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Traite négrière: un musée pour la réconciliation

L’ancien hôpital militaire de Port-Louis, inauguré en 1740, sera converti en un musée qui retracera l’histoire de la traite négrière. Xavier-Luc Duval, l’a annoncé, lundi, lors des célébrations marquant le 181e anniversaire de l’abolition de l’esclavage. Le  projet est estimé à un peu plus de Rs 80 millions. La Commission Justice et Vérité l’avait recommandé dans son rapport de 2011. Le gouvernement de l’Alliance Lepep n’a pas été insensible à cette requête, puisque l’«Intercontinental Slave Museum» verra le jour d’ici trois ans. Ce que salue  le Dr Jimmy Harmon, directeur du Centre Nelson Mandela.  « C’est une très bonne initiative. Nous tenons à remercier le gouvernement d’aller de l’avant avec ce projet après qu’un comité ait soumis un rapport le 16 décembre dernier », lance-t-il. Le projet qui sera d’ailleurs unique en son genre, poursuit Jimmy Harmon. « Ce musée sera le seul de tout le continent africain dédié à la traite négrière. C’est vraiment une fierté pour Maurice. D’autant plus que le bâtiment date de l’époque de Mahé de Labourdonnais. C’est en ce lieu que les esclaves et les soldats se faisaient soigner. Le  plus intéressant c’est que l’architecture est restée inchangée depuis toutes ces années. C’est très symbolique », ajoute notre interlocuteur. Loin de ressembler aux musées locaux actuels, l’Intercontinental Slave Museum sera très interactif. « C’est un fait, l’avenir des musées passe par l’interaction. C’est primordial si nous voulons attirer des visiteurs, souhaitant connaître l’histoire. Nous comptons aussi y installer une réplique du navire Saturne, bateau qui a transporté des esclaves de France à Maurice », indique le directeur du Centre Nelson Mandela. Pour le Dr  Vijaya Teelock, qui a également siégé au comité, le musée se veut, dans un premier temps, informatif. « Il faut que la population sache qu’à l’époque, Maurice était une plaque tournante de la traite négrière. Les esclaves y venaient de partout avant d’être envoyés vers d’autres destinations. Nous avons des récits qui l’attestent », fait-elle ressortir. De plus, la culture des esclaves sera aussi revalorisée. « Beaucoup de personnes croient que les esclaves ont toujours connu cette condition. C’est faux parce que ce sont des gens qui avaient une culture à laquelle ils ont malheureusement été arrachés », ajoute-t-elle. Ce musée viendra également aborder le thème de la descendance : « Je crois qu’on est le seul pays au monde qui peut parler ouvertement de l’esclavage.  L’esclavagisme a aussi riche héritage. » Cependant, un pareil projet comporte des coûts qu,e selon Jimmy Harmon, l’État ne pourra financer seul : « Il faudra trouver d’autres fonds pour pouvoir réconcilier les descendants d’esclaves avec leur douloureuse histoire. » De plus, ajoute le Dr Teelock, l’expertise internationale est aussi requise. « Madagascar et Mozambique sont prêts depuis longtemps à nous donner un coup de main. Toute aide est d’ailleurs la bienvenue », conclut-elle.
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