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Tamarind Falls : la pêche à l’aventure

Ce dimanche, allons pêcher en eau douce à Tamarind Falls, là où chaque instant réserve son lot de surprises et d’émotions au fil de l’eau.

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Cap sur le village d’Henrietta en ce jeudi après-midi. Sachin a un défi à relever : vaincre le signe indien. Depuis qu’il est en vacances à Maurice, ce professionnel dans le domaine de la santé en Angleterre n’a pas réussi à pêcher le moindre poisson, malgré ses nombreuses tentatives à Tamarin, La Prairie et Flic-en-Flac. Cette fois-ci, il a décidé de tenter sa chance à Tamarind Falls.

« Je ne peux pas repartir de Maurice sans avoir attrapé un poisson, n’est-ce pas ? Que diront mes amis qui attendent tous des photos sensationnelles de mes vacances à Maurice ? En plus, ma maman a déjà fixé le nombre de poissons à attraper pour un dîner festif ce soir », dit-il en riant. C’est ainsi qu’armés de nos cannes à pêche et de nos rêves d’aventure, nous affrontons un soleil radieux pour découvrir les secrets cachés de Tamarind Falls.

Arrivés à Sept Cascades, nous rencontrons Raj, le directeur de Raj Adventures. Il est guide de randonnées pour les locaux et les touristes souhaitant explorer les lieux. Autour d’une tasse de thé, après nous avoir donné quelques indications sur les endroits possibles pour notre partie de pêche, il finit par nous lancer : « Vous allez vous perdre. Je vais vous y emmener. »

Nous embarquons dans son Pick-Up en direction de Tamarind Falls. Sur place, nous empruntons une belle allée de conifères pour aller vers le réservoir, d’une longueur d’environ 6,34 kilomètres. Au milieu de la nature, nous apercevons d’énormes tuyaux utilisés par la station de Tamarind Falls pour produire de l’hydroélectricité. Et dans un coin de cette immense étendue d’eau, un vieux pêcheur attend patiemment qu’un poisson morde à l’hameçon. « Nous aurons du poisson ce soir ! » se réjouit Sachin.

Raj nous entraîne sur un sentier rocailleux qui mène à un endroit qu’il connaît bien. Il nous assure qu’on y trouvera des poissons à foison. Arrivés sur les lieux, nous sortons nos cannes à pêche avec enthousiasme. Coiffés de casquettes, nous nous approchons du bord de l’eau. Sachin fixe un petit calamar artificiel coloré à son hameçon, espérant attirer les poissons, et lance sa ligne dans le réservoir.

Le vent souffle fort, faisant onduler la surface de l’eau. « Bonne chance pour pêcher quelque chose par ce temps », plaisante Raj. Sachin relance sa ligne et nous attendons… Dix minutes. Vingt minutes. Trente minutes. Rien ne mord ! « C’est mort, on remballe tout et on s’en va ailleurs », lance Raj.

En rebroussant chemin, nous rencontrons le vieux pêcheur qui était au bord du réservoir. Nous jetons un coup d’œil dans les seaux qu’il porte. « Ek sa divan-la, lamson kase. Enn ekay pa trouve. Pena peser-la. Pa pou gagn poson », dit-il. « D’habitude, vous venez pêcher ici ? » lui demandons-nous. « Wi. Depi plis ki 30 ans mo vinn lapes isi », répond-il. Quels sont les poissons qu’on y trouve le plus souvent ? « Black-Bass », affirme-t-il avant de continuer sa route.

Nous nous dirigeons vers le Cascades Restaurant Bar and Lodge, situé au fond d’Henrietta. En chemin, nous apercevons un pêcheur sur un pont et d’autres au bord de l’eau. Raj arrête le moteur. Sachin est tout excité et nous le suivons… Nous empruntons un petit sentier pour rejoindre les pêcheurs qui sont dans l’eau. Chaussés de bottes bleues, ils enfilent des appâts sur leurs hameçons et lancent leurs lignes avec élégance. Quelques minutes plus tard, un Black-Bass frétillant se prend à l’hameçon de l’un d’eux. Il le décroche d’un geste habile et le glisse dans son sac, avec ses autres captures.

Il nous sourit quand il nous voit déballer notre matériel et commencer notre partie de pêche. Sachin accroche à nouveau le calamar artificiel à son hameçon et imite le lancer du pêcheur à côté de nous. Et nous patientons. Toujours rien ! Soudain, un cri de joie retentit. Le pêcheur que nous avions vu sur le pont vient d’attraper un gros Black-Bass. Il le décroche en un éclair et range sa canne à pêche. Il est content, il a de quoi faire « enn ti-kari ». Lorsqu’il s’en va, les pêcheurs debout dans l’eau le saluent de la main tandis que sa belle prise nous redonne espoir. Peut-être que les poissons sont plus nombreux dans ce coin prisé des amateurs de pêche.

Lassés d’attendre que Sachin attrape enfin un poisson, nous rejoignons le pêcheur aux bottes bleues. Témoin de nos efforts de pêche infructueux, il nous demande quel appât nous utilisons. Nous lui avouons en riant que Sachin a ramené des crevettes. Il éclate de rire. « Bizin met lever sa », dit-il. Il nous tend quelques-uns qu’il a ramenés de chez lui, dans un fond de bouteille. Puis, il nous apprend comment les enfiler sur l’hameçon et comment lancer la ligne dans l’eau. Ensuite, il nous explique que dès que le flotteur disparaît soudainement sous l’eau, il faut ferrer en tirant un petit coup sec sur la canne. 

Nous suivons ses conseils à la lettre. Et nous voilà avec notre premier poisson que nous exhibons fièrement comme un trophée devant Sachin qui n’a toujours rien eu. Dépité, il fait la moue et annonce qu’il va sur le pont pour pêcher un plus gros poisson, comme le pêcheur qui vient d’attraper le Black-Bass.

Nous rions aux éclats. Mais le rire nous quitte quand vient notre tour d’enfiler nous-mêmes les vers de terre sur l’hameçon pour poursuivre notre pêche. Gluants, les animaux fouisseurs se tortillent dans nos mains. Nous ne renonçons toutefois pas. Une fois le ver de terre dompté, nous suivons l’exemple de notre nouvel ami pêcheur pour appâter les poissons. Le flotteur s’enfonce, nous tirons un coup sec, mais le poisson se dérobe en emportant notre appât. Nous en mettons un autre et nous attendons en bavardant avec le pêcheur. Il nous confie qu’il attend que sa petite-fille termine ses cours particuliers à Henrietta et qu’il est venu pêcher ici pour passer le temps : « Gagn enn ti gajak pou amenn lakaz. »

Le pêcheur nous fait un cadeau inattendu : des fruits de Jamalac confits. En entendant l’accent anglais de Sachin, il suppose que nous sommes aussi des étrangers. Mais non, nous lui assurons avec le sourire que nous sommes du pays. Après avoir désinfecté nos mains avec du gel hydro-alcoolique, nous croquons dans un fruit. L’acidité nous fait grimacer, mais nous rappelle aussi notre enfance. Notre ami doit partir. Avant de nous quitter, il nous glisse deux petits poissons Black-Bass : « Met dan aquarium, ki mo pou dir ou. » Nous sourions.

Nous comptons nos poissons : sept au total. Et Sachin ? « Nada. Je désespère. Ce sera pour une prochaine fois, je pense », confie-t-il tout triste. Déçu de n’avoir attrapé aucun poisson pour le dîner comme promis à sa mère, Sachin jette l’éponge. Nous le rejoignons. « Tiens, tu peux dire que c’est ta prise. Par contre, tu ne pourras pas en manger pour le dîner », lui disons-nous dans un rire.

Nous sommes assis comme des gamins sur le pont, émerveillés par le magnifique coucher de soleil qui embrase le ciel à Tamarind Falls. Soudain, un camion chargé de choux déboule à toute allure. Il va si vite qu’il perd deux choux sur la route. Sachin se précipite pour les ramasser. « Au moins, ma maman pourra faire ‘enn toufe lisou’ pour le dîner », rit-il.

Nous montons dans le Pick-Up de Raj pour retourner à Sept Cascades. Chez lui, nous nous nettoyons de la boue qui nous recouvre, avant de repartir avec nos poissons. Ils sont si petits, que nous n’avons pas le cœur de les faire frire. Comme l’oncle de Sachin veut des poissons pour décorer son bassin, nous allons les lui offrir. Aujourd’hui encore, ils sont vivants et grandissent à vue d’œil… De cette aventure, nous avons au moins rendu quelqu’un heureux.

 

 

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