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Tarifs des cliniques : les associations de consommateurs demandent aux autorités d’agir 

Déplorant le manque de transparence au niveau des tarifs pratiqués par les cliniques, les associations de consommateurs lancent un appel aux autorités. Elles leur demandent de s’interroger sur les coûts réels des soins au sein de ces établissements de santé privés. 

« Il existe aussi des cas où quelqu’un admis à la clinique se voit facturer des visites de trois ou quatre médecins alors qu’il n’a été vu que par un généraliste et un spécialiste. » Propos de Mosadeq Sahebdin, porte-parole de la Consumer Advocacy Platform (CAP). 

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Il déplore le manque de transparence des frais auxquels un patient pourrait s’attendre en se faisant ausculter ou admettre dans une clinique. « Sans compter les frais des prestations des infirmières ainsi que de tous les consommables, c’est-à-dire coton, seringue, etc. »  

Mosadeq Sahebdin est d’avis que l’assurance médicale est le nouveau jackpot des cliniques. « Il est demandé à tout patient aussitôt admis de produire son assurance médicale. S’il n’en a pas, il doit produire une garantie de sa capacité de paiement », explique-t-il. 

Complicité 

D’ailleurs, poursuit-il, une clinique peut refuser un patient s’il n’est pas couvert par une compagnie d’assurance à laquelle elle est associée. « Il faut aussi dénoncer la complicité entre les assureurs et les médecins ou les cliniques. Ce n’est pas impossible qu’ils agissent de connivence, l’assureur étant souvent celui qui dirige le patient vers la clinique privée », déplore-t-il. 

La CAP souhaite attirer l’attention de la Competition Commission sur cette possible connivence afin de déterminer s’il s’agit de pratiques anticoncurrentielles et de sévir s’il y a lieu. Suttyhudeo Tengur invite le ministère de la Santé et les organismes publics, dont la Mauritius Revenue Authority, à mener une étude sur les véritables coûts de la médecine privée. 

Le président de l’Association pour la protection des consommateurs et de l’environnement estime qu’il faut ensuite venir avec des propositions rationnelles pour que le public ne soit pas injustement pénalisé. Il trouve lui aussi que les tarifs sont exorbitants. 

« Si vous êtes cardiaque, attendez-vous à avoir le choc de votre vie. Pour une simple consultation dans une clinique privée, la facture du médecin s’élève à plus de Rs 1 300, sans compter les analyses que le patient doit subir – examens de sang et d’urine, entre autres – pour un soi-disant diagnostic précis », martèle-t-il. 

Après l’étape des analyses, le patient repasse chez le médecin traitant pour les prescriptions médicales. « Avec les coûts des médicaments, le patient doit débourser au minimum Rs 5 000 », poursuit-il. 

clinique

Une facture de Rs 78 000 sans aucune intervention chirurgicale - A.H.D : « Je regrette profondément d’être parti à la clinique » 

Son expérience a fait le buzz sur la Toile. Cet homme d’une quarantaine d’années s’est rendu dans une clinique privée pour soigner un mal de dos. Il s’est retrouvé avec une facture de Rs 78 000 sans avoir subi aucune intervention chirurgicale. De plus, malgré une série de tests, il ignorait toujours la cause de sa douleur quand il est ressorti. 

« C’est un véritable cauchemar que j’ai subi à la clinique. Si j'avais su que je passerais par un tel calvaire, je serais parti à l’hôpital public. Je regrette profondément d’avoir choisi la clinique », déclare A.H.D, employé dans le secteur du commerce. 

Il souffrait d’une vive douleur dans le dos et comme il a souscrit une assurance médicale, il s’est dirigé vers un établissement de santé privé. « À mon arrivée, j’ai attendu une quinzaine de minutes et un médecin généraliste m’a ausculté. Il m’a dit que je devais être admis et il a recommandé que je sois vu par quatre spécialistes », raconte-t-il. 

Son admission s’est faite à 13 heures. Cependant, à 21 heures, il n'avait reçu la visite d’aucun spécialiste. Pendant ce temps d’attente, un membre du personnel soignant lui a seulement injecté une dose d’anti-inflammatoire pour soulager la douleur. « C’est quand je suis sorti dans le corridor pour exprimer mon mécontentement qu’un spécialiste est enfin venu me voir. Si je n’avais pas fait du bruit, j'aurais attendu plus longtemps encore, voire jusqu’au lendemain. »  

Vers 23 heures, le spécialiste en question lui a fait passer une batterie de tests concernant les reins, le cœur et la tête. Le lendemain matin, le patient a accepté d’autres examens médicaux. « Les conditions pour effectuer une échographie cardiaque m’ont vraiment surprises. Que le test coûte Rs 2 500, c’est compréhensible. Mais pourquoi payer Rs 5 000 au médecin qui a recommandé le test. Je ne comprends pas la logique », dit notre interlocuteur.

Finalement, le quadragénaire a commencé à soupçonner la clinique de ne pas chercher à le soigner mais plutôt à gonfler sa facture au maximum. « J’ai alors demandé ma décharge. Mais ils m’ont dit que je ne pouvais pas partir tant que la compagnie d’assurances n’aurait pas fait le paiement. » 

Entre-temps, sa douleur empire. Les trois autres spécialistes recommandés ne viennent pas l’ausculter. Pourtant, leurs honoraires sont inclus dans la facture. « Un médecin est venu me demander si j'avais bien mangé. C’est tout », soutient A.H.D, persuadé que la direction de la clinique l’a gardé intentionnellement « pour faire plus d’argent ». Effectivement, dans sa note, deux nuits sont comptées alors qu’il n’a passé qu’une nuit dans l’établissement. Tout simplement parce qu’après 14 heures, une deuxième nuit est facturée.  

C’est vers 20 heures que les procédures ont été terminées et qu’il a pu rentrer chez lui. Le médecin « on duty » lui a remis les résultats de tous les tests effectués sans lui indiquer la cause de sa douleur. « Les rapports sont tellement techniques que je ne comprends rien. Quand j’ai demandé des explications, ils m’ont dit que je devais prendre un autre rendez-vous et revenir. » 

Mais qui dit une autre visite, dit une autre facture. « J’ai déjà eu une mauvaise expérience et je ne compte pas remettre les pieds dans cette clinique. Je vais me faire soigner ailleurs », conclut-il.

 

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