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Taxis d’hôtels versus ‘contract cars’ : concurrence loyale ou déloyale?

Des associations de chauffeurs de taxi d’hôtels se sont plaints auprès de la rédaction au sujet des ‘contract cars’ opérant dans le secteur hôtelier. Elles les accusent de leur « voler » leur dû. Une manifestation est prévue à cet égard ce mardi à 11 h 45 devant les locaux d’Air Mauritius à Port-Louis.

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Les associations de chauffeurs de taxi d’hôtels reprochent aux propriétaires des voitures de location (contract cars) une pratique qu’ils jugent déloyale. Les conducteurs de ces véhicules, selon ces associations, prennent place dans les hôtels où logent les clients et repartent avec eux au nez et à la barbe des chauffeurs de taxi basés juste à l’extérieur. Elles ont de ce fait lancé un appel à la Tourism Authority, à la National Transport Authority et à la police pour qu’elles revoient cette situation.

Ces associations se sont regroupées au sein de la Federation of Hotels Taxi Associations (FHTA) dont le président est Yashpal Murrakhun. « Nous sommes affectés par plusieurs facteurs au niveau du transport, tels que la formule forfait  tout compris (all inclusive package) pratiquée par les hôtels et les tour- operateurs », a-t-il déclaré.

Les hôtels, a-t-il dit, vendent leurs chambres, les produits de leur restaurant et proposent aussi à présent d’autres activités comme le golf. « Le problème, c’est qu’ils incluent aussi le transport. Ils sont en train de s’approprier le gagne-pain des taxis avec leur pratique qui consiste à transporter les clients dans un ‘free shuttle’ (minibus). C’est par ce moyen de transport que les clients sont dirigés vers les terrains de golf, les centres commerciaux ou vers d’autres lieux de loisirs. Nous demandons que les hôtels pratiquent leurs activités en excluant le transport. Le client devrait être libre de choisir son moyen de transport. »

Yashpal Murrakhun, le président de la FHTA .

Selon Yashpal Murrakhun, les tour-opérateurs proposent aussi la formule « all inclusive » et y ajoutent les frais de transport sans faire appel aux taxis d’hôtels. Ces tour-opérateurs, a-t-il souligné, font appel plutôt à des transports qui opèrent hors de la base ou encore à des «contract cars» qui opèrent comme des taxis parallèles à travers le pays.

Et c’est pour cette raison, dira Yashpal Murrakhun, que la FHTA a demandé l’institution d’un nouveau comité interministériel pour l’introduction de lois plus appropriées ou pour des amendements à la «Tourism Act» et à la «Road Traffic Act» afin de responsabiliser les tour-opérateurs vis-à-vis des taxis basés près des hôtels.

Asraf Ali Ramdin, secrétaire de la General Taxi Owners’ Union (GTOU), abonde dans le même sens. Il ne mâche pas ses mots pour dire qu’il y a toute une stratégie mise en place par plusieurs groupements ou individus afin « d’arracher le pain de la bouche des chauffeurs de taxi d’hôtels ».

Cyril Appajalah décrie la concurrence déloyale des contract cars au détriment des chauffeurs de taxi d’hôtels comme Ashraf Ramdin.

Les 12 demandes de la FHTA

  1. La fin du « démarchage illégal» pratiqué par des groupes de personnes sur lesquels les autorités ne semblent pas avoir de contrôle. Le « démarchage» se fait sur la plage ou devant l’hôtel. Ce qui conduit à des transports illégaux.
  2. La fin du package « all-inclusive» pour les clients qui logent dans les hôtels.
  3. Que le rôle de la Police du tourisme soit revu.
  4. La nomination d’un représentant de la FHTA sur le conseil d’administration de la NTA.
  5. Adoption d’une loi par le gouvernement pour que les touristes ne prennent pas le bus (comme c’est le cas dans le Nord ou à Flic-en-Flac), mais voyagent plutôt par taxis d’hôtels. Aux Seychelles par exemple, les touristes n’ont pas le droit de voyager par le bus.
  6. Une réduction des frais d’enregistrement de 50 %.
  7. 100 % de remise de taxe sur les taxis, ramenée de cinq ans à quatre ans.
  8. Que les taximen aient le droit de conduire leurs voitures pendant quinze ans au lieu de dix ans, comme c’est le cas actuellement, avant de procéder automatiquement au changement du véhicule.
  9. Un plan de retraite pour les taximen à travers l’île.
  10. L’introduction d’une « support living allowance » pour les chauffeurs de taxis d’hôtels quand les hôtels sont en rénovation. Et le gel du remboursement des emprunts pendant la période de rénovation.
  11. La possibilité, après un accident, que les chauffeurs de taxis d’hôtels conduisent une autre voiture avec leur permis. Car des fois, la voiture accidentée reste au garage pendant un mois ou deux.
  12. Qu’on ne procède plus à la saisie des voitures. Car il est impossible aux chauffeurs ayant contracté des emprunts de rembourser aux banques quand il n’y a pas de travail.

Contract vehicles - Le commissaire Reesaul : «Les lois sont gérées par la NTA et par la Tourism Authority»

Réagissant aux questions soulevées par le secrétaire de la General Taxi Owners, Asraf Ramdin, le commissaire de la NTA, Koshik Reesaul, a expliqué que cette institution n’est pas la seule autorité en matière de transport des clients d’hôtels.

« D’après la loi, les ‘contract cars’ sont faites pour être louées. Quand quelqu’un loue ce type de véhicule, il doit signer un contrat avec la compagnie de location, certifiant à qui la voiture est louée. Comment est-ce possible maintenant que des ‘contract cars’ viennent prendre des clients devant leur hôtel sur simple présentation d’un bout de papier, d’un ‘voucher’ ? C’est quelque chose dont nous sommes témoins partout dans l’île. Certains hôtels font appel à des limousines pour des tours, vendant ce genre de service à leurs clients », a fait  ressortir Asraf Ramdin.

S’adressant au commissaire de la National Transport Authority (NTA), Koshik Reesaul, il lui a dit : « En tant que commissaire, n’est-il pas de votre devoir de prendre ce problème en considération ? Quand la loi a été votée, c’était pour les ‘contract buses’ et les ‘contract cars’, non ? »

Réponse du commissaire Reesaul : « La NTA accorde la licence à un véhicule comme ‘contract car’ ou ‘contract bus’. Mais au sein de la Tourism Authority, il y a une autre loi par rapport à l’accord conclu entre un tour-opérateur et une compagnie de location de ‘contract vehicles’. Cette loi relève de la Tourism Authority, et non de la NTA. »

« Mais en tant que commissaire, ne pouvez-vous pas rappeler les fauteurs à l’ordre ? Le Public Service Vehicle License (PSVL) est contrôlé par la NTA et non par la Tourism Authority », lui a répondu Ashraf Ramdin.

« Vous devez être au courant que le ministère du Tourisme a eu une réunion le mercredi 17 mai. Ce sont des réunions systématiques, qui ont lieu chaque mois. Vous devez avancer vos arguments lors de cette réunion. Il y a des représentants de la NTA qui sont présents à ces réunions », a rétorqué le commissaire.

« Alors que c’est la NTA qui octroie des licences, voilà que la Tourism Authority accorde des permis à des tour-opérateurs. N’y a-t-il pas une contradiction sur ce plan-là, commissaire Reesaul ? » Cette question lui a été posée par la rédaction. « Voilà ce qui se passe. Quand quelqu’un fait une demande de licence pour une ‘contract car’, l’un des critères qu’il doit satisfaire, c’est d’avoir un permis de la Tourism Authority. C’est sur la présentation de ce certificat qu’il sera éligible pour sa demande de permis. S’il n’a pas ce certificat, il n’aura pas un permis de ‘contract car’ », a expliqué le commissaire.


Réactions et témoignage

Sunny Malliah, Maritim Crystal Beach : «Ce sont les clients eux-mêmes qui font appel aux ‘contract cars’»

« Au Maritim Crystal Beach, nous avons toujours coopéré étroitement avec les taxis basés près de nous. Logiquement, il leur incombe de transporter les clients de l’hôtel. Malheureusement, nous n’avons pas de contrôle sur ces ‘contract cars’ qui viennent les chercher, car ce sont les clients eux-mêmes qui font appel à ce mode de transport. Nous ne pouvons les empêcher de le faire. Souvent c’est l’agence de voyages qui inclut le service de transport dans ce qu’elle propose au client. Nous comprenons ce que ressentent les chauffeurs de taxi basés ici, mais nous ne pouvons pas intervenir dans le choix du client. Nous pensons que c’est à la NTA et à la police de veiller à ce que tout se passe légalement », a déclare Sunny Malliah, le « Front Officer Manager » de Maritim Crystal Beach.

Et d’ajouter qu’à un certain moment, la Tourism Authority avait émis un communiqué annonçant que  les voitures de location n’auraient plus accès aux hôtels. Ils n’avaient pas le droit d’entrer dans la cour des hôtels pour prendre les clients. Mais à la suite de la démission du ministre du Tourisme, la Tourism ‘Authority a émis un nouveau communiqué pour dire que ce règlement n’était plus officiel.

Sandrine Petit, Sun Resorts : «C’est le visiteur qui choisit»

« La responsabilité de Long Beach et de nos autres hôtels est d’accueillir les clients qui ont choisi de séjourner chez nous, de leur offrir une qualité de service et d’expérience qui seront à la mesure de leurs attentes », explique Sandrine Petit, Group Director of  Marketing & Communication, de Sun Resorts. Et de poursuivre : « Nous ne sommes en aucun cas responsables de leur choix d’excursion ou du mode de transport durant leur séjour.

La plupart du temps, leur choix est fait lorsqu’ils préparent leur voyage, avant même qu’ils n’arrivent à Maurice. Les clients visitent divers sites, blogs, demandent conseils à leurs agences de voyages habituelles et préparent ainsi leur séjour. C’est donc le visiteur qui choisit de réserver une voiture de location ou de privilégier les services d’un taxi. » 

Elle devait ajouter : « En ce qui concerne les taxis, nous respectons scrupuleusement les directives de la Tourism Authority et tous nos hôtels ont un ‘taxi desk’ qui permet aux chauffeurs de taxi d’avoir une visibilité au sein de l’hôtel et d’offrir leurs services aux clients qui le souhaiteraient. »

Nicholas, client de Sugar Beach Hotel : «Très satisfait de mon chauffeur de taxi»

Nicholas Roubis est un habitué du Sugar Beach Hotel. Il a opté pour le taxi de l’hôtel après s’être renseigné auprès du tour-opérateur. « Je suis un touriste français. Raj, un chauffeur de taxi local, m’a fait visiter le pays. Je tiens à dire que je suis très satisfait de ses prestations. Celles du  tour- opérateur étaient trop chères. Je suis très satisfait de toutes les prestations, à l’exception du prix proposé par le tour-opérateur. »

 

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