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Trafic de drogue : Cité Rose-Belle sur le point d’être submergée

Héroïne, cannabis, drogue synthétique ont libre cours à Cité Rose-Belle, située à quelques kilomètres de l’aéroport de Plaisance. Depuis le début de l’année, la brigade anti-drogue (ADSU) a procédé à une trentaine d’arrestations.

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« Zot servi bann zenfan et incite zot kan nou fer operations. » Ce sont les propos des éléments de l’Anti Drug and Smuggling Unit (ADSU). Ils qualifient ces opérations de « dangereuses. » Ils ont ainsi recherché la collaboration du Groupement d’intervention de la police mauricienne (GIPM). De Kulpoo Lane à Résidence Bethléem en passant par Capitol Lane, les habitants ne cessent de déplorer la prolifération de la drogue depuis ces dernières années.

Comme les autres quartiers à travers le pays, les dealers de la cité ouvrière de Rose-Belle utilisent les mêmes subterfuges. Certains jeunes sont utilisés pour la vente de la drogue alors que d’autres adolescents font office de guetteurs, relate un habitant de la localité. Selon ce dernier, « les transactions se déroulent les vendredi, samedi et dimanche. Des personnes viennent d’autres régions pour se procurer de la drogue ici. Notre quartier est affecté par ces trafiquants qui utilisent les jeunes pour ce trafic », confie-t-il.

Manque de coopération

Dans ce quartier que Le Défi Quotidien a sillonné mercredi après-midi, certains jeunes s’étaient réunis dans une des ruelles malgré la pluie. « Les jeunes travaillent pour le dealer. Ils vendent de la drogue et en retour, ils reçoivent une dose ou un pouliah de gandia. Mais aujourd’hui, ce sera difficile pour vous de voir les transactions. De plus, ce temps n’est pas clément. Mais n’empêche, vous verrez ces jeunes. Bann piti trwa quar la mem ki fer travay la. Zot vande lor chemin mem. La drogue est en circulation libre ici », lâche un autre habitant.

Une habitante va même plus loin. Selon elle, la vente du gandia ne cesse d’augmenter. « Nous avons peur d’aller dans cette cité. La vente du cannabis a pris une autre dimension. De plus, la synthétique et l’héroïne ont fait leur apparition dans la localité. La police doit agir », déplore cette femme. En parcourant les ruelles, on n’a pas manqué de susciter la curiosité des badauds, visiblement intrigués. Pour les habitants de la localité, il est impératif que la brigade anti-drogue sévisse davantage dans la région.

Mais la brigade anti-drogue de la Southern Division déplore ce qu’il qualifie de « manque de coopération » des habitants de Cité Rose-Belle. Selon des sources proches de l’ADSU de cette région, il y aurait plusieurs individus qui agissent en tant que « martins » pour les trafiquants de drogue.

Ces gens sont là uniquement pour signaler l’arrivée des policiers ou d’individus non familiers dans la localité. Même après que l’ADSU ait décidé de changer de stratégie pour contrer le trafic de cannabis et la drogue synthétique, la situation demeure tout aussi difficile. « Nous avons essayé plusieurs stratégies, mais la complicité entres les habitants ne facilite pas notre tâche », affirme un des responsables de l’ADSU.

Dans cette région, les drogues qui ont davantage la cote sont l'héroïne et la drogue synthétique. Depuis le début de cette année, l’ADSU a enregistré une trentaine d’arrestations uniquement dans les environs de Cité Rose-Belle dont celle de Wendy Ambroise, alias Jafazon, surnommé « Le roi Rasta » dans la localité. Autre grosse pointure prise dans les filets de l’ADSU : un certain Sabine, 19 ans. Lors de cette opération, les habitants s’étaient montrés très hostiles envers les membres des forces de l’ordre. Un policier avait même été blessé, après avoir été atteint d’un projectile à la tête.

Les opérations filmées

L’individu ciblé est considéré comme un ‘Ring Leader’ dans la région, et avait été arrêté au mois d’avril pour trafic de cannabis. Mais depuis quelque temps, il a retrouvé la liberté conditionnelle. Pour l’ADSU, cet individu serait le responsable principal de la situation à Cité Rose-Belle. « Li même la tête la ba », disent les habitants. Ce que déplorent les travailleurs sociaux de la localité, tout comme la police, c’est que les trafiquants utilisent des enfants, ou jeunes adolescents pour opérer leur trafic.

« Zot même incite ban jeunes la pu révolter contre la police ». Lors des fouilles infructueuses, les habitants de Cite Rose-Belle n’hésitent pas à lancer : « Fer la fouille même pas gagne narien. Akoz nous rasta sa !! Bizin vine harcel nou. » Alors que les opérations se multiplient, un individu ciblé par l’ADSU a été arrêté à Port-Louis. Une fouille a eu lieu à son domicile

Par ailleurs, l’ADSU ne baisse pas les bras, forte du soutien de certains habitants de Cité Rose-Belle qui, eux, tentent le tout pour éradiquer le trafic de drogue dans leur localité. « Ils sont plusieurs à venir nous rencontrer et coopérer avec nous pour mettre la main sur les trafiquants », a souligné un responsable de l’ADSU. Désormais, les multiples opérations sont menées avec la participation des éléments du Groupement d’intervention de la police mauricienne (GIPM). Certains badauds, dans une tentative d’intimider les policiers, n'hésitent pas à filmer les opérations, pour ensuite publier les vidéos sur les réseaux sociaux. « Nous gang to fi gir la », lancent-ils.

Les habitants de Rose-Belle arrêtés pour les délits de drogue

620 graines de gandia dans ses tresses
Nicola Cathan s’était pointé au poste de police de la localité le 25 avril 2017 après une dispute familiale. Alors qu’il voulait porter plainte, le jeune homme avait oublié d’enlever les graines de cannabis qu’il avait dissimulées dans ses cheveux. Il en a retiré en tout 620 graines qu’il a remises aux policiers. La valeur marchande de ces graines est estimée à Rs 62 000.

Jahfazon arrêté dès sa descente d’avion
Le chanteur Jacques Wendy Androise, alias Jahfazon, avait été arrêté dès son retour à Maurice en janvier 2017 alors qu’il revenait d’un concert de La Réunion. La brigade anti-drogue avait découvert un plant de cannabis à son domicile, à Rose-Belle. Son arrestation avait provoqué la colère de la communauté rastafari, qui s’était massée devant le poste de police de Curepipe où Jahfazon était en détention.

Cet habitant de Rose-Belle, âgé de 35 ans, avait été poursuivi en mai 2016 avec deux autres membres de la communauté rastafari pour possession de gandia. Jahfazon avait tenu un rassemblement avec d’autres membres dans le Jardin de la Compagnie à Port-Louis avant d’obstruer la route principale devant les Casernes centrales.

Le policier Govind Basana-Reddi épinglé à l’aéroport
Moonsamy Govindasamy Govind Basana-Reddi a été interpellé par les éléments de l’ADSU le 12 juin 2017. Ce policier, affecté au Passport and Immigration Office (PIO) du Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport, avait récupéré deux sacs contenant 1,26 kilo d’héroïne dans les toilettes du hall d’arrivée de l’aéroport. La valeur marchande de cette drogue est estimée à Rs 18,9 millions. Cet habitant de la rue Madame Lolo, Rose-Belle, est toujours en détention policière.

Une dizaine de perquisitions depuis janvier
Depuis le début de l’année 2017, une quinzaine d’opérations de l’ADSU ont été fructueuses. L’ADSU a procédé à pas moins d’une vingtaine d’arrestations pour ces cas. Concernant les descentes surprises, une dizaine a eu lieu, avec pour cibles des maisons de la localité.
Toutefois, a-t-on appris auprès des enquêteurs, certains avocats considèrent ces cas de drogue comme une aubaine. « Zot prend gros casse pu assister enquête et enkor cas pu met bail motion lors bail motion ». Ce qui fait que de nombreux présumés trafiquants retrouvent rapidement la liberté.

 

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