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Tremblement de terre de mardi soir : un phénomène «rare» par sa localisation selon la météo

Mardi, à 23 h 25, la terre a tremblé à Maurice. Magnitude du phénomène : 4 sur l’échelle de Richter. S’il n’est pas particulièrement rare d’enregistrer des secousses de cette intensité dans la région, c’est son emplacement qui intrigue.

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Le séisme était localisé à environ 100 km au sud-ouest du Morne. « Son intensité était faible, mais c’est rare d’avoir un tremblement de terre à cet endroit, car il n’y a aucun point chaud dans notre région », explique Prem Goolub, directeur par intérim de la station météorologique de Vacoas.

Depuis que les services météorologiques sont équipés d’un sismomètre, c’est-à-dire une vingtaine d’années déjà, aucun phénomène sismique aussi proche de Maurice n’avait été enregistré, confirme le directeur par intérim.

Faut-il craindre des répliques ? « C’est impossible à prédire », affirme Prem Goolub. « Les tremblements de terre sont imprévisibles. Aucun système ou mécanisme ne peut nous prévenir », ajoute-t-il.

Prem Saddul, géomorphologue, se veut rassurant. « Le 18 août 2014, Rodrigues avait enregistré un séisme de 5,2 sur l’échelle de Richter. Une secousse de magnitude 4 est très faible. Puis, Maurice est à l’abri de grands tremblements de terre », affirme-t-il.

Aucun risque de tsunami

Pour faire la lumière sur la secousse ressentie mardi soir, nous avons fait appel au géomorphologue Prem Saddul. Il souligne qu’il n’y a aucun risque de tsunami à Maurice et encore moins avec une secousse de 4,0 sur l’échelle de Richter. Nous nous trouvons sur la plaque tectonique somalienne (une plaque divergente et non convergente), ce qui élimine les risques de tremblement de terre. C’est pour cette raison que les techniciens préfèrent utiliser le terme secousse au lieu de tremblement de terre. De plus, Maurice se trouve sur le Plateau des Mascareignes dont le plancher n’est qu’à 147 mètres de profondeur. Pour cette raison, les grosses vagues ne peuvent atteindre le pays car elles perdront leurs amplitudes et seront déviées en atteignant le plateau.

Plaque divergente

Maurice se situe sur la plaque somalienne et celle-ci est une plaque divergente. « Si nous étions près d’une bordure entre deux plaques tectoniques convergentes, il y aurait danger, mais nous sommes à 5 000 km d’une bordure. » Et Prem Saddul précise que la plaque somalienne bouge de 4,5 cm par an vers l’Ouest « et quand ça bouge, ça provoque des secousses. La Terre est dynamique, mais d’autres plaques bougent davantage. La plaque indo-australienne, par exemple, bouge de 7 cm par an ».

Pour Rodrigues, la situation est déjà plus délicate, car elle se situe à environ 300 km d’une triple jonction. Les plaques africaine, antarctique et indo-australienne s’y rejoignent. Mais, là aussi, ce sont des plaques tectoniques qui bougent en s’éloignant l’une de l’autre. Si c’était le contraire, le danger d’un gros tremblement de terre aurait été beaucoup plus grand.

À la météo, juste après les secousses, durant la nuit de mardi à mercredi, on ne pouvait affirmer avec certitude s’il y avait eu un tremblement de terre ou pas. Ce n’est qu’à 2 heures du matin, mercredi, que les services météorologiques de Maurice ont émis une « earthquake information » pour indiquer que l’épicentre du séisme se situait au point 20,9 degrés Sud et 56,5 degrés Est tout en ajoutant que « se basant sur des données historiques, de tels tremblements de terre ne génèrent pas de tsunamis ».

4 sur l’échelle de richter

Prem Goolub explique que « sur le sismomètre, la secousse semblait trѐs faible, mais après une analyse plus poussée des données nous avons constaté que la magnitude était de 4 sur l’échelle de Richter ». Le directeur par intérim des services météorologiques souligne que la station est suffisamment bien équipée. « Nous avons un sismomѐtre et les logiciels qui vont avec. »

Par contre, elle n’a pas de sismologue, contrairement à l’observatoire volcanique du Piton de la Fournaise, à la Réunion. « Mais à Maurice, on n’en a pas besoin car on ne court aucun danger », avance le géomorphologue Prem Saddul.

Il faut faire ressortir que ce type d’événement est ressenti plusieurs fois par an à La Réunion. Le dernier tremblement de terre a été enregistré le 8 novembre dernier. Quatre jours plus tôt, il y avait eu un autre séisme. Son épicentre était situé à 28 kilomètres au large entre Saint-Joseph et Saint-Pierre.


À La Reunion : « Ce type d’événements est enregistré plusieurs fois par an »

Dans un bulletin émis mercredi sur le séisme d’origine tectonique ressenti mardi à 23 h 25, l’Observatoire volcanologique du Piton de La Fournaise indique que « ce type d’événements, ressentis par la population, est enregistré plusieurs fois par an. » Il ajoute que « cet événement est pour l’instant isolé » et qu’à « l’heure actuelle, ce séisme n’a pas été suivi de répliques ». À l’île sœur, le séisme d’une magnitude de 4 sur l’échelle de Richter a été ressenti principalement dans les régions des Plaines et le Sud sud-ouest.

Le séisme a été enregistré par les sismomètres de l’Observatoire Volcanologique du Piton de La Fournaise avec une première arrivée des ondes sismiques sur la station située au Nord nord-est du massif du Piton de La Fournaise. Les premières analyses de ce séisme indiquent qu’il était localisé à mi-chemin entre l’île de La Réunion et l’île Maurice.

Outre des Mauriciens qui ont envoyé des messages à l’USGS, des Réunionnais, domiciliés au Tampon, à L’Étang-Salé et à Saint-Leu, se sont aussi manifestés. Ce type de séisme est courant dans la région. Un séisme de 6 sur l’échelle de Richter a été enregistré en juillet 2017.


 

Témoignages

Vyas, qui habite les basses Plaines-Wilhems, indique que, vers 23 h 30, mardi des meubles et autres objets ont été légèrement déplacés chez lui et chez d’autres personnes. Par la suite, les gens ont entendu des sons étranges et également ressenti des vibrations. De son côté, un habitant de Deux-Frères, à Grande-Rivière-Sud-Est, indique qu’il regardait la télévision lorsqu’il a vu ses meubles bouger. Par la suite, Bahim Mumtaz Fokeermamode est monté sur le toit de sa maison, mais n’a rien vu d’anormal. Ce n’est que mercredi qu’il a appris qu’il s’agissait d’un tremblement de terre. Il a constaté des fissures sur les murs de sa maison.

Farzanah, qui habite Beau-Bassin, souligne que son mari et elle regardaient la télévision. Vers 23 h 30, les deux ont entendu leur porte coulissante vibrer. Ils ont d’abord pensé qu’un voleur était entré chez eux. Par la suite, ils ont appris, via Facebook, qu’il s’agissait d’un tremblement de terre. « On n’a pas fermé l’œil jusqu’à 1 h 30. On avait très peur. C’est la première fois qu’on vit une telle chose », souligne Farzanah.


Magmatique ou tectonique

L’épicentre de la secousse qui a frappé l’île, mardi, se situe à 113 km entre le sud-ouest de Maurice et La Réunion, soit à mi-chemin entre les deux îles. L’épicentre est estimé à 10 000 mètres dans la croûte terrestre. Elle peut avoir pour origine, deux causes. Il pourrait s’agir d’une activité magmatique ou tectonique.

4,0 sur l’échelle de Richter n’est pas un danger

4,0 c’est léger, selon Prem Saddul. « Ce type de secousses ne fait que bouger les meubles et les lampes suspendues », fait ressortir le scientifique. Toutefois, on peut commencer à s’inquiéter à partir d’une magnitude de 6. Or, c’est quasi-impossible pour Maurice d’être atteint par un séisme d’une magnitude de six sur l’échelle de Richter. Rodrigues, qui est le plus souvent touché par les séismes, n’a jamais connu de secousses au-delà d’une magnitude de six. La plus forte secousse ressentie était de 5,2 sur l’échelle de Richter, c’est arrivé le 18 août 2014 à 300 kilomètres de l’île.

Nos bâtiments pourront résister aux secousses

Un ingénieur opérant dans la Fonction publique explique que les bâtiments du pays possèdent une « beam structure » et non pas une « wall structure ». Nos édifices (maisons et gratte-ciel) reposent sur une armature en colonnes et en poutres (horizontaux). Les murs ne servent qu’à les compartimenter et soutenir cette armature armée d’un squelette en fers blindés. Avec une secousse de magnitude six, les murs et les vitres peuvent se fissurer, mais les bâtiments tiendront, explique l’ingénieur. Les bâtiments avec une « wall structure » comme ceux des pays du sud-est de l’Asie croulent facilement, fait ressortir notre spécialiste. Car il n’y a pas d’armature en béton armé.

L’échelle de Richter

Il s’agit de l’unité de mesure de l’énergie libérée par un séisme. Établie par le scientifique Charles Francis Richter en 1935, l’échelle classe les sismogrammes enregistrés par un sismographe (appareil enregistrant l’énergie libérée par un séisme). L’échelle va de 1 à 9. La magnitude 1 classe un séisme imperceptible, alors que la magnitude 9 classe un séisme dévastateur près de l’épicentre et à des milliers de kilomètres autour. Une secousse de magnitude 4 est classée comme un accident sensible sans dégât.

 

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