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Travaux du comité interministériel - Le PM : «Il y aura enquête sur tous les gens cités dans le rapport»

Pravind Jugnauth

Le comité interministériel chargé de se pencher sur le rapport Lam Shang Leen s’est réuni pour la première fois le jeudi 16 août. Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, qui préside les travaux, a annoncé face à la presse qu’une Task Force a été mise sur pied et que la Mauritius Revenue Authority enquête déjà sur des avocats, des fonctionnaires et des particuliers. 

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La MRA déjà à l’affût

Le Premier ministre a annoncé que la Mauritius Revenue Authority (MRA) a déjà commencé à enquêter sur des avocats, des fonctionnaires et des particuliers, dont les noms sont cités dans le rapport de la commission d’enquête sur la drogue. « Lorsque la Finance Act 2018 a été adoptée, il y a eu des amendements à la Prevention of Corruption Act et à l’Income Tax Act afin de permettre à l’Independent Commission against Corruption Commission (Icac) et à la MRA de partager des informations avec la Financial Intelligence Unit (FIU). Le ministère des Services financiers a déjà un plan de travail sur la Financial Intelligence and Anti-Money Laundering Act », a précisé Pravind Jugnauth. 

Plan d’action et Task Force 

« Nous avons défini un plan d’action. Nous avons demandé à tous les ministères et institutions concernées de préciser quelles sont les actions prises à leur niveau et celles qu’ils prendront à l’avenir », a indiqué Pravind Jugnauth. Il a ajouté qu’une Task Force a été mise sur pied à la lueur des recommandations faites par la commission d’enquête sur la drogue et des noms qu’elle cite dans son rapport. Le rôle de cette équipe consistera à coordonner le travail qui doit être abattu et à rendre « encore plus efficientes » les enquêtes qui seront menées.  Le Premier ministre a souligné que la Task Force sera présidée par le directeur de l’Icac. Ce dernier sera épaulé par les directeurs de la MRA et de la FIU, par le commissaire de police, le Deputy Solicitor General et le directeur de l’Integrity Reporting Services Agency.  La Task Force enquêtera sur tous ceux dont les noms ont été mentionnés dans le rapport Lam Shang Leen et les documents en annexe. Seront aussi concernés ceux dont les noms ont été évoqués mais sur lesquels la commission n’avait pas suffisamment d’informations pour poursuivre ses investigations. 

La Finance Act 

Le Premier ministre a rappelé que la Finance Act a été amendée pour donner force de loi aux dernières mesures budgétaires. Il a fait ressortir que l’Income Tax Act, par exemple, a été amendée afin que les banques et les Money Changers soient tenus de donner des informations à la MRA sur tous les dépôts de Rs 500 000 « at one go » ou ceux qui dépassent Rs 4 millions par an par individu. « Les opérateurs du secteur gambling doivent eux aussi donner un relevé (statement) de tous les gains qui dépassent Rs 100 000 », a précisé le PM. 

La FIU et le partage d’informations

Le chef du gouvernement a aussi évoqué le  projet Info Highway, qui permettra le partage d’informations entre plusieurs institutions. Il a soutenu que la FIU a déjà lancé un appel d’offres pour l’acquisition de serveurs dernier cri destinés au stockage de toutes les informations. « Vu que la Business Registration Act, la Civil Status Act et l’Immigration Act ont été amendées, la FIU peut dorénavant partager des informations avec les autorités concernées. La FIU peut désormais accéder à la base de données du Registrar of Companies. Des articles de la Financial Intelligence and Anti-Money Laundering Act stipulent désormais que des transactions qui se font en cash, notamment de Maurice vers l’étranger et vice-versa, doivent être rapportées à la FIU », a fait comprendre le Premier ministre.

Policiers transférés

Pravind Jugnauth a enfin déclaré que les policiers, les membres de l’Anti-Drug and Smuggling Unit et les officiers de prison dont les noms ont été cités dans le rapport Lam Shang Leen ont été transférés des postes stratégiques qu’ils occupaient. L’enquête portera en priorité sur ces personnes, a conclu le chef du gouvernement. 


Questions-réponses

L’opposition est très critique envers vous en raison de la position que vous avez prise envers l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu) qui a été critiquée par Paul Lam Shang Leen. 
Je sais que certains officiers ont travaillé jour et nuit. Ils ont risqué leur vie pour qu’on ait des résultats. C’est la preuve qu’il y a une volonté et une détermination politique à en finir avec la mafia de la drogue. Ceci dit, dans le passé, quelques officiers ont agi contre la loi. Évidemment des actions ont été prises et seront prises. 

N’avez-vous pas peur que Paul Lam Shang Leen, que vous avez nommé pour enquêter sur la disparition des 16 kilos d’héroïne, vienne à nouveau critiquer l’Adsu que vous défendez aujourd’hui ? 
Je ne sais pas s’il y a bel et bien eu une disparition. Je parle hypothétiquement. S’il y a un manque, il faudra bien évidemment mener une enquête pour trouver les responsables. Je suis totalement d’accord qu’il faut prendre des actions, même si c’est un élément de l’Adsu ou du Forensic. Nous prônons la politique de tolérance zéro.   

N’aurait-on pas dû mettre sur pied un « Select Committee » en incluant les membres de l’opposition vu que la question est d’ordre national ? 
Si nous voulions tout retarder alors on aurait dû faire cela. Si nous mettons sur pied un Select Committee, cela se fera définitivement après les prochaines élections. On nous accusera alors d’avoir tout retardé. 

L’(Icac) ne jouit pas de l’estime de certains Mauriciens. Est-ce que l’organisme est tout indiqué pour enquêter ? 
L’Icac ne jouit pas de l’estime de l’opposition. Je peux être d’accord avec cela. Mais pas de tous les Mauriciens. L’opposition émet des critiques et fait de la démagogie. Une partie de l’opposition ne voit jamais rien de bon dans ce que nous faisons. Nous effectuons des saisies record. Nous avons fourni des informations à d’autres pays pour qu’il y ait des arrestations. 

Qu’en est-il des avocats accusés de « devir lanket »?
L’enquête se penchera sur tous les aspects où des délits ont été commis. 

Le rapport n’a-t-il pas causé de dommages collatéraux  à votre parti ?
Évidemment, ce n’est pas agréable que le rapport ait mentionné trois membres de mon parti. Cela nous cause un certain tort.

 

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