cela n’aurait rien d’illégal, à en croire le sergent Valéry Uppiah. Selon ses dires, les lois régissant le stationnement, à l’instar du « GN No 53 of 2010 », ne s’appliqueraient pas aux véhicules utilisés par les pompiers, les ambulances et les véhicules de police. Il laisse entendre que la flotte de véhicules de police comprend aussi les berlines utilisées par les ministres et les Parliamentary Private Secretaries (PPS), entre autres. 

Le stationnement illégal en face de la Cour suprême est monnaie courante, impliquant parfois des policiers eux-mêmes.
Le stationnement illégal en face de la Cour suprême est monnaie courante, impliquant parfois des policiers eux-mêmes.

L’occupation illégale des parkings réservés aux personnes handicapées 

Un marchand de glace n’a pas hésité à squatter cet espace réservé aux handicapés sur une plage publique.
Un marchand de glace n’a pas hésité à squatter cet espace réservé aux handicapés sur une plage publique.

La pratique de squatter des emplacements de parking réservés aux personnes en situation de handicap par des automobilistes ne présentant aucun handicap s’accentue. 

Tel est l’avis de Soovan Sharm a Dookhoo, membre exécutif du Commonwealth Disabled People Forum, qui a décidé d’en faire sa bataille. « Nerport kisanla vini, park zot veikil », décrie-t-il. Or, le Management Support Officer au ministère de la Fonction publique fait ressortir que ces emplacements sont spécialement conçus pour faciliter l'accès aux personnes handicapées, qui ont souvent des besoins de mobilité spécifiques. 

Soovan Sharm a Dookhoo ne cache pas que cette situation lui cause bien des inconvénients lorsqu’il doit se rendre au travail le matin. « Je dois alors tourner en rond dans la capitale pour trouver un parking dédié, ce qui fait que non seulement j’arrive en retard au travail, mais je dois aussi parcourir une plus longue distance alors que j’ai un handicap », soupire-t-il.  

Le jeune homme dit avoir le sentiment que ses appels à la police pour dénoncer ces cas tombent dans l’oreille d’un sourd. « À leur ton, j’ai l’impression que ce n’est pas leur priorité », allègue-t-il, préconisant ainsi une sensibilisation à la fois de la police et celle de la population sur le pourquoi et le comment de ces emplacements réservés. 

Interrogé à cet effet, le sergent Valéry Uppiah soutient que la police agirait avec la même rigueur contre le stationnement illégal sur les parkings réservés aux personnes en situation de handicap que pour les parkings payants. « Lorsqu’on procède à une vérification, nous ne faisons pas la distinction entre ces deux parkings. ‘Nou check depi enn kote nou vini mem », assure-t-il. Il suggère au passage d’appeler sur la hotline de la police, le 148 ou le poste de police le plus proche pour signaler cette infraction.  

 


Quand des policiers donnent le mauvais exemple

Il est généralement attendu que les membres des forces de l’ordre donnent l'exemple en matière de respect des lois. Or, il semblerait que ce n’est pas toujours le cas, à en croire des commentaires des citoyens sur les réseaux sociaux. « Venez à Curepipe et voyez comment des policiers garent leur voiture sur des doubles lignes jaunes ou sur des passages piétons qui se trouvent à proximité des postes de police. Ils garent leur voiture en dehors des zones de stationnement. Et lorsqu’ils sont garés sur une zone payante, ils n’affichent pas de coupons. ‘Pou banla pena la lwa ? » se demande Sachin J. « Bizin vinn devan stasion Sodnac. [plizir] sa bann gard-la park zot loto lor trotwar ek ena lekol pre », soutient Vikash R. « Il y a un policier qui stationne sa voiture quotidiennement en face de la Cour suprême, sans mettre de coupon. ‘La polis ale-vini laba, sa zot pa trouve ? » fulmine Jason S.  

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