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Tantine Julie: la fierté de Belle-Vue-Maurel

Tantine Julie, 77 ans (à g.) enfourche sa bicyclette pour aller vendre des gâteaux.
Pour les villageois, elle incarne la mère courage. À 77 ans, celle qu’ils appellent affectueusement « tantine Julie » pousse toujours son chariot à travers le petit village de Belle-Vue-Maurel pour aller vendre ses « merveilles » et autres petits gâteaux. Les dimanches après-midi, on la voit passer. Le son de son klaxon, qu’elle a fixé sur son chariot, attire les villageois. Ces derniers se raffolent surtout de ses « merveilles », qu’elle prépare elle-même. Elle explique qu’elle commence à préparer ces gâteaux, très réputés dans le village, à partir de midi. Dans le passé, elle allait les vendre aussi loin jusqu’à Desjardins, petite agglomération qui se trouve à un kilomètre plus loin. Aujourd’hui, sur l’insistance de son fils et de sa belle-fille, elle a écourté son trajet. « Pou mo l’âge aussi li pas facile », explique tantine Julie, avec un brin d’humour. Dans son chariot, on y trouve aussi de petits sachets de biscuits et autres petits gâteaux qui font la joie des enfants. On apprend que c’est Julie, elle-même, qui se rend à Port-Louis par autobus pour faire ses provisions.

Don du ciel

Les jours de semaine, elle enfourche sa bicyclette, avec une malle placée à l’arrière pour aller vendre des ‘rôtis’ dans l’école du village. Quand on l’a rencontrée dimanche dernier, elle revenait du marché de Rivière-du-Rempart, où elle vend des légumes. « Je me réveille à cinq heures du matin pour me rendre au marché », dit-elle fièrement. Elle retourne peu avant midi pour préparer ses « merveilles » pour sa tournée du village dans l’après-midi. Où puise-t-elle cette force de travail ? Julie explique que c’est un don du ciel. Elle travaille depuis l’âge de 13 ans. À l’époque, son père cultivait le tabac sur un terrain loué à bail. Elle l’aidait dans son travail. En 1988, forte de son expérience, elle loue des terrains à bail de la propriété sucrière pour la culture du tabac. Elle s’occupait de la mise en terre, de la cueillette, du tri et du séchage des feuilles et qu’elle allait vendre au Tobacco Board à Port-Louis. Mais avec l’arrêt de cette culture à Maurice, elle a dû cesser ses activités. D’ailleurs, la grange familiale où on faisait sécher le tabac, une grande bâtisse en pierre, se trouve toujours dans la cour.

Très populaire

Tantine Julie est très populaire, non seulement à Belle-Vue-Maurel, mais dans plusieurs villages du Nord. Dans le temps, elle était aussi couturière et confectionnait des robes de mariées. Plusieurs personnes viennent la voir pour des « passes ». « Mo conne tire foulure, marque darte, tire fraîcheur et traite banne morsures lichen », dit-elle. Sa popularité est telle qu’on l’avait approchée pour être candidate aux dernières élections villageoises, mais ses proches l’ont dissuadée, à cause de son âge. «  Si mo ti posé, mo sûre ki mo ti pou élue », dit-elle.
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