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Stenio poignardé au coeur à Bois-Marchand - Francis Collet: «Je ne suis rien sans mon jumeau»

Jean Stenio Collet est mort poignardé. Un tournevis lui a transpercé le cœur. Cette scène d’une rare violence s’est produite jeudi sous le regard impuissant de sa compagne. Ses frères et sœurs sont anéantis.
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/div> Pour Francis, le jumeau de Jean Stenio Collet, la vie ne sera plus jamais la même. Il est arrivé peu après l’agression et a découvert son frère dans une mare de sang. « C’est mon autre moitié qui est partie. Je ne suis rien sans lui », lâche-t-il en pleurs. « Nou ti inseparab. Tou kiksoz nou ti pe fer ensam. Travay ousi nou ti pe trase ensam », explique Francis. « Depi sa zur la mo latet fatigue. » Cela fait plusieurs années maintenant que les Collet, une famille d’origine rodriguaise, se sont installés à Maurice. Jean Stenio Collet, que l’on surnommait Tico, est issu d’une fratrie de six enfants. Trois sœurs et trois frères. Leur père, Benjamin, 75 ans, et leur mère Claudine sont arrivés dans l’île peu après. « Mon père était employé au Département des Bois et Forêts à Rodrigues. Dès qu’il a pris sa retraite, il nous a rejoints », explique Claudina, la sœur aînée. Au fil des ans, les enfants Collet se sont fait une place ici. Les jumeaux étaient maçons et ont fondé une famille. Stenio avait une compagne qui lui a donné cinq enfants. Il y a quatre ans environ, ils se sont séparés, selon ses proches. « Mon frère habitait Batterie-Cassée. Après sa séparation, il est venu s’installer à Bois-Marchand chez notre père », raconte la sœur aînée. Débrouillard, Tico construit sa maison à l’étage avec l’aide de son père. C’est une nouvelle tragédie que vit cette famille en l’espace d’une année. « Ma mère Claudine, qui ne jouissait pas d’une bonne santé, a été emportée par la maladie l’année dernière », raconte Claudina. Et dans ces moments pénibles, c’est Stenio qui a su apporter du réconfort à ses frères et sœurs. La famille a su rester soudée. « Kan nou mama inn mor, li mem ki ti ed nou », poursuit la grande sœur. Stenio, dit-elle, avait le cœur sur la main. « Li kapav pena gran zafer, me pou so fami linn fer boukou ».

L’argent de la pension volé

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Stenio Collet.

Mais à route Passerelle, où habitait Stenio, tous ne le voyaient pas du même œil. Il y a peu, la famille de Benjamin Collet a eu un différend avec les Genave, qui habitent à l’arrière même de leur maison. Le 7 janvier 2016, le père de Stenio s’était rendu au poste de police de Terre-Rouge pour rapporter un vol. Il avait découvert que son armoire avait été forcée et que l’argent de sa pension, soit une somme de Rs 15 000, avait disparu. Il avait alors dit à la police qu’il n’avait aucune idée de l’identité du voleur. Mais pour les enfants du retraité, il ne faisait pas l’ombre d’un doute que leurs voisins, Josian, Joël et Josseley Genave étaient derrière ce larcin. « Des gens les avaient vus entrer chez nous », explique Jenita, la compagne de Stenio. Depuis cette dénonciation, le torchon brûlait entre les deux familles. « Ils se mettent en face de notre maison et surveillent nos moindres faits et gestes », poursuit la jeune femme. Jeudi après-midi, la situation a échappé à tout contrôle. Il est 13 h 30. Jenita est à la maison avec Stenio et Benjamin. C’est alors que les frères Genave et leur mère Josseline, âgée de 47 ans, se pointent devant leur domicile. « Ils ont provoqué Stenio, lui disant qu’il ne pouvait se battre comme un homme. Une dispute a alors éclaté entre eux », a-t-elle expliqué à la police. Selon Jenita, les trois frères Genave et un mineur de 14 ans se sont jetés sur Stenio. « Enn inn grimp lor ledo Stenio. Zot inn batt li kout dibwa. Zot inn pouss mwa lor leskalie », se rappelle la jeune femme, qui ne peut chasser ces images de sa tête. Elle essaie de se relever pour aider son compagnon, mais elle sera agressée à son tour. « Monn trouv Josseline. Ti ena enn tournviss dan so lame, linn vinn deryer Stenio, linn pik li », sanglote Jenita. Stenio s’effondre, grièvement blessé.

Dernier soupir

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"8213","attributes":{"class":"media-image wp-image-15480 ","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"300","height":"338","alt":"Claudina, l\u2019a\u00een\u00e9e des Collet."}}]] Claudina, l’aînée des Collet.

Les voisins sont ensuite rentrés chez eux. À la suite de cette terrible agression, les Collet veulent se faire justice. Ils se rendent dans l’instant devant la porte de Josseline Genave et commencent à lancer des projectiles. Pierres, briques, bouteilles, tout ce qui leur tombe sous la main devient alors une arme pour se venger. « Mo ti gagn enn call. Banla dir Tico inn blese. Monn degaze monn vini. Mo ti krwar linn al lopital, monn desann kot bann vwazin, me li ti enkor lamem. Kan mone rant dan lakour, monn trouv li amba, so madam pe pass delo lor so figir », lâche Francis, en sanglots. Entre-temps, la police de la région est appelée à la rescousse. Stenio est évacué vers l’hôpital par ses proches, mais en cours de route, il rend son dernier souffle. Dans la cité, la tension monte crescendo. Des badauds se sont attroupés. Les policiers sont pris pour cibles. La SSU et le GIPM sont déployés pour faire face à cette foule hostile. Des pierres, des bouteilles et d’autres projectiles sont lancés sur les éléments des forces spéciales. Bilan : huit policiers blessés et quatre véhicules de l’unité anti-émeutes endommagés. Neuf membres de la famille Genave, y compris Josseline et ses trois fils, sont évacués. Placés en état d’arrestation, ils sont conduits dans les locaux de la MCIT aux Casernes centrales. Les suspects en lieu sécurisé et la victime en route vers la morgue, les enquêteurs auront toutes les peines du monde à accéder à la scène de crime. La famille Collet est remontée contre la police, déplorant son inaction après le vol qui s’est produit deux semaines plus tôt. « Si la police avait bien fait son travail, notre frère serait toujours de ce monde », estiment les sœurs de Stenio. « Pa fasil sa... Nou ti met enn case la polis, pan ena oken arestasion. Mo frer ti pou enkor lamem si ti aret zot pou vol », se désole Francis. L’autopsie pratiquée par le Dr Sudesh Kumar Gungadin, chef du service médico-légal, et le Dr Harish Coomar Baichoo, a conclu que Stenio Collet est mort à la suite d’un coup fatal porté au cœur. L’arme, un tournevis, a perforé le poumon avant d’atteindre le cœur. Ses funérailles ont eu lieu vendredi après-midi.
 

Danella P., la compagne de Joël Genave, témoigne: « Je dormais au moment du drame »

Elle dit ne pas comprendre ce qui s’est passé ce jour-là. Danella P., 18 ans, est la compagne de Joël Genave, 20 ans. Elle était présente au moment où les projectiles ont été lancés sur la maison des Genave. « Je dormais quand toute cette affaire a débuté. Je ne sais pas ce qui s’est réellement passé chez les voisins. Ce sont les bruits des projectiles sur la maison qui m’ont sortie du sommeil. C’était effrayant, d’autant que j’étais avec un enfant de six mois. Il n’a pas été blessé. Je ne suis pas sortie de la maison. J’ai attendu l’arrivée de la police que j’ai moi-même contactée », relate la jeune femme. Elle avait aussi été embarquée par la police, avant d’être relâchée.
 

Des voisins arrêtés

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Dans le sillage de cette agression mortelle, la police criminelle de Terre-Rouge a procédé à l’arrestation de cinq suspects, dont un mineur de 14 ans. Josian Genave, l’un des individus arrêtés, est admis à l’hôpital. Il est sous surveillance policière. À vendredi, Josseline Genave, dont la famille a retenu les services de Mes Danielle Selvon et Ashwin Ramsewok, n’avait pas encore donné sa version des faits. Josseley, Joël et le mineur attendent aussi leur homme de loi. Aux limiers de la CID, ils ont toutefois expliqué qu’ils n’ont pas tué Stenio Collet. Ils se disent, au contraire, victimes dans toute cette affaire. Ils disent avoir eu un accrochage avec Stenio Collet qui les avait empêchés de s’asseoir devant sa porte. Une bagarre a éclaté et Josian Genave a reçu un coup de bouteille à la tête. Ils se sont enfuis et se sont réfugiés chez eux avant que la police n’intervienne pour les évacuer. Mère et fils ont comparu devant le tribunal de Pamplemousses vendredi sous une charge provisoire de meurtre. La police a objecté à leur remise en liberté sous caution. La police a récupéré un tournevis qui a été envoyé au Forensic Science Laboratory (FSL) pour analyses.

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